"Je suis content mais je ne vais pas m'arrêter là": l'acteur au mental d'acier dont on va entendre parler

7sur7 à HollywoodIl a un mental de gagnant et l'envie de faire partie de ceux qui comptent. Il fait partie des acteurs qui bousculent Hollywood, bien obligé ces dernières années d'écouter l'appel à la diversité de ceux qui en ont marre du monopole blanc. John Boyega, 26 ans depuis samedi, nous dira qu'il a bossé dur mais les choses sont allées vite. Il est Finn dans "Star Wars", Melvin dans "Detroit". Il tient le rôle principal de la suite de "Pacific Rim" qui avait, en 2013, rapporté 411 millions de dollars au box-office mondial dont 112 rien qu'en Chine. "Pacific Rim: Uprising", en salles mercredi, a l'ambition de détrôner "Black Panther" en tête du box-office US actuellement et table sur un bénéfice de 20 à 30 millions de dollars pour son premier week-end de sortie. La pression est grande pour John Boyega, acteur principal et producteur du film avec sa toute jeune société. Nous l'avons rencontré il y a quelques jours à Los Angeles.

Deborah Laurent 20-03-18, 06:15 Dernière mise à jour: 13-05-19, 13:26

Nous sommes en 2035. Deux camps s'affrontent: celui des Kaiju, monstres marins sortis d'une brèche ouverte dans l'océan Pacifique et menaçant la terre de destruction massive, et celui des Jaeger, robots géants pilotés par des humains. Pour faire réagir le robot, les humains doivent être deux à l'intérieur et avoir leur esprit relié par un pont neuronal. Comprenez : ils s'agitent en duo dans la tête du robot, coordonnant leurs mouvements et leurs actions.

"Pacific Rim" première version était sorti en 2013 avec Guillermo del Toro aux manettes. La fin du film laissait Idris Elba, alias Stacker Pentecost, sur le carreau. Il fallait bien que quelqu'un se sacrifie pour sauver l'humanité. Cinq ans plus tard, dans "Pacific Rim Uprising" de Steven S. DeKnight, son fils qui aurait bien fait autre chose de sa vie, se voit obligé de marcher dans ses pas parce que les méchants Kaiju sont revenus, plus grands et plus destructeurs que jamais.

Dans la peau du jeune rebelle, le nouveau héros de "Star Wars", John Boyega (en duo avec Scott Eastwood à l'écran). L'acteur a eu 26 ans il y a quelques jours et veut être acteur depuis qu'il a vu... "Le Roi Lion". "Le Roi Lion est vraiment le premier film qui m'a interpellé parce que je savais qu'il y avait des gens noirs derrière et que ça parlait de l'Afrique", nous confiait récemment le Britannique d'origine nigériane à Los Angeles. "Ils prouvaient au monde qu'on pouvait mettre des gens noirs dans cette industrie. J'ai trouvé ça génial."

Mais entre le rêve et la réalité, il a fallu travailler dur. "Je ne pouvais pas prouver ce que je valais en restant à Londres, du coup je suis venu à Los Angeles. J'ai participé à des projets qui n'ont pas marché. Je suis revenu à Londres pour me faire de l'argent. Puis je suis revenu une nouvelle fois à L.A. Je souris toujours quand les gens disent que dès que je suis arrivé de Londres, j'ai fait Star Wars. Ce n'était pas le cas!" On ne peut cependant pas dire qu'il a ramé longtemps: l'un des premiers films de sa carrière fut un succès commercial monstrueux, ça aide à faire bouger les lignes un peu plus vite, non?

"Ca ne s'arrête pas à Star Wars"
"Star Wars m'a donné l'opportunité de faire tout ça", admet-il. "C'est ma plus grosse reconnaissance commerciale et ça m'a permis d'avancer. J'avais besoin de Star Wars pour réaliser tous les autres films que j'avais dans la tête." Il nuance cependant: "Pour moi, ça ne s'arrête pas à Star Wars. Detroit est pour moi le film qui a le plus affecté ma carrière. Vous pouvez toujours avoir l'opportunité d'être dans un film, mais si vous êtes mauvais, ça ne compte pas. Detroit a changé activement ma façon d'approcher mon jeu."

Reste que le film de Kathelyn Bigelow n'a pas reçu les retours espérés. "Je ne lis pas les critiques. Sans vouloir vous manquer de respect, la seule chose qui m'intéresse, c'est comment les gens réagissent. Spécialement sur des films comme Detroit. Est-ce que j'ai été déçu que ça n'ait pas marché comme on l'espérait? Oui. Mais à la fin, c'est ce que c'est. C'est un film qui aura sur son succès sur la longueur, un film que les gens recommanderont à d'autres et ça deviendra plus grand que ça l'était à l'origine", se console-t-il.

Fini de "juste attendre en buvant un café"
Sa filmographie n'est pas encore très fournie mais John Boyega sait déjà qu'il ne veut pas se contenter de l'ouvrir quand il entend "action". En plus de tenir l'un des premiers rôles de "Pacific Rim Uprising", il produit le film avec sa toute jeune société UpperRoom, née il y a deux ans. "Et être producteur, ça change tout", nous dit-il, enthousiaste. "Vous êtes impliqué dans tout. Vous arrivez sur le projet beaucoup plus tôt. Qu'importe le problème rencontré, je suis au courant en tant que producteur. En tant qu'acteur, j'attends juste pendant des heures en buvant un café."

Il est ainsi intervenu dans le casting des jeunes recrues, les Cadets, destinés à devenir pilotes de Jaegers. Parmi eux, la jeune et jolie Cailee Spaeny dans le rôle d'Amara. "J'ai vu les auditions de Cailee et elle a changé mon avis sur comment je voyais le personnage." Cailee a envoyé une cassette dans laquelle elle s'agitait avec des télécommandes en guise de manettes de contrôle des Jaeger. "La climatisation ne fonctionnait pas. Je transpirais. Je portais une capuche. Je me suis dit que soit ils me prendraient pour une folle, soit ils aimeraient." John a adoré: "Il y avait une autre actrice sur le coup, un peu plus âgée, un peu plus mature, qui était fantastique. Mais Cailee correspondait mieux: elle était innocente et à la fois forte. J'ai cru tout de suite à l'audition. Elle m'a rappelé moi quand je suis arrivé à L.A. et que j'ai commencé à auditionner. Si tu fais une bonne audition et tu sais saisir ta chance, tu mérites de faire partie du projet. Par chance, les autres producteurs étaient d'accord avec moi."

Ces mots ne sont pas sans rappeler le discours que son personnage livre aux cadets avant la grande bataille dans "Pacific Rim Uprising". Un discours destiné à les encourager, à les pousser à croire en eux, à donner le meilleur d'eux-mêmes comme seul Hollywood sait en faire. "Jake dit que peu importe d'où tu viens et ce que tu as fait avant, c'est ton moment, c'est ta chance", souligne John Boyega en évoquant ce moment. "Fais la différence. C'est une part de notre génération, de ceux qui sont au début de la vingtaine jusqu'à ceux qui sont au milieu de la trentaine, nous sommes des rêveurs, c'est comme ça qu'on vit notre vie. Quand Jake dit: adoptez cette mentalité, donnez le meilleur, croyez en vous, c'est comme ça que vous gagnerez. Je crois en ce qu'il dit, ça aide à le dépeindre de façon sincère."

"Je suis content mais je ne vais pas m'arrêter là"
John Boyega a une mentalité de winner. Pas étonnant qu'il en soit là. "Les noirs sont encore une minorité mais les choses changent et je suis content d'être arrivé à ce moment-là de l'histoire. Maintenant, il est temps aussi de voir plus de personnes de couleur aux postes importants. Derrière la caméra, par exemple. Je suis content mais je ne vais pas m'arrêter là."