"Les Misérables": trop de larmes, trop de chants et trop long

Décidément, Tom Hooper aime donner de la voix. Après s'être intéressé de près à celle de Colin Firth dans "Le discours d'un roi", voici qu'il demande aux acteurs des "Misérables" de nous casser les oreilles pendant plus de deux heures. Sa version hollywoodienne de l'histoire de Victor Hugo ne contient pas un seul échange parlé. La moindre de ligne de dialogues est chantée (plus ou moins bien selon l'acteur qui s'exprime) et c'est du coup, souvent risible, voire totalement insupportable sur la fin (2h30 de film, c'est beaucoup trop long).

Belle perfomance d'Anne Hathaway
Pour l'interprétation des grands classiques, Anne Hathaway (Fantine à l'écran) mérite les honneurs. Sa version sanglotante de "I dreamed to dream" est larmoyante à souhait et assez hypnotisante. En Fantine prête à donner son corps, ses molaires, ses cheveux, bref sa dignité, pour sa fille Cosette, Anne Hathaway est convaincante: elle réalise une très belle performance d'actrice.

Russel Crowe, risible
Hugh Jackman, Jean ValJean (à prononcer avec un accent américain à couper au couteau), est de tous les plans et de tous les chants et il s'en sort plutôt pas mal. Heureusement que ce n'est pas le cas du "terrible" Javert, interprété par Russel Crowe: il a beau bomber le torse pour nous faire peur, à chaque fois qu'il ouvre la bouche, on ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Son personnage de gros dur, sa grosse-voix-qui-veut-faire-peur sonnent faux.

Mention spéciale à Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen, parents adoptifs de Cosette, voleurs et baratineurs: ils sont les seuls à nous sortir un peu de la misère ambiante en apportant une petite touche d'humour. Ouf, on peut souffler deux secondes...
 
Une histoire brûlée par la lumière hollywoodienne
Brûlée par les lumières hollywoodiennes, l'histoire originelle des "Misérables" perd toute sa substance. Là où les Français avaient réussi à s'approprier l'Amérique ("The Artist"), les Américains ont nettement plus de mal à transformer à leur sauce une histoire très française. A trop vouloir nous impressionner, à trop vouloir bouleverser, Tom Hooper ne provoque que l'ennui. C'est là que réside tout le problème des "Mis": il y a trop de tout. Trop de reniflements, trop de longueurs, trop de chants.

Déjà multi-récompensé, le film "Les Misérables" est en lice pour les Oscars. Les Américains adorent ce genre de grands spectacles qui tire les larmes. Pas sûr que les Belges vont adhérer à ce concept de la misère bling bling. Réponse dès aujourd'hui en salles.