Lotte Kopecky répond aux railleries sur les nombreuses chutes lors du Tour féminin

Les commentaires sexistes et moqueurs de certains internautes depuis le début du Tour féminin, émaillé par de nombreuses chutes, sont (très) nombreux: “C’est moins dangereux de cuisiner”, “Les femmes sont dangereuses même sur un vélo”, “Femme au guidon...”, “On s’étonne que les femmes aient encore le droit de conduire une voiture...”, “Qu’elles sont nulles, mais nulles”.

Jeudi soir, Lotte Kopecky a décidé de réagir à ce flot de réactions négatives. La coureuse SD Worx a partagé un tweet de sa coéquipière Christine Majerus montrant quelques photos de chutes dans le Tour masculin. “Exactement. Je répète. Pour les haters”, a-t-elle répondu.

L’ancien cycliste professionnel Thijs Zonneveld, aujourd’hui chroniqueur à l’Algemeen Dagblad, a soutenu les coureuses du Tour. “Conseil à tous les haters: vous n’êtes pas obligés de regarder le Tour de France Femmes”: lance-t-il. “Les femmes ont parcouru cinq étapes. J’ai compté neuf accidents graves (...). Dans les cinq premières étapes avec les hommes, j’en arrive à, vous ne devinerez jamais, neuf. J’en oublie peut-être une ou deux à gauche ou à droite, mais un statisticien ne verrait pas de différence significative”, insiste-t-il.

Thijs Zonneveld parle également de la manière dont les chutes se sont réalisées. “Un certain nombre de fois, c’était plutôt maladroit. Par exemple, lorsque la championne australienne Nicole Frain a “vu un trou” et a pensé qu’elle pouvait traverser entre ses collègues à 50 km/h. Mais chez les hommes, il y en a tout autant qui pensent que le cyclisme est du hockey sur glace sur deux roues (salut Peter Sagan).”

“Il y a des préjugés sexistes. Oui, il y a aussi de grandes cyclistes. Les femmes sont tout aussi douées pour courir. Moi-même, j’aimerais pouvoir courir comme Marianne Vos”, explique-t-il.

Jolien D’hoore, directrice sportive d’AG Insurance - NXTG, a également évoqué jeudi les nombreuses chutes qui affectent le peloton. “Le cyclisme féminin progresse vite, peut-être un peu trop vite”, explique-t-elle. “On voit que la différence entre les équipes de pointe et les autres équipes est un peu trop grande, à tous les niveaux, en termes de cadrage et en termes de niveau et puis les erreurs de pilotage se font rapidement ou il y a parfois un oubli. D’un autre côté, nous ne devrions pas les rendre plus importantes qu’elles ne le sont. Chez les hommes, il y a aussi eu beaucoup de chutes dans la première semaine du Tour. C’est juste une partie du problème.”

“Non, ce n’est pas qu’il y a trop d’équipes ici, d’habitude dans d’autres courses, nous courons avec 20 à 25 équipes (dans ce Tour, il y a 24 équipes, ndlr), donc ça ne fait pas la différence”, poursuit-elle. “C’est juste la différence de niveau entre les équipes. Par exemple, dans ce Tour, il y a beaucoup de petites équipes françaises au départ avec une wildcard. On sent cette différence de niveau dans la course.”

Jolien D’hoore voit une autre raison possible. “Parfois, les signalisations lors des étapes sont vraiment mauvaises. Pour une telle organisation, ASO, c’était juste dramatique”, dit-elle. “De nombreux rétrécissements de routes sont simplement signalés par de la peinture rouge fluorescente. Ils le font beaucoup mieux en Belgique, avec Boplan. En fait, leur signalisation est 10 fois meilleure qu’ici. Ça ne devrait pas l’être, mais c’est comme ça. Et bien sûr, pourquoi les gens tombent-ils sur des routes droites? Parce que tous les chefs d’équipe crient la même chose dans leurs oreilles à un moment donné. Que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure”, conclut-elle.

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