“Les intranquilles”, film belge merveilleux: l’histoire de l’homme qui vivait tout trop fort

“Les intranquilles” est l’histoire de Damien et Leila. Ces deux-là s’aiment, il suffit de voir comment ils se regardent. Depuis peu, Damien a perdu le sommeil. Il est agité, il a l’humeur changeante, il est “trop” tout. Leila voit bien que ce n’est pas normal et elle tente de lui faire entendre raison. Elle le pousse à se reposer, elle lui répète de se calmer. Damien n’écoute pas et se met en danger... Leila est désemparée.

Joachim Lafosse a une approche de la vie de couple extrêmement sensible. On avait déjà pu le constater avec “L’économie du couple”. Il fait encore mieux avec “Les intranquilles”. Le film est inspiré de son histoire personnelle: son père est bipolaire.

On est immédiatement concerné par le destin des personnages dans la scène d’ouverture qui raconte déjà tout ce qui va suivre. Damien est dans la mer avec son fils. Ils profitent du soleil, ils se laissent flotter, c’est doux, ils sont paisibles. Leila se repose sur la plage. Soudain, l’ambiance change: à peine remonté sur le bateau, Damien plonge et annonce à son fils de même pas 10 ans qu’il “rentre à la nage”. Il lui demande de ramener l’embarcation au rivage.

Leila est en alerte quand elle voit Amine arriver sans Damien. Elle ne pipe mot mais tout, dans son attitude, dans son regard et dans le comportement qu’elle adopte avec son fils nous dit l’angoisse qui la ronge. Le film n’a commencé que depuis quelques minutes et déjà, on est tout acquis à la cause de cette famille qui voit son équilibre vaciller.

“Les intranquilles” est l’histoire d’une femme qui s’inquiète tout le temps (et à raison) pour celui qu’elle aime et ce, au risque de ne plus vivre. C’est l’histoire d’un homme qui vit tout avec intensité et qui, une fois la machine lancée, est incapable de “redescendre”. C’est l’histoire d’enfant coincé entre une mère qui fait de son mieux mais qui l’étouffe avec toute son angoisse et un père qu’il aime mais qui, lorsqu’il est en pleine crise, lui fout la honte en classe.

L’émotion monte crescendo et Joachim Lafosse nous raconte beaucoup avec peu de mots. Leila Bekhti est d’une telle justesse dans le rôle de cette femme qui perd pied face à son impossibilité d’aider celui qui partage sa vie, qu’elle aurait mérité, autant que Renate Reinsve, le prix d’interprétation à Cannes. Idem pour son pendant masculin, Damien Bonnard, absolument bluffant dans le rôle de cet homme qui n’arrive plus à s’arrêter et qui est conscient qu’il ne se débarrassera jamais du mal qui le ronge. Nous avions rencontré les deux acteurs sur la Croisette. Lisez leur interview au sujet du film ici. 

On garde de cette projection un souvenir ému et on vous en voudrait presque de ne pas l'avoir encore vu. “Les intranquilles", au cinéma aujourd'hui.