Brillant pour Pogacar, frustrant pour van Aert, savoureux pour Evenepoel: le bilan du printemps

Tadej Pogacar

Il aura peut-être manqué un succès sur un Monument à Tadej Pogacar pour asseoir totalement sa domination, mais on ne peut qu’applaudir des deux mains le bilan du Slovène sur le début d’année 2022. Un époustouflant raid solitaire sur les Strade Bianche, des courses offensives sur le Tour des Flandres, qu’il découvrait, et Milan-Sanremo, des victoires sur l’UAE Tour et Tirreno-Adriatico... Présent et brillant sur tous les terrains, Tadej Pogacar a placé la barre haut dès le début de saison. Ça promet à deux mois du départ du Tour de France, où il tentera de réaliser la passe de trois.

Aussi indiscutable que Pogacar, Ineos-Grenadiers a frappé plusieurs grands coups. Entre Mastersclass collectives et victoires de prestige, la formation britannique a, successivement, enlevé le Tour du Pays Basque, l’Amstel Gold Race, la Flèche Brabançonne et son premier Paris-Roubaix. Un bilan impressionnant. 

Côté belge, on ne peut évidemment pas passer à côté du magnifique printemps de la formation Intermarché-Wanty-Gobert. Avec deux classiques remportées (Gand-Wevelgem et le Grand-Prix de l’Escaut) et une omniprésence sur toutes les grandes courses du début de saison, confirmée par le podium de Quinten Hermans dimanche à Liège, l’équipe de Jean-François Bourlart est bien partie pour sauver, avec brio, sa place dans le World Tour.

Le Remco-show sur la Doyenne

Une attaque foudroyante dans la Redoute, un numéro de 20 kilomètres en solitaire et un premier Monument: Remco Evenepoel a marqué les esprits, dimanche, en remportant Liège-Bastogne-Liège. Les superlatifs manquent pour qualifier la prestation cinq étoiles du jeune Brabançon sur la Doyenne. Et ils manquent tout autant pour saluer le succès historique du cyclisme belge qui, en plus du triomphe de la fusée Evenpoel, a placé deux autres des siens sur le podium en la personne de Quinten Hermans et Wout van Aert. La Belgique n’avait plus été à pareille fête sur sa Doyenne depuis 1976 et un podium composé de Joseph Bruyère, Freddy Maertens et Frans Verbeeck.

4! Deuxième de Paris-Roubaix et troisième de Liège-Bastogne-Liège, Wout van Aert complète sa série de podiums sur les Monuments. Il est désormais monté sur la boîte de quatre des cinq Monuments. Philippe Gilbert est le seul coureur en activité à avoir atteint le podium, au minimum, dans tous les Monuments. Le champion de Belgique confirme son statut de coureur le plus polyvalent du peloton. Mais il achève sans doute son printemps avec un léger goût d’inachevé. Vainqueur du ciruit Het Nieuwsblad et du Grand-Prix de l’E3, le leader de la Jumbo-Visma semblait avoir toutes les cartes en main pour ajouter, au moins, un Monument à son palmarès. Avant que le Covid-19 ne s’en mêle.

Autre homme fort du printemps, Mathieu van der Poel a, pour sa part, ajouté un Monument à sa collection personnelle. Plus malin, il a dompté Pogacar dans la dernière ligne droite du Tour des Flandres. Gêné par son dos depuis sa chute aux JO en août 2021, le Néerlandais a retrouvé son meilleur niveau. Prochaine étape, le Giro, que le petit-fils de Raymond Poulidor va découvrir et où il est prêt à faire le spectacle.

Remco a sauvé le bilan de Quick-Step et ponctué un printemps à l’accent belge

“Le Wolfpack n’est pas mort”: c’était l’une des premières réflexions de Remco Evenepoel après avoir franchi la ligne de Liège-Bastogne-Liège. Avant le succès du Brabançon dans la Doyenne, l’équipe Quick-Step Alpha Vynil avait connu un printemps délicat. De nombreux coureurs malades, la poisse pour Julian Alaphilippe, déjà tombé sur les Strade Bianche et plus gravement touché encore sur Liège-Bastogne-Liège, et une seule classique remportée, Kuurne-Bruxelles-Kuurne grâce à Fabio Jakobsen: l’équipe de Patrick Lefevere était dans le dur et la pression était énorme sur les épaules des Ardennais.

Pour les Belges, en revanche, le printemps aura été mémorable, mais il manquait la cerise sur le gâteau, Remco Evenepoel a pris un malin plaisir à la placer. Jusque-là, les Belges avaient répondu présent sans parvenir à gagner sur les Monuments. Avec les victoires de Wout van Aert, le jour de gloire de Dylan Teuns au sommet du Mur de Huy, mais aussi la révélation Arnaud De Lie et de nombreuses autres victoires sur tous les terrains, d’Amaury Capiot à Tim Wellens, en passant par Tim Merlier, Jasper Philipsen ou encore Maxim Van Gils, le cyclisme belge aura vibré tout au long du printemps. Prometteur pour les mois et les années à venir...