On ne sait rien des drames qui se nouent chez nos voisins

Nous sommes dans un immeuble de trois étages à Rome. À chaque étage, un drame familial se joue. Ivre, Andrea, le fils de Vittorio et Dora, renverse une femme et encastre la voiture chez les habitants du rez-de-chaussée, Lucio et Sara. Vittorio n’en peut plus de son fils ingérable et décide de couper les ponts. Au grand dam de Dora, sa femme, qu’il pousse à choisir entre lui et leur progéniture.

Lucio et Sara travaillent beaucoup et peinent à trouver une baby-sitter pour leur fille, Francesca. Il la dépose régulièrement chez Giovanna et Renato, un couple de personnes âgées vivant la porte en face de chez eux. Jusque-là, tout s’est toujours bien passé mais Lucio remarque que Renato perd un peu la tête et certains des gestes qu’il a envers sa fille le mettent mal à l’aise. Le jour où Renato et Francesca sont retrouvés, seuls, dans un bois, Lucio craint qu’elle n’ait subi des attouchements sexuels. Que s’est-il passé? Connaître la vérité devient son obsession.

Dans cet immeuble vit aussi Monica. Elle vient d’accoucher seule de son premier bébé: son mari travaille trop et est souvent absent. En tête-à-tête avec son nourrisson, sans personne à qui parler, Monica a l’impression de devenir folle. Est-ce vraiment une impression?

Dans “Tre Piani”, Nanni Moretti interroge la paternité défaillante. “Les personnages masculins du film sont emprisonnés dans le rôle qu’ils ont au sein de la famille. Il y a des nœuds qu’ils ne veulent pas dénouer. Les personnages féminins, eux, veulent toujours défaire les nœuds”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Dans “Tre Piani”, tourné bien avant la pandémie, les personnages étouffent, enfermés dans leurs appartements, dans des vies qui ne leur conviennent pas. Le bonheur ne se remet à poindre que lorsqu’ils décident de quitter leurs quatre murs. Nanni Moretti et son film presque prophétique appellent à se tourner vers les autres et à tendre la main à son voisin.

Nanni Moretti fait plusieurs bonds de cinq ans dans son récit. On découvre la trajectoire de chaque famille sur une période de temps assez longue et l’impact des choix que chacun a fait, bien des années auparavant. Malgré un casting impeccable, “Tre Piani” est un petit Moretti. Bien que joli, il n’arrive pas à la cheville de “La chambre du fils”, qui avait valu une Palme d’Or au réalisateur italien en 2001.