Valérie a “servi les terroristes juste avant les explosions” à l’aéroport de Zaventem

Serveuse au Délifrance, Valérie travaillait en salle le matin du 22 mars. "J'avais pris mon service très tôt, il y avait du monde, la salle était bondée et je suis allée aider mon collègue à la caisse parce qu'il était un peu débordé", explique-t-elle. Dans la file, trois messieurs attendaient leur tour. L'un d'eux se tenait un peu en retrait, l'homme au chapeau, "le beau gosse, le beau-fils idéal", ironise la serveuse. "Je lui ai demandé s'il était avec les deux autres; il était au téléphone. Ensuite, j'ai servi ses compères. Ils ont payé et sont allés s'asseoir. C'étaient trois touristes parmi les touristes. Quand ils en ont eu fini, je suis allée débarrasser leur table."

Quelques instants plus tard, l'horreur frappait l'aéroport. "Une explosion, de la poussière, des débris. Puis rapidement, une 2e déflagration.” Le premier réflexe de Valérie a été de s'accroupir puis de se diriger vers la sandwicherie. "Je pensais que tous mes collègues étaient morts. J'étais au milieu d'une scène de guerre avec des gens qui criaient, des morts et des blessés.” Après avoir repris ses esprits, la serveuse décide de rester sur les lieux au lieu de fuir pour aider les autres. "J'ai couru à gauche et à droite. Une personne avait la jambe déchirée, je suis restée à ses côtés jusqu'à l'arrivée des secours."

Sept ans après le drame, Valérie a encore du mal à cicatriser de ses blessures psychologiques. "Je n'ai pas été touchée physiquement mais j'ai échappé à la mort et cela laisse des traces.” L'un de ses fils a lui aussi été victime de ces attentats par ricochet. 'Il avait 17 ans à l'époque et je ne l'ai plus lâché. Pour lui, je suis une mauvaise mère, je l'ai empêché de vivre, je l'ai enfermé quand il avait l'âge de s'envoler", déplore-t-elle. Mais une lueur d'espoir pointe au bout du tunnel. "On s'est réconciliés il y a deux semaines. Il a 23 ans et je voudrais qu'on aille de l'avant. Je suis toujours sous antidépresseurs depuis ces évènements mais j'ai décidé de quitter mon pyjama et d'aller aider ceux qui en ont véritablement besoin."