Van Gucht met en garde: “Si on assouplit maintenant, on se tire une balle dans le pied”

Steven Van Gucht a expliqué comprendre pourquoi de nombreux politiciens forcent pour un assouplissement des mesures. “Lorsque vous ouvrez une porte ou une fenêtre, vous obtenez toujours le même effet et cela est compréhensible car chacun regarde les choses de son point de vue et trouve toujours des arguments. Mais je maintiens toujours: faites très attention à cela. Vous ne pouvez introduire des assouplissements que lorsque le contexte le permet. Les experts s’accordent à dire que nous ne sommes pas encore dans une situation suffisamment sûre”.

Les chiffres ont bien diminué ces derniers jours, mais M. Van Gucht met en garde contre une euphorie prématurée. “En ce moment, les chiffres sont en baisse et nous ne pouvons qu’en être heureux. Mais si vous regardez de plus près les semaines passées, vous voyez une sorte de courbe en dents de scie où une semaine, elle diminue un peu et l’autre semaine, elle augmente. Je ne serais pas surpris que les chiffres remontent légèrement la semaine prochaine.”

“Pour l’instant, nous avons le contrôle de la situation, mais il s’agit d’un équilibre fragile entre la pression du virus et les barrières que nous lui imposons. Si nous supprimons trop d’obstacles, cet équilibre pourrait changer. Nous pourrons nous relâcher en toute sécurité que lorsque les chiffres commenceront à baisser encore plus. Il faut ensuite revenir à ce seuil de 75 hospitalisations”, a-t-il ajouté.

Selon les derniers chiffres, entre le 11 et le 17 février, en moyenne 119 personnes contaminées par le Sars-Cov-2 ont été admises chaque jour à l’hôpital en Belgique.

“Les admissions à l’hôpital sont en baisse depuis un certain temps, mais nous devons cette baisse aux centres de soins résidentiels”, déclare M. Van Gucht. “En décembre, les résidents des centres de soins résidentiels représentaient 18 % des admissions à l’hôpital, alors que ce chiffre n’est actuellement que de 8,5 %. Cette tendance à la baisse se poursuit depuis un certain temps; même si je pense que le vaccin fait également son travail, mais nous ne pouvons pas le prouver, ce n’est qu’une observation. Le nombre d’admissions à l’hôpital dans la population générale est plutôt stable. Cela signifie que le virus n’a pas disparu et continue de circuler”, a-t-il indiqué.

“Pour l’instant, l’incertitude règne quant à la variante britannique, qui a représenté 39% des infections au cours des deux dernières semaines. Cette variante apparaîtra dans une infection sur deux au début du mois de mars. Nous aurons alors une meilleure idée de ce que cela signifie réellement: pouvons-nous y faire face avec les mesures existantes? Peut-on garder le contrôle dans les écoles? J’ai le sentiment que nous pouvons le faire, mais ce n’est pas certain. C’est pourquoi nous devons être très prudents avec la politique d’assouplissement dans les prochaines semaines”.

Le week-end prochain, le thermomètre affichera 17 degrés: si les cafés étaient autorisés à aménager leurs terrasses, ils n’hésiteraient pas. “Attendons le vrai printemps, la semaine prochaine, le beau temps sera peut-être déjà passé, il pleuvra et tout le monde sera à nouveau enfermé chez lui. La vie à l’intérieur est particulièrement pernicieuse; quand on peut sortir un peu plus, c’est toujours un peu plus sûr. En tant qu’experts, nous ne cessons de le répéter: si nous nous relâchons, faisons-le de manière durable, afin que tout ce que nous autorisons puisse rester ainsi. Le timing est essentiel, tout en dépend. Quand on ne fait pas la bonne chose au bon moment, on se tire une balle dans le pied. Aller trop vite n’est pas une option”.

Pour les activités extérieures à plus de quatre, quelle est la différence virologique? “Quand c’est présenté ainsi, cela n’a que peu d’impact, c’est vrai. À condition que les gens gardent leurs distances, portent des masques avant et après le jogging, ne se serrent pas la main et ne restent pas après la performance sportive pour discuter autour d’un verre”, explique M. Van Gucht.

“Chaque fois que vous laissez quelque chose se produire, il se passe toujours des choses en marge que vous préféreriez ne pas voir. C’est là le problème. C’est la même chose pour les voyages. Lorsque les gens voyagent, vous pouvez aussi dire: quel est le risque si vous respectez les règles? Mais nous constatons sans cesse que lorsque les gens voyagent, le virus voyage avec eux. Ce n’est jamais parfait à 100 %. Même si vous prenez vos précautions, il y a toujours un risque.”

“Environ 90 % du temps, les règles sont suivies méticuleusement, mais les 10 % restants ne le sont pas. Cela peut suffire pour être infecté. C’est la nature humaine : chaque fois que les gens se réunissent, vous allez avoir ça. Bien sûr, ce n’est pas facile. Je le remarque aussi pour moi-même. Lorsque je rencontre des collègues ou des journalistes, j’oublie parfois de garder mes distances. Nous sommes tous des êtres humains”.

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