Attention, chien méchant et l'animal enragé n'est pas celui qu'on croit

Marcello ne ferait pas de mal à mouche. Ni à un chien. Toiletteur, il arrive à calmer à force de caresses et de mots doux le plus gros et le plus agressif des molosses. Mais l'homme est un loup pour l'homme et Marcello n'arrive pas à calmer les humeurs de Simoncino, la brute qui terrorise tout le
quartier.

Simoncino est aussi bête que violent. Les épaules et la mâchoire carrées, il profite de son ascendant physique sur Marcello pour lui faire exécuter quelques sales boulots sans jamais lui donner la part du gâteau qu'il mérite et se permet en prime de lui distribuer des claques humiliantes à tout va. Marcello encaisse. Jusqu'au jour où Simoncino s'attaque à l'un de ses amis...

Matteo Garrone plante son décor dans une Italie grise et pluvieuse où le fer des balançoires destinées aux enfants grince dramatiquement sous la force du vent. Marcello est un homme doux, apprécié de ses voisins, de ses clients, de ses chiens, adoré de sa petite fille. C'est un gentil dont on abuse, qui solutionne son problème dans le sang sans forcément avoir voulu en arriver là. "Mon personnage ne devient pas violent, il est comme une fleur qui pousse dans la boue mais qui reste blanche, ou disons grise, sans se salir totalement", explique joliment Marcello Fonte, qui prête son prénom au personnage qu'il interprète.

Marcello veut surtout que son bourreau s'excuse, lui témoigne le respect auquel il a droit. On a de la compassion et de la pitié pour ce personnage fragile qui ne dit pas non quand il faut, qui n'arrive pas à s'imposer et qui se retrouve à vivre une vie de criminel sans l'avoir choisie.

Librement adapté d'un fait divers sordide à Rome à la fin des années 80, où un toiletteur pour chiens avait torturé et tué un criminel qui terrorisait le quartier, ce film veut montrer à quel point la violence est contagieuse. Matteo Garonne rend les chiens plus aimants et compréhensifs que les humains. Les animaux ne sont pas ceux qu'on croit. Ce sont eux qui assistent, choqués et terrifiés, à la brutalité de l'espèce humaine. Les scènes de toilettage en disent long sur la personnalité de Marcello et provoque immédiatement une empathie du spectateur. "Dogman" est une histoire de mauvais choix, de harcèlement, de trahison. C'est terriblement bien foutu.