Le film “La Magnificience du Grand Charleroi” est-il sexiste et vulgaire? “C’est démesuré”
Interview“La Magnificience du Grand Charleroi” est un film documentaire sorti le 15 décembre 2021. Il a pour but d’expliquer la création de la ville et de mettre en avant ses pépites et joyaux. Mais il évoque aussi les cicatrices qu’elle a subies depuis le milieu du 20e siècle. Plusieurs Carolos y sont interrogés. Par exemple, François De Brigode et Laurent Mathieu de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), le nouveau directeur de Business for Charleroi (B4C), Jean-Jacques Cloquet... Cependant, si l’accueil dans les médias est bon, cette production suscite aussi quelques critiques sur le web.
Sexiste et vulgaire, le film “La Magnificience du Grand Charleroi”? Si l'on en croit le témoignage de Marie-Claire Gardinal-Berg sur Facebook, c’est bel et bien le cas: “Désolée je suis venue, j’ai vu et je me suis retenue de ne pas siffler de honte à la fin du film. Pourtant, c’est avec un apriori favorable que je me suis rendue à Quai 10 pour cette séance du pompeux ‘La Magnificence du Grand Charleroi’.
52 minutes longues, très longues, trop longues. De belles images, je le reconnais, mais vides, parfois même vulgaires (allons-y, je balance !). Je ne parle même pas de la musique du générique, une ode à la masculinité triomphante à ‘ceux qui ont des c…….’. Au moins on résume bien le film! Déclinée à tous les temps, dans toutes les gammes, mais franchement les mecs, scandaleuse de vulgarité et d’auto valorisation très abusive”.
Deux génériques
La musique du générique de fin est celle du rappeur carolo Mochélan. Son titre? “Mes Couilles”. Le réalisateur du film, Frédéric Mac Donough, nous explique ce choix: “Tout d’abord, Mochélan vient de Charleroi. Ensuite, c’est une chanson rythmée. Enfin, ‘Mes couilles’, c’est un peu l’équivalent carolo du ‘Putain’ dans le sud de la France”.
Le documentaire va pourtant être diffusé dans les écoles carolos: “Mais nous allons en créer une deuxième version pour les élèves. Le générique de fin y sera remplacé. Un morceau du compositeur symphonique de la région, Adolphe Biarent, remplacera celui de Mochélan. Biarent est un grand musicien qui est néanmoins assez méconnu des générations actuelles”.
Adolphe Biarent est un violoncelliste, chef d’orchestre et professeur de renom à cheval entre le 19e et le 20e siècle. Il est né à Frasnes-lez-Gosselies (Les Bons Villers) en 1871 et est décédé à Mont-sur-Marchienne (Charleroi) en 1916.
Incompréhension
Pour le reste, Frédéric Mac Donough ne comprend pas que son œuvre soit qualifiée de vulgaire: “95 pourcents des retours que j’en ai eus sont positifs. Évidemment, on ne peut pas plaire à tout le monde. Heureusement, ce n’est qu'une minorité. Sans quoi, je me poserais des questions. Nous avons travaillé avec un budget restreint. Nous ne sommes pas des professionnels. Et malgré cela, la RTBF envisage de proposer ma fiction sur Auvio. Si je prends tout en compte, je me dis ‘Chapeau, l’artiste!’. Les critiques dont vous me faites part, je les trouve démesurées”.
"Pas une femme”
L’autre grand reproche de Marie-Claire Gardinal-Berg est le manque de personnages féminins: “Des interviews fleuves de ceux de Charleroi (qui par ailleurs n’y habitent plus ou pas, je pense aux deux gloires du JT) qui ont soi-disant réussi! Et que dire TOUS des hommes, ben voyons, qui affichent leurs réussites professionnelles de manière péremptoire et outrecuidante. Je ne citerai pas de noms, mais franchement…
Il faut être un homme et des hommes pour être aussi présomptueux
Il faut être un homme et des hommes pour être aussi présomptueux. Pas une femme pour rivaliser comme chantait Renaud à part peut-être la mère Thatcher! Pas une ‘dirigeante’, une influenceuse à Charleroi. Qu’on se le dise, c’est une terra masculinica. Et qu’on ne me cite pas le passage éclair de quelques ‘Charlottes’ bien sympatoches mais certes pas représentatives. En plus comme si Charlotte était le féminin de carolo! C’est bien carolotte!”
Dans les commentaires, Daniel Stoclet partage son sentiment à ce sujet: “L’équilibre hommes-femmes dans les interventions a été totalement bafoué, est-ce délibéré? Cela peut être blessant!”
Manque de possibilités
Le réalisateur se rend bien compte du problème: “Malheureusement, il y a moins de femmes qui dirigent des sociétés ou qui ont une aura importante. Nous avons tout de même donné la parole à la journaliste de la RTBF, Annie Allard, à la comédienne Stacy Star, à la gérante de la brasserie Quai 10, Éléonore Cesari... Nous avons cherché toutes les peoples que nous connaissions.
Nous avons, par exemple, contacté Fanny Jandrain (NDLR. l’animatrice de la RTBF). Elle ne nous a jamais répondu. Mais nous nous sommes effectivement aperçus que les dames étaient moins nombreuses que les hommes. C’est pourquoi nous avons, entre autres, décidé de mettre en lumière une femme sur l’affiche du film. Il s’agit de Lolotte, bien connue dans la région. Et la voix off du commentaire est également assuré par une femme”.
N’y avait-il pas d’autres possibilités du côté des influenceuses sur le web? “Le souci, c’est que nous disposons d'un carnet d’adresses restreint. C’est une ASBL (NDLR. Association Sans But Lucratif) qui est à la base du film. Les gens qui se mettent à son service ont aussi une vie de famille et un boulot. Malgré tout, nous pouvons être fiers d’avoir réussi à questionner des personnes comme Jean-Jacques Cloquet ou Mehdi Bayat (NDLR. le Directeur Général du Sporting de Charleroi)”.
Fierté mal placée?
Une fierté partagée par les intervenants invités dans le documentaire. Marie-Claire Gardinal-Berg la voit plutôt comme “une auto-valorisation très abusive”.
Frédéric Mac Donough la contredit: “Ce n’est pas de la fierté mal placée. Les invités parlent avec leur cœur. Comme Laurent Mathieu qui affirme que maintenant, il existe des t-shirts portant l’inscription ‘Fier d’être Carolo’ alors que ç'aurait été inimaginable il y a 20 ans. Nous ne nous sommes pas non plus contentés de nous autocongratuler dans le film. Nous avons réalisé un micro-trottoir. Des citoyens lambda ont exprimé leur sentiment sur Charleroi. Nous n’avons pas non plus caché les blessures et les cicatrices de la ville. Le drame du Bois du Cazier, l’affaire de La Carolorégienne, Marc Dutroux... Tout ceci est abordé”.
Mais pourquoi avoir interviewé des Carolos comme les deux présentateurs du Journal Télévisé (JT) de la RTBF qui n’habitent plus à Charleroi? “Parce que ce sont des icônes. Ils sont nés à Charleroi, ils reviennent à Charleroi et ils croient en Charleroi. Ce sont des Carolos qui ne crèchent peut-être plus à Charleroi, mais ils défendent toujours la ville à l’extérieur. L’objectif est aussi de transmettre de la fierté aux Carolos qui ont fait leur vie ailleurs”.
Image de Charleroi
Pour sa part, Daniel Stoclet a apprécié “le début historique” et notamment une anecdote: “À une certaine époque, il y avait trois bourgmestres, un pour la Ville-Haute, un pour la Ville-Basse et un troisième pour l’Entre-Ville: cocasse, amusant!”
Mais il estime que “les évocations intéressantes étaient bien trop courtes” et il n’est pas convaincu que l’œuvre “donnera une image positive de Charleroi”.
C’est pourtant l’ambition avouée du réalisateur: “Une connaissance liégeoise a vu le film. Il a été positivement surpris. Il m’a dit qu’il faudrait faire la même chose à Liège. Évidemment, ce n’est pas moi qui vais m’y coller. Mais je pense que ce documentaire est intéressant pour les villes comme Charleroi qui sont en train de se redresser. Elles peuvent y retrouver les éléments qui leur permettront de se relever: un aéroport, des travaux... Il faut dire que Charleroi a l’avantage de posséder la population des moins de 20 ans la plus dense en Belgique”.
Un regret
Au final, il nourrit toutefois un regret: “Si j’avais eu plus de moyens financiers, le docu aurait duré une heure et demie. Nous avions 97 heures de rushes et nous n’en avons conservé que 52 minutes. Nous aurions pu développer davantage certains points. Nous aurions aussi pu diffuser des images à couper le souffle capturées par des drones. Mais quand vous savez qu'un épisode de Julie Lescaut d’une durée de 52 minutes coûte 80.000 euros, vous comprenez que c’est cher. Et notre budget était beaucoup moins élevé que ça”.
Pour vous faire votre propre avis sur cet objet cinématographique, rien de plus simple! Le film est toujours à l’affiche du côté du Quai 10 à Charleroi.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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