Le film qu’on a envie de siffler à la fin (et il l’a bien cherché)

En le voyant débarquer en bateau sur l’île volcanique de La Gomera aux Canaries, sur l’air entraînant de “The Passenger” d’Iggy Pop, on pourrait croire que Cristi prend des vacances. On comprend vite que ce policier dégarni plutôt avare de parole fait affaire avec des trafiquants de drogues.

Si Cristi en est là, c’est notamment à cause d’un sacré paquet d’argent mis en jeu mais aussi de Gilda, d’une beauté à couper le souffle. De souffle justement, il va en être question pendant son séjour: il va devoir apprendre de façon intensive un langage sifflé qui va lui permettre de discuter avec les malfrats sans se faire comprendre de la police.

L’argent est en possession du jeune patron d’une usine de matelas, fraîchement mis en prison par les collègues de Cristi. Gilda veut que Cristi se débrouille pour le faire sortir. Ils vont donc élaborer un plan d’évasion à coup de sifflements, là-haut sur la colline.

Si au niveau de la chronologie, c’est parfois un peu confus, “La Gomera”, film roumain signé Nicolas Porumboiu, sélectionné pour la première fois en compétition, est plutôt surprenant, dans le bon sens. La musique, du rock à l’opéra, est bien utilisée, le rythme enlevé, l’humour nous cueille quand on ne s’y attend pas. C’est un polar efficace et peu bavard.

Pour info, la langue sifflée existe bel et bien sur l’île de La Gomera. C’est un langage articulé, qui permet un échange illimité de messages. Ce langage, le Silbo, a été inventé par les premiers habitants de l’île, les Guanches, afin de communiquer sans avoir à se déplacer entre les ravins. Malin!