La revanche de van Aert ou de van der Poel? Les favoris de Paris-Roubaix

“S’il pleut, les spécialistes du cyclocross auront un net avantage sur les autres”: c’est Johan Museeuw, triple vainqueur de l’épreuve et lauréat de la dernière édition disputée sous la pluie (en 2002), qui le dit. Alors que la pluie devrait battra le pavé toute la journée dans le nord de la France ce dimanche, difficile de ne pas faire de Wout van Aert et de Mathieu van der Poel les deux grands favoris de cette édition 2021. Pilotes hors normes et princes des classiques depuis deux ans, le Belge et le Néerlandais pourraient ajouter un nouveau duel épique à leur déjà illustre rivalité. 

Le champion de Belgique aura une revanche à prendre, une semaine après avoir failli à sa mission sur les routes des championnats du monde, devant un public entièrement acquis à sa cause. Le Néerlandais disputera son premier Paris-Roubaix. Il s’est rassuré sur sa condition la semaine dernière en prenant la huitième place des Mondiaux et il a, lui aussi, une revanche à prendre, deux mois après la chute qui lui a coûté ses chances de remporter la médaille d’or olympique sur l’épreuve de mountainbike à Tokyo. 

12 victoires sur les 24 dernières éditions: ce sont les chiffres édifiants affichés par les formations de Patrick Lefevere sur Paris-Roubaix, depuis la première victoire de Johan Museeuw, en 1996. Autant dire que chez Deceuninck-Quick Step on connaît la recette d’un succès sur le Vélodrome roubaisien. Le collectif de la formation belge sera d’ailleurs le plus fourni de tous et la capacité des coureurs de la formation belge à faire jouer l’intérêt collectif avant celui de leur destinée personnelle est un atout non négligeable. Avec Florian Sénéchal, Yves Lampaert, Kasper Asgreen et Zdenek Stybar (lui aussi, ancien champion du monde de cyclocross), l’équipe belge dispose d’au moins quatre prétendants à la victoire, ce dimanche. 

Les équipes Trek-Segafredo et INEOS-Grenadiers ne se présenteront pas sur la ligne de départ de ce Paris-Roubaix avec des armadas aussi impressionnantes que celle de Deceuninck-Quick Step, mais elles auront tout de même plusieurs atouts à faire valoir. Quatrième et meilleur Belge des championnats du monde, vainqueur de Milan-Sanremo, Jasper Stuyven a toutes les qualités d’un vainqueur en puissance de l’Enfer du Nord. Avec Mads Pedersen et Edward Theuns, il dispose à ses côtés de deux autres coureurs capables de s’illustrer sur les pavés du Nord.

Chez INEOS, c’est Dylan Van Baarle qui endosse le statut de leaders. Le Néerlandais est très à l’aise sur les pavés et il a démontré qu’il était en excellente condition en grimpant sur le podium des championnats du monde dimanche dernier. À ses côtés, le Britannique Luke Rowe, le Polonais Michal Kwiatkowski et l’Italien Gianni Moscon pourraient également tirer leur épingle du jeu.

Cinq anciens vainqueurs de la Reine des Classiques sont encore présents dans le peloton et ils seront tous les quatre présents sur la ligne de départ à Compiègne. Ils ne sont certes pas dans la forme de leur vie, mais les autres favoris savent qu’il ne faudra pas les snober. Peter Sagan a vécu une saison compliquée, il n’a pas été très en vue lors des Mondiaux dimanche dernier, mais le Slovaque reste capable d’un coup d’éclat. Il adore les pavés et l’Enfer du Nord est sans doute la classique qui convient le mieux à ses qualités à l’heure actuelle.

Les Belges Greg Van Avermaet et Philippe Gilbert auront, de leurs côtés, une dose de motivation supplémentaire. Pas dans la sélection belge, ils ont loupé leur unique possibilité de disputer des championnats du monde à domicile. Ils auront sans doute à cœur de prouver qu’ils sont encore capables de lutter avec les meilleurs sur les plus grandes courses de la saison. 

L’Allemand John Degenkolb sera l’un des leaders de la formation Lotto-Soudal, mais il n’a plus gagné depuis plus d'un an.  Et ce serait assez surprenant de voir Nikki Terpstra jouer la gagne ce dimanche. Victime de plusieurs grosses chutes depuis qu’il a quitté Deceuninck pour Total Energies, le Néerlandais n’a jamais vraiment retrouvé les jambes qui lui avaient permis de dompter Paris-Roubaix (2014) et le Tour des Flandres (2018).

À côté des principaux favoris et des anciens vainqueurs, il y aura aussi, comme souvent pour Paris-Roubaix, une longue liste d’outsiders. Une liste notamment emmenée par Nils Politt, coéquipier de Peter Sagan et deuxième en 2019 derrière Philippe Gilbert. Bahrain Merida misera sur les hommes en forme que sont Sonny Colbrelli et Matej Mohoric. Sepp Vanmarcke, toujours redoutable sur les pavés, Oliver Naesen, mais aussi les sprinteurs d’Alpecin-Fenix Jasper Philipsen et Tim Merlier (encore un cyclocrossman) sont d’autres Belges qui pourraient se mettre en évidence ce dimanche. 

Alexander Kristoff et Matteo Trentin sont les deux meilleurs atouts du Team UAE Emirates. Côté français, on peut cocher les noms d’Anthony Turgis, de Christophe Laporte ou d’Arnaud Demarre. Toujours en vue sur les pavés, le Suisse Stefan Küng aura peut-être, lui aussi, un coup à jouer. Comme le sprinteur italien Giacomo Nizzolo ou encore le baroudeur néerlandais Taco Van Der Hoorn, qui réalise une saison éblouissante avec l’équipe Intermarché-Wanty-Gobert et qu’on sera curieux de voir à l’œuvre sur les routes de l’Enfer du Nord.