Héros un jour, paria le lendemain: qu'auriez-vous fait à sa place?

Avec “Un héros”, le réalisateur iranien Ashgar Farhadi fait ce qu’il sait faire de mieux: il nous présente une situation a priori simple, la décortique, couche par couche pour nous en offrir une nouvelle compréhension, bien plus profonde.

Rahim a les meilleures intentions du monde mais il subit de plein fouet le jugement à l’emporte-pièce de centaines d’inconnus, la plupart dissimulé derrière un écran. Ashgar Farhadi montre comment les réseaux sociaux changent le regard qu’on porte sur les gens.

Rahim essaie de bien faire. Il ment parfois, ou il omet le partage de certaines informations, parce qu’il se dit que les gens qui l’entourent ne le comprendront pas. Son impression se confirme généralement: quand ils apprennent ces petits mensonges, “les gens”, cette masse informe d’inconnus qu’on ne connait pas mais à qui on cherche tant à plaire, ne cherchent absolument pas à savoir pourquoi il a menti et ça prend des proportions énormes.

Rahim est pris dans une spirale infernale. L’étau se resserre au fur et à mesure des minutes qui défilent. Farhadi nous montre qu’être quelqu’un bien ne suffit pas toujours à s’en sortir, surtout si l’œil du public nous scrute. L’écriture du scénario est ciselée, épatante. Le jeu d’acteur est formidable: le sourire du “héros” de Farhadi va nous poursuivre longtemps.