Vaccination à la traîne, la faute au gouvernement bruxellois?
Les assouplissements sur pause, les critiques sur play. L'annonce de Rudi Vervoort de postposer les allègements sanitaires en raison d’un taux de vaccination trop peu élevé a renforcé les reproches et griefs envers le gouvernement bruxellois, pointé comme le mauvais élève au niveau national. À juste titre? Quelle est sa réelle part de responsabilité? La majorité régionale est-elle fragilisée et peut-elle être menacée à terme si le processus vaccinal ne montre pas de signes encourageants dans les prochaines semaines? Pascal Delwit, politologue à l’ULB considère les “critiques légitimes”, mais juge peu probable une chute du gouvernement. Entretien.
Depuis plusieurs semaines, les regards, parfois accusateurs, sont braqués vers la capitale en raison de son taux de vaccination moins élevé. Une tendance qui s’intensifie depuis quelques jours et la mise au frigo des assouplissements sanitaires. Les critiques sont-elles justifiées et proportionnées?
Pascal Delwit: En regard des chiffres de vaccination, l'attention se tourne fatalement vers le gouvernement bruxellois, c’est inévitable. À partir du moment où cette focale apparaît, cela crée une tension logique autour de la majorité. On ne peut que constater que les chiffres sont inférieurs à ceux de la Flandre et même de la Wallonie, mais ils ne sont pas faibles dans l’absolu. Le niveau à Bruxelles est équivalent à la moyenne européenne, même légèrement supérieur. Mais il y a des difficultés territoriales qui freinent l’avancée du processus dans la capitale.
Lesquelles?
Tous les espaces urbains dévoilent des taux de vaccination plus faibles que les espaces périurbains et ruraux. En Flandre, Gand et Anvers présentent des chiffres moins importants que la moyenne flamande. Constat identique en Wallonie avec Liège et Charleroi. C’est plus compliqué d'y atteindre le public, notamment en raison de la précarité. Il y a un rapport différent à la langue, à l'informatique, etc. Les publics précarisés bougent moins, au sens littéral du terme. Il faut aller à leur rencontre, mener des opérations de communication plus ciblées. Il me semble que la campagne bruxelloise n’a pas pris suffisamment tôt en considération la situation spécifique de la Région. Peut-être qu’on s’y est pris un peu trop tard sur la vaccination de proximité et qu’on est resté trop longtemps sur des standards classiques.
Le gouvernement bruxellois est-il fragilisé par la situation et peut-il être appelé à tomber à terme si les chiffres ne s’améliorent pas dans les semaines à venir?
Je ne crois pas. Il n’y a pas de dissension en interne sur le dossier de la vaccination. Ce n’est pas un problème de conflits d’acteurs au sein de la majorité. Je ne dis pas qu’ils s’aiment tous, mais la critique provient principalement du MR qui joue son rôle d'opposition. D'autre part, c’est très difficile de changer le gouvernement d’une entité fédérée. Il faut une majorité alternative. Le seul grand acteur qui pourrait entrer, c’est justement le MR, mais cela génère plutôt une certaine hostilité.
Pas épargné par les critiques, le ministre de la Santé Alain Maron se montre plutôt discret et semble vouloir éviter la riposte médiatique.
C’est juste. Mais ce n’est pas spécifique aux événements du week-end dernier. On observe une communication plutôt plate depuis plusieurs semaines. “Vous pouvez vous faire vacciner ici et là…” Alain Maron n’est pas dans une posture de réponse aux critiques. Il peut considérer qu’elles ne sont pas pertinentes, pas justes, mais dans la logique, il faudrait tout de même avoir une réponse politique. Cela tient aussi pour Rudi Vervoort. Après l’annonce du gel des assouplissements, il a surtout opté pour une communication de justification, “pourquoi il n’y a pas d'allègement”. Pas d’explication ou d’encouragement à la vaccination. Tous les deux, ils ont été en deçà en termes de réponses politiques aux critiques.
Donner la main aux communes pour les règles sanitaires? Cela n’aurait pas beaucoup de sens”
Une volonté de ne pas alimenter la polémique?
Oui. C’est une stratégie de communication de se dire “Je fais le gros dos, je ne réponds pas à la polémique en espérant qu’elle ne se développe pas davantage.” Je ne suis pas d’avis que les responsables doivent toujours répondre à l’agitation permanente. Mais la stratégie du ‘gros dos’ est un peu perturbante dans ce cas précis. Si les ministres de compétences sont en première ligne sur le plan médiatique, le Ministre-Président peut se contenter de coordonner les actions et ne pas aller lui-même au front pour la communication. Mais si les ministres n’y vont pas, c’est lui qui doit endosser ce rôle. C’est l’absence des deux qui est problématique en ce moment.
La sortie de Boris Dilliès, elle, n’est pas passée inaperçue. Le bourgmestre d’Uccle souhaite notamment que les autorités locales puissent jouir d’une certaine autonomie pour l'établissement des règles sanitaires. Une proposition opportune à ce stade de l’épidémie et en regard des disparités entre les communes?
Certainement depuis le mois octobre, il y a une forme de centralisation dans la prise de décision, et la concertation avec les communes et les provinces est relativement faible. Mais donner la main aux communes n’aurait pas beaucoup de sens, selon moi. Beaucoup d’Ucclois sortent de la commune pour leur travail, la famille, les loisirs, l’horeca... Et beaucoup de non-Ucclois empruntent le chemin inverse pour les mêmes raisons. La première ambition à Bruxelles, c’est vraiment d’aller à la rencontre des gens qui ne sont pas encore vaccinés.
Avec cette proposition, Boris Dilliès s'inscrit d’une part comme membre de l’opposition libérale à Bruxelles et il répond, en tant que bourgmestre, à la possible pression de ses administrés qui ne comprennent pas pourquoi ils sont toujours soumis à un lot de mesures supérieur à celui en vigueur en Flandre et en Wallonie.
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