Voici ce que va devenir l’ex-maison de Marc Dutroux à Charleroi: “Entre ciel et terre”

Un parc mémoriel va remplacer la maison de Marc Dutroux. C’est ce qui a été convenu entre les parents de Julie et Mélissa, la Ville de Charleroi et le Bouwmeester de Charleroi, Georgios Maillis.

Ce parc sera surélevé de deux mètres par rapport au sol. C’était d’ailleurs un des souhaits des parents qui ont été consultés. “Nous l’avons demandé, car nous voulions éloigner ce lieu de recueillement des sous-sols où les petites ont été séquestrées. Cela complique la tâche sur le terrain, mais nous avons été écoutés par la Ville de Charleroi” commente Gino Russo.

Le parc sera construit en briques blanches émaillées. Le trottoir, lui, sera réalisé en briques foncées anthracite. Un arbre et une assise y seront placés. Le lampadaire déjà présent sur place sera tourné à 180 degrés pour faire front au jardin.

Dans celui-ci, une large palette de végétaux y figureront. “Ce seront des végétaux qui fleuriront tout au long de l’année de telle sorte que l’endroit soit toujours vivant” explique le Bouwmeester de Charleroi.

Une alcôve sera incrustée dans le mur d’enceinte dans laquelle des fleurs, des messages ou encore des pensées pourront être déposées. La fresque de l’enfant avec le cerf-volant sera conservée, mais un arrière-plan de couleur bleue qui fait référence au ciel viendra s’intégrer dans les briques blanches.

Pour parvenir à ce résultat, il a fallu racheter des maisons avoisinantes. “L’ancienne maison de Marc Dutroux est une maison de rangée. L’endroit était trop exigu pour y consacrer un lieu mémoriel. Malheureusement, les négociations avec les propriétaires ont été compliquées et nous avons dû passer par des expropriations. De la sorte, l’espace est plus grand et ouvert. Ce lieu de mémoire sera à la hauteur de la tragédie. L’idée est que ce jardin s’inscrive dans l’espace urbain et qu’il soit en même temps un symbole de vie et un monument.” raconte le bourgmestre carolo, Paul Magnette (PS).

“L’acquisition des maisons voisines permettra l’ouverture de l’espace vers la rue des Damzelles, l’avenue de Philippeville et surtout vers le viaduc et les chemins de fer” enchérit Georgios Maillis.

Pour autant, la décision de tourner la page n’a pas été facile à prendre pour les parents. “Ce n’était pas évident pour nous de donner le feu vert à la destruction du logement. Celui-ci a une charge historique importante. Nous en avons discuté entre nous et nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il était préférable de le raser et de le remplacer par un mémorial. Je tiens à souligner que nous avons eu la liberté de choix. Une fois que nous avons accepté psychologiquement d’abattre la maison, le projet a avancé rapidement” témoigne Gino Russo.

“L’élément essentiel dans cette réaffectation des lieux, c’est que l’histoire n’est pas mise aux oubliettes. Il y a au moins quelqu’un dans ce pays qui se bat pour que de tels faits ne se reproduisent plus même si ça existera toujours. Le mémorial est un projet tout en douceur. Nous l’avons fait évoluer ensemble. C’est une bonne chose, car il contient un sentiment de positivité.” estime Jean-Denis Lejeune.

“Ce projet laisse libre cours à nos demandes” ajoute la maman de Julie, Louisa Albert. “La pureté y est présente. Quelque part, c’est un lieu qui se situe entre ciel et terre. C’est très beau. Personnellement, ça me parle. C’est un lien entre nous et les petites qui restera.”

Pourtant, le concept de base était tout autre dans l’esprit des parents. “Nous avions pensé à faire de l’endroit une maison comme celle d’Anne Frank (NDLR. qui est devenu un musée à Amsterdam). Mais finalement, nous ne voulions pas punir tout le quartier ou la ville qui ne sont en rien responsables de ce qui s’est passé.”

Si les plans sont désormais clairs pour tout le monde, des retouches pourront y être apportés. “Toute cette histoire comporte encore pas mal de zones d’ombre et il faudra peut-être qu’une partie de cette ombre soit rajoutée au projet. Mais quoi qu’il en soit, nous devrons vivre avec” déclare Gino Russo.

La demande du permis d’urbanisme sera déposée la semaine prochaine auprès de la Région Wallonne (RW). “C’est un dossier complexe, car il implique une modification des voiries. Mais au maximum, il faudra 200 jours pour que le permis soit délivré. Néanmoins, nous n’attendrons pas pour commencer. Le dossier technique va être ficelé et nous serons très attentifs aux délais” affirme Georgios Maillis.

Une fois que le permis d’urbanisme sera accordé, la Ville de Charleroi considère que la concrétisation de ce parc mémoriel pourra se faire dans les 200 jours suivants.

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