Avec “L’Ennemi”, Stephan Streker s’inspire d’un célèbre drame belge: “Personne ne sait ce qui s’est réellement passé”
InterviewAprès avoir rencontré un véritable succès à l’international avec son film “Noces”, sorti en 2016, le réalisateur belge Stephan Streker revient avec “L’Ennemi”, un long-métrage librement inspiré de l’affaire Bernard Wesphael. À travers ce film, il pose un certain regard sur la vérité, mais laisse la notion de jugement moral aux spectateurs. Les questions sans réponses sont nombreuses dans son œuvre. “Le doute est plus intéressant que la certitude”, confie le cinéaste belge dans les colonnes de 7sur7.
“Un célèbre homme politique (Jérémie Renier) est accusé du meurtre de son épouse (Alma Jodorowsky), retrouvée morte, une nuit, dans leur chambre d’hôtel à la Mer du Nord. Est-il coupable ou innocent? Personne ne le sait. Et peut-être lui non plus”, détaille le synopsis du film, qui sort dans les salles ce mercredi 26 janvier. Un contexte qui nous rappelle immédiatement l’affaire Bernard Wesphael, dont le film s'inspire très librement. Pour rappel, l’homme politique belge a été soupçonné de l’assassinat de son épouse Véronique Pirotton, avant d’être acquitté en 2016 au bénéfice du doute.
Des questions sans réponses
Avec “L’ennemi”, Stephan Streker part une nouvelle fois d’une histoire réelle pour la réinventer totalement selon son propre regard. Le réalisateur met à l’épreuve notre conception de la vérité, de la culpabilité et de l’intime conviction. “Ce qui m’intéressait dans cette histoire, c’est le fait que, même si personne ne sait ce qui s’est réellement passé, tout le monde a des certitudes. Je me suis finalement rendu compte que cette certitude en disait plus sur les gens eux-mêmes que sur l’affaire. Je voulais être au plus près d'un personnage, alors que les certitudes qui pèsent sur lui viennent d’ailleurs.” Le réalisateur rappelle que s’il part d’un fait divers bien réel, il réinvente ensuite toute l’histoire. “Le cinéma, c’est l’art du mensonge. Tout est inventé.”
Le réalisateur belge ajoute: “Je pense que les questions sont plus intéressantes que les réponses. Elles ouvrent là où les réponses ferment. Et je trouve aussi que le doute est plus intéressant que la certitude. Déjà pour ‘Noces’, une histoire pour laquelle les avis étaient davantage évidents, certaines personnes m’ont dit qu’elles avaient eu plus de doutes après avoir vu le film qu’avant. Et c’était un grand compliment pour moi. Aujourd’hui, dans l’ère des réseaux sociaux, tout est toujours binaire: oui, non, coupable, innocent. Et c’est la responsabilité du cinéma que de proposer quelque chose de plus profond que cela, qui respecte plus la complexité des choses.”
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Des scènes très crues “qui servent l’histoire”
Stephan Streker a fait le choix délibéré de montrer des images très crues à l’écran, notamment des scènes de sexe particulièrement sauvages, mais aussi le corps de la victime sans vie allongé sur le sol de la salle de bain. “Je pense que c’était nécessaire. J’estime que ce sont des scènes qui servent le film dans ces circonstances-là. Lui (le personnage joué par Jérémie Renier, n.d.l.r.) est dépossédé de tout. On en arrive même à le fouiller de manière très intime au commissariat, et je voulais montrer ça.”
Alma Jodorowsky nous explique également comment elle a vécu ces scènes particulièrement intimes. “On s’est tous les deux fait confiance tout de suite. On a eu envie de travailler ensemble sur tout ce qui était physique, car en tant qu’acteurs, on aime quand ça passe par le corps. Ces scènes, elles étaient très importantes pour nous, car elles permettaient de comprendre la relation au-delà des mots. La scène de sexe, c’était un vrai parti pris qu’elle soit aussi agressive, ça racontait vraiment quelque chose de leur couple. Même si ce ne sont jamais des scènes qui sont chouettes à tourner, parce qu’elles demandent une certaine force, quand elles sont justifiées, il n’y a pas d'inquiétudes. On sait pourquoi on les fait."
Un film sur la Belgique?
Lorsqu’on visionne “L’ennemi”, on remarque les nombreuses références à l’unicité de la Belgique. Dans le film, le personnage principal est quasiment Premier ministre, mais ne parle pas la première langue du pays, le flamand. D’ailleurs, il est une vraie célébrité en Wallonie, mais presque un inconnu en Flandre. Et d’autres paradoxes bien de chez nous sont mis en avant. “Toutes ces situations n’existent pas dans d’autres pays. Il n’y a que chez nous qu’on peut voir un Premier ministre qui ne parle pas flamand.” Dans le film, le réalisateur met aussi en évidence les conséquences de la barrière de la langue. “Dans la vraie histoire, il y a eu des erreurs de traduction, ce que je trouvais vraiment intéressant. Une fois de plus, j’ai gardé de l’histoire originale que ce qui m’intéressait." Le réalisateur raconte qu’en France, son œuvre est vraiment perçue comme “un film sur la Belgique”.
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Un duo magistral
Le couple formé à l’écran par les deux acteurs principaux est sans conteste l’une des plus grandes forces du film. L’amour passionnel, destructeur et toxique est parfaitement restitué par Jérémie Renier et Alma Jodorowsky. Très justes dans leur rôle, ils nous bousculent régulièrement grâce à l’intensité de leur jeu. Et pour Stephan Streker, Jérémie Renier était une évidence. “Qui d’autre? Il n’y a pas beaucoup d’autres acteurs francophones belges de cet âge-là et de ce niveau-là. (...) Je lui ai envoyé le scénario et le lendemain, il m’appelait. C’était aussi rapide, aussi facile et aussi immédiat que ça."
Et l’arrivée de l’actrice française Alma Jodorowsky dans le projet a été une vraie bénédiction pour le cinéaste belge. “Alma est un miracle. Alma est une artiste. Elle est extraordinaire. Elle a apporté toute la sensibilité et la vulnérabilité dont son rôle avait besoin. Alma était un vrai pari. Elle a été la dernière à être engagée. J’avais beaucoup d’espoir, mais je n’étais pas sûr. Et finalement, cela a été une joie absolue de travailler avec elle.”
La jeune actrice de 30 ans nous confie comment elle s’est préparée pour son rôle dans “L’ennemi”. “Je n’avais jamais entendu parler de l’affaire Wesphael. Stephan nous avait demandé de ne pas lire ni de nous informer sur cette histoire, donc je l’ai écouté et je ne l’ai pas fait. (...) Pour mon personnage, je ne voulais pas être dans ce cliché de l’hystérie ou de la femme fatale. J’ai surtout essayé de la comprendre, de l’accepter, et de ne pas la juger. Ensuite, au-delà de ça, j’ai vraiment essayé de comprendre ce qui avait pu se passer dans sa vie pour en arriver là.” Elle conclut: “Je pense que la force de ce film, c’est la complexité des personnages et la construction du scénario. Il s’agit d’un vrai thriller labyrinthique dans lequel on plonge immédiatement. Pour moi, il y a vraiment une atmosphère très singulière qui nous emporte totalement dans cette histoire.”
“L’Ennemi”, un film du réalisateur Stephan Streker, dans les salles dès ce mercredi 26 janvier.
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