Morkov vaincu par la chaleur, le peloton du Tour témoigne: “Dans d’autres sports, on aurait annulé la compétition”

Il faisait plus de 40 degrés entre Rodez et Carcassonne, dimanche. Des températures extrêmes qui ont donné lieu à des images particulièrement explicites, avant, pendant et après l’étape. De la glace avant le départ, beaucoup d’eau sur le vélo et des visages marqués par l’effort à l’arrivée: les 153 rescapés du Tour de France ont souffert!

Parmi eux, c’est Michael Morkov qui a payé le prix fort de cette étape particulièrement chaude. Après près de 180 kilomètres tout seul, loin de peloton, le Danois est arrivé avec plus d'une heure de retard sur le vainqueur du jour. Dix minutes trop tard pour rentrer dans les délais. Il ne repartira donc pas mardi. “Je suis déçu, parce que j’ai tout donné. J’ai continué à me battre et à pousser sur les pédales, mais j’avais compris que ce serait impossible de rentrer dans les délais”, a-t-il expliqué après la course. Mais pas question pour le meilleur poisson-pilote du monde de critiquer l’organisation sur le maintien de l’étape. 

D’autres s’en sont chargés à sa place. “Ce n’est pas à moi de décider, mais dans d’autres sports, on annule des compétitions par des températures pareilles. En cyclisme, malheureusement, c’est différent”, regrette Bob Jungels. “Il va falloir qu’il se passe quelque chose de grave et ensuite, ils en tireront les leçons. Et je pense qu'il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu. On aurait par exemple pu démarrer plus tard, mais ça n’aurait pas été la meilleure heure pour les télés. En tant que coureurs, nous avons un avis. Mais nous ne sommes que des pions dans ce jeu-là”, peste encore le Luxembourgeois. 

Pour Jungels, c’était irresponsable de maintenir la course et il n’est pas le seul à le penser. “Je n’ai jamais vécu un jour aussi chaud sur le vélo. Les conditions étaient tout simplement trop rudes. Je ne sais pas combien d’eau j’ai bu, mais c’étaient des litres et des litres. Je me suis accroché en me disant que lundi c’était le jour de repos et que je pourrais revoir ma famille”, estime Mikael Cherel. “Pour moi, il faisait trop chaud. Qu’auraient dû faire les organisateurs? Ils auraient peut-être pu raccourcir l’étape”,  avance Alexander Kristoff.

D’autres coureurs estiment pourtant que la chaleur fait partie du jeu. Comme l’Australien Chris Hamilton. “Je ne trouve pas ça trop dur, j’ai grandi dans la chaleur. Cela me fait penser à chez moi. Je suis surpris de voir autant de coureurs qui s’en plaignent. On fait le Tour en plein été. On ne peut pas s’attendre à autre chose. Les circonstances sont les mêmes pour tout le monde." 

Alexander Krieger a souffert de la chaleur, mais il ne comprend pas pour autant les discours de ses collègues. “On a tous opté pour un sport extérieur. Et la chaleur en fait partie. C’est le vélo. Parfois, tu es mort après une journée sous la pluie ou sous la neige, parfois, c’est à cause de la chaleur. Il faut pouvoir gérer et opter pour la bonne stratégie.” 

S’ils sont partagés sur la manière dont les organisateurs du Tour ont géré cette 15e étape, tous les coureurs vont profiter de la journée de repos ce lundi pour recharger les batteries. Car si on prévoit des températures moins extrêmes pour la 16e étape, le mercure devrait tout de même grimper jusqu’à 35 degrés, mardi, entre Carcassonne et Foix.