Comment Romelu Lukaku est devenu un conciliateur implacable chez les Diables

Le leader Romelu Lukaku chez les Diables naît le 14 novembre 2017, à la mi-temps du match amical Belgique-Japon, au stade Jan Breydel. Le score est alors de 0-0. Alors que le dernier Diable entre dans le vestiaire et ferme la porte derrière lui, “Big Rom” hausse le ton. À ce moment-là, Vincent Kompany n’est pas présent avec les DIables, car il est blessé. Et en l’absence d’un orateur et leader dans le vestiaire, un “Big Rom” exaspéré sent l’occasion de dire ce qu’il pense: “Allez les gars, c’est quoi ça? On joue beaucoup trop défensivement.” Avec quelques observations pointues, celui qui était attaquant à Manchester United tente de remettre l’équipe d’aplomb et tout le monde sur la même longueur d’onde.

Cette prise de parole forte est nécessaire. Vingt-quatre heures plus tôt, Roberto Martinez a convoqué les joueurs dans un lieu isolé pour une discussion de groupe. La raison? Les déclarations cinglantes de Kevin De Bruyne. Après le match amical contre le Mexique (3-3), “KDB” a critiqué la tactique du sélectionneur. Dans le groupe, la discorde menace. La petite victoire contre le Japon (1-0) ne lève pas les doutes sur la fragilité du système de jeu.

Roberto Martinez peut compter sur des leaders loyaux. Lukaku est l’un d’entre eux. Dans le vestiaire et dans le cercle avant les matchs importants, l’attaquant dira désormais ce qu’il pense. Un leader émerge. Au sein du noyau, il se manifeste de plus en plus comme un poids lourd.

En 2022, Lukaku fait partie des quatre vice-capitaines des Diables, derrière De Bruyne, Vertonghen et Witsel. Mais, sur et en dehors du terrain, c’est lui qui donne le plus de voix. À l'image du match contre le Maroc, où il a chuchoté des instructions tactiques à ses coéquipiers à plusieurs reprises. En témoigne également la discussion de groupe organisée par les Diables Rouges le lendemain de la défaite pour désamorcer toutes les tensions.

Son contenu reste privé, mais Lukaku serait intervenu. Avec les bons mots. Dans le bon ton. Le meilleur buteur de tous les temps est aujourd’hui le joueur qui unit un groupe. Un Belge en mission. Un implacable conciliateur.

Dans la sélection actuelle des Diables Rouges, Lukaku est le pont entre les jeunes et les anciens. Entre le staff et l’équipe. Il est très proche de De Bruyne. Un lien qui s’est développé à Chelsea. Il s’entend bien avec Axel Witsel. Comme De Bruyne et Lukaku, il fait également partie des cadres de l’équipe. Et “Big Rom” veille comme un grand frère sur la jeunesse issue d’Anderlecht. Amadou Onana a fait appel à ses conseils avant son transfert à Everton. À 16 ans, Jérémy Doku a, lui aussi, été conseillé par Lukaku de ne pas partir à Liverpool.

“Je me vois comme un leader”, a-t-il déclaré l’année dernière, évoquant son retour à Chelsea, l’un des plus gros échecs de sa carrière. “Mais je suis aussi la colle dans un groupe. Le joueur qui fait en sorte que tout le monde se sente à l’aise. Plein de confiance. C’est comme ça que je prends un onze par la main. J’essaie de m’assurer que chacun sait ce qu’il doit faire. Et j’essaie de rester positif et de les encourager. Je ne veux pas être trop condescendant. Et ne pas crier trop souvent. Dans les moments difficiles, les coéquipiers ont besoin de sentir que je suis là pour eux. Ils peuvent s’appuyer sur moi.”

Contre la Croatie, il faudra voir si le bas de son corps tient le coup. Les épaules plus larges peuvent supporter les coups, mais les jambes restent un souci. Même dans son club, l’Inter, on espère que l’ischio-jambier tiendra le coup. Il faudra tout de même être prudent, car malgré les lourds sacrifices des trois derniers mois et le travail acharné au centre de rééducation, il est loin d’avoir retrouvé sa forme optimale.

Depuis début juillet, il n’a joué que six matches et, tous matchs confondus, il a touché moins de ballons qu’Axel Witsel contre les Marocains. “Big Rom” manque de rythme. Et contre le Maroc, on a pu constater une fois de plus que sa longue absence a pesé. Il n’a pas la même influence que lors de ses deux meilleures années à l’Inter, entre 2019 et 2021.

Pourtant, le staff médical de l’Inter avait tout mis en œuvre l’été dernier pour que Lukaku soit le plus en forme possible au début de la saison. Avec un régime spécial et beaucoup de travail préventif pour maintenir les muscles dans une condition optimale. Lukaku a un poids idéal d’environ 100 kg (pour 1m90). Mais la réalité est qu’il manque de temps de jeu et l’ex-anderlechtois est loin d’être à 100 %.

Jeudi, cela fera plus d’un an que Lukaku n’a pas joué un match complet pour les Diables. Lors du match contre les Pays-Bas, début juin, il est sorti avant la demi-heure de jeu. La dernière fois que “Big Rom” a joué à son meilleur niveau sous le maillot des Diables, c'était le 7 octobre 2021, lors de cette première mi-temps du Final Four de la Ligue des Nations contre la France. Après cela, sa carrière, sa forme physique et les Diables ont connu une descente vertigineuse.

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