Alexandra Lamy: "Le bonheur à tout prix, c'est stressant"

Julie a une grosse tendance à choisir les hommes qui n'ont pas envie de s'engager, les beaux mecs infidèles plutôt que les gentils intéressants. Elle se tourne vers les livres de psychologie à deux sous, persuadées qu'ils vont l'aider à trouver le bonheur. "Dans tous les bouquins aux titres 'Comment se marier', 'Comment être heureuse?', 'Comment garder son mari?', la première phrase qui sort c'est 'Jamais le premier soir'", rigole Alexandra Lamy, une lueur d'amusement dans les yeux. "C'est un grand cliché. Parce que franchement, ça veut dire quoi? Que le deuxième soir, on peut y aller à fond?"

"On nous demande absolument d'être heureux, c'est angoissant"
Dans un grand sourire, elle analyse: "Il y a des choses intéressantes dans certaines philosophies de vie orientales, dans feng-shui et ce genre de choses. Le problème c'est qu'il y a plein de personnes qui ont profité de cet engouement et qui écrivent tout et n'importe quoi dans le but de gagner de l'argent. Aujourd'hui, on vous demande absolument d'être heureux. Je trouve ça très angoissant. On ne peut plus être soi-même parce qu'on nous demande, quand on est une femme, de trouver un mari, de faire des enfants avant tel âge, de faire attention à ce qu'on mange, de faire du sport, etc. Ca devient stressant ce bonheur à tout prix. Ca ne laisse plus beaucoup de moments pour être soi-même. On est toujours observé, toujours dans l'oeil de quelqu'un, par rapport à une vision de quelqu'un."

Dans le film, la jeune femme interprétée par Alexandra Lamy a un comportement extrême: elle dévalise le rayon "épanouissement personnel" de la librairie de son quartier et redécore son appartement sur les conseils reçus sur papier. "Elle lit les livres d'une espèce de gourou qui a rassemblé plein de phrases clichés pour en faire un bouquin et faire du fric. Elle pense qu'elle achète du bonheur mais en fait, elle achète des bouquins et elle y met la moitié de son salaire."

"Il n'y a jamais de bonne manière de quitter quelqu'un
Mais comment réagir autrement quand on vient de se faire larguer par courrier? Sous le choc, elle fait simplement ce qu'elle peut pour s'en sortir. On a l'impression quand même qu'une telle rupture n'arrive vraiment qu'au cinéma. La jolie blonde admet: "Parfois, il y a des choses qui se passent dans la vie et on se dit: 'On le mettrait dans un film, ça serait trop'. Mais j'ai une amie à qui c'est vraiment arrivé. Il lui a envoyé un mail pour lui dire que c'était fini puis il a changé de boîte mail et elle n'a plus jamais eu de nouvelles. C'est une forme de lâcheté terrible. Mais ça arrive. Quitter quelqu'un c'est toujours compliqué, il n'y a jamais de bonne manière. Mais il y a des manières extrêmement mufles. Parfois les hommes ont une forme lâcheté pour ça. Peut-être parce qu'on est des femmes et qu'ils n'ont pas envie de nous voir pleurer, de se sentir responsables de ça. Ca existe en tout cas. Il y a des choses dans la vie qui sont même plus violentes que ça."

Pour les gérer, Julie peut compter sur ses amies. Alexandra aussi. Elle ne cache pas son amitié sincère avec Mélanie Doutey, présente aussi à Bruxelles ce jour-là pour défendre le film. "Après, les amis, ça aide mais après une rupture, on s'en sort seule, c'est le temps qui permet d'aller de l'avant."

Sur le tournage en tout cas, cette amitié fut un vrai gain de temps. "Parce qu'on s'aime déjà. A un moment, elles arrivent chez moi pour me consoler. Quand j'ouvre la porte, on sait déjà comment prendre l'autre dans ses bras. On le fait déjà tous les jours."