L’ultime tentative de Lukaku pour Henry, une finale contre Bosz: comment Tedesco a séduit les dirigeants de l’UB

26 décembre dernier. Le Club de Bruges est accroché par l’OHL au Jan Breydel. Dans la foulée, les dirigeants des Blauw en Zwart prennent la décision de se séparer de Carl Hoefkens. À la recherche d’un nouvel entraîneur, ils se tournent vers Steven Gerrard, Peter Bosz et... Domenico Tedesco. Ce dernier est particulièrement souhaité, mais très vite, l’état-major brugeois constate qu’il a d’autres ambitions. Récemment limogé de Leipzig, le jeune Allemand d’origine italienne rêve de Premier League, ou d’un retour en Bundesliga. “J’aime les Diables. Une équipe formidable”, lâche-t-il également durant l’entretien. Une phrase qui aura son importance.

Lorsque le groupe de travail, qui comprend Peter Bossaert, Bart Verhaeghe (Club de Bruges), Sven Jacques (Anvers) et Pierre Locht (Standard), se réunit pour la première fois le 12 janvier, plus de 100 CV ont été envoyés. Parmi eux, peu de noms ronflants. Les grands entraîneurs comme Mauricio Pochettino, Joachim Löw ou André Villas-Boas ne sont pas intéressés. Et les contraintes financières, avec notamment l’élimination précoce au Mondial, ne permettent pas à la Fédération d’offrir au prochain sélectionneur un contrat de plusieurs millions d’euros.

La Task Force décide de choisir un jeune entraîneur et de l’associer à un directeur technique expérimenté. Pour ce second profil, Michel Preud’homme est la priorité. Mais quelques coups de fil permettent de comprendre qu’il n’est pas forcément emballé par le poste. Frank Vercauteren montre davantage d’intérêt. Un an et demi après avoir quitté l’Antwerp, il est impatient de se remettre au travail. Vercauteren bénéficie immédiatement de la pleine confiance du groupe de travail et s’implique activement en coulisses dès le premier jour dans la recherche du nouveau sélectionneur.

Le dossier Thierry Henry est rapidement écarté malgré les appels du pied de Lukaku, Alderweireld et Openda, entre autres. L’ancien attaquant n’a peut-être pas officiellement soumis son CV, mais secrètement, il espérait prendre la relève de Roberto Martínez. La Task Force n’a jamais envisagé de le désigner. D’une part parce que Henry n’a pas eu une grande réussite en tant qu’entraîneur à Monaco et à Montréal, d’autre part parce que les Diables ont besoin d’une bouffée d’air frais, d’une nouvelle méthode.

Le plan: trouver un entraîneur qui donne de l’importance à Kevin De Bruyne, sans le laisser décider de tout. Mais “KDB” sera notre lien crucial dans les mois et années à venir. Le meneur de jeu doit faire en sorte que la transition vers la nouvelle génération se passe bien, et il sera le chef d’orchestre de la Belgique lors de l’Euro 2024 et du Mondial 2026. Un groupe restreint de Diables est informé du profil recherché. Lukaku tente une ultime fois de convaincre la Fédération de choisir Thierry Henry, en vain. À ce moment, plusieurs candidats ont déjà été interrogés en personne, chacun s’étant rendu en Belgique.

Comme il y a six ans et demi, lorsque Rudi Garcia, Ralf Rangnick et Roberto Martínez étaient en lice pour succéder à Marc Wilmots, quatre questions claires leur sont posées. “1. Qu’est-ce qui n’a pas marché à la Coupe du monde?”, “2. Comment pensez-vous que les Diables Rouges doivent jouer?”, “3. Pensez-vous que la Belgique se qualifiera facilement pour l’Euro de cette manière?”, “4. Comment allez-vous aborder le match contre la Suède?”

Deux candidats restent alors en lice. Leurs noms: Domenico Tedesco et Peter Bosz. Le Néerlandais n’a peut-être pas posé sa candidature de son propre chef, mais lorsqu’il est allé voir l’Antwerp face au Standard fin décembre, il a indiqué, lors d’une brève conversation avec Sven Jacques, qu’il était très intéressé par les Diables. D’importantes négociations, notamment sur son salaire, ont alors lieu.

Domenico Tedesco, cependant, fait la meilleure impression. Il séduit le panel par son discours réaliste et détaillé. Le jeune coach indique qu’il veut presser haut et qu’il aime le football vertical, mais qu’une solidité défensive est également primordiale pour lui. Lors de son entretien individuel avec Vercauteren, Tedesco continue de marquer des points par son professionnalisme et ses ambitions.

L’Allemand croit beaucoup aux futurs talents de notre pays. Dès la première rencontre, Tedesco fait référence à une liste de 40 joueurs susceptibles de rejoindre les Diables Rouges. Peter Bosz représente un style différent. Plus offensif, avec plus de risques. Tedesco est beaucoup plus axé sur les résultats et s’intéresse davantage aux schémas tactiques. La Task Force et Vercauteren sont convaincus: il est l’homme de la situation.

Sa durée de vie lors de ses précédentes expériences est beaucoup plus courte que celle de Bosz, Tedesco n’ayant jamais tenu un poste plus d’un an et demi. Mais la Fédération n’en tient pas rigueur. En équipe nationale, le travail avec le groupe n’est pas quotidien, son énergie et son dynamisme constant peuvent donc être un atout. Les derniers détails ont été réglés cette semaine en Allemagne.

Selon “Bild”, les deux parties ont trouvé un accord pour mettre fin au contrat actuel sans frais. Tedesco renonce au montant restant auquel il avait droit, qui avoisinait le million d’euros. Leipzig ne demande pas non plus à la Fédération de payer une indemnité de départ. Les trois parties sont gagnantes: l’Union belge recrute un entraîneur gratuitement, Tedesco peut commencer à travailler immédiatement, et Leipzig économise les frais de licenciement de son ex-entraîneur. La voie est libre.