Voici les victimes des inondations: Clary, 72 ans, est morte avec un crucifix dans les mains

Les voisins de Clary ont tout tenté pour la faire changer d’avis jeudi matin. “Allez Clary, viens avec nous! Allez, monte!” Mais Clary Fabry n’avait aucune intention de quitter sa maison située au bord de l’Ourthe. Et ce même si le niveau de l’eau atteignait pratiquement 2 mètres.

Alors que ses voisins ont été évacués un par un avec un bateau des pompiers, la cuisinière retraitée du collège Saint-Roch a refusé de suivre le mouvement. Le bateau est donc parti sans elle et Clary a fui l’eau qui montait rapidement jusqu’au premier étage. Pendant que ses voisins étaient évacués, la septuagénaire les regardait depuis la fenêtre de sa chambre. “D’une main elle nous faisait signe, de l’autre elle tenait son chat serré contre elle”, ont raconté des voisins aux journaux du groupe Sudpresse. “C’est la dernière fois qu’on l’a vue.”

Samedi, les secouristes sont retournés au chalet de Comblain-la-Tour, un arrondissement de Hamoir, en province de Liège, à la recherche de Clary. Ils l’ont effectivement retrouvée. Pas au premier étage, mais bien au rez-de-chaussée. Clary gisait sur le sol de son salon, à côté du fauteuil où elle s’asseyait tous les jours. Les secouristes l’ont trouvée avec un crucifix dans les mains.

Les sauveteurs ont retrouvé d'autres corps en fouillant les maisons sinistrées au cours du week-end. Alors que l’eau s’est lentement mais sûrement retirée des villages wallons inondés, la misère est visible partout. Les rues sont pleines de ferraille, les maisons sont couvertes de boue ou ont tout simplement disparu - effondrées et avalées par l’eau. Il ne reste que des décombres. Et on craint que sous ces décombres, il y ait aussi de nombreux corps. Ce week-end, cinq personnes ont été retrouvées mortes à Pepinster, et des corps ont été découverts à Angleur, Esneux et Chaudfontaine.

Un agriculteur de Hotton a également retrouvé samedi soir la jeune fille de 15 ans qui est tombée dans l’Ourthe mercredi. Elle a été traînée sur environ trois kilomètres avant d’être stoppée par la clôture d’un champ. Son corps n’a pas encore été formellement identifié, mais selon le bourgmestre Jacques Chaplier, il est presque certain qu’il s’agit de la fille qui est tombée dans l’eau lors d’un camp d’été de United World Colleges. 

André Burton, lui, est mort ce week-end à Mettet. L’homme d’une soixantaine d’années, gérant des étangs piscicoles du Moulin Botte, est tombé dans la Biesme jeudi. Il a pu être repêché par les pompiers, mais a succombé à ses blessures samedi.

Le bilan des inondations s’élève désormais à 31 morts, mais il pourrait encore s’alourdir dans les prochains jours, car 163 Belges sont toujours portés disparus. Les secouristes continuent leurs recherches, dans l’espoir de retrouver d’éventuels survivants. Mais l'espoir s’amenuise.

De l'espoir, il y en a eu samedi soir à Pepinster. Peu avant 19 heures, des cris ont été entendus sous les décombres. Une opération de sauvetage a été immédiatement lancée. Tout le village a retenu son souffle lorsqu’un chien de recherche a commencé à aboyer devant l’une des maisons effondrées. Mais la mauvaise nouvelle est tombée peu de temps après: une personne a bien été retrouvée, mais elle était morte. Il s’agissait très certainement de l’occupante de la maison effondrée, Paulette Kerf, 84 ans. Elle avait appelé ses petits-enfants jeudi pour leur dire qu’elle se trouvait en haut des escaliers, fuyant l’eau qui montait. Le bâtiment s'est effondré et ses proches étaient depuis sans nouvelles de l’octogénaire. 

Selon le bourgmestre de Pepinster, la femme a dû mourir presque immédiatement après l’effondrement, et les prétendus appels à l’aide n'étaient probablement pas les siens. “Nous doutons d’ailleurs qu’il s’agisse réellement d’appels à l’aide”, a ajouté Philippe Godin. “Les cris provenaient probablement d’enfants du quartier.”