“Une Coupe du monde ratée”: Eric Deflandre analyse l’échec des Diables au Qatar

“C’est évidemment une grosse déception. Avec un tel potentiel, les Diables auraient dû faire beaucoup mieux. D’autant que le groupe dans lequel ils figuraient, avec le Maroc, la Croatie et le Canada, était largement à leur portée. Cela ne s’est d’ailleurs pas joué sur ce match contre les Croates, même si on peut avoir des regrets. On aurait dû marquer, vu les occasions obtenues en deuxième mi-temps. Simplement, on paie nos piètres prestations contre le Canada et le Maroc. Ne réussir à inscrire qu’un seul but en trois matches, pour la Belgique, c’est largement insuffisant ! J’aurais bien aimé avoir Lukaku dans l’équipe depuis le début de la Coupe du Monde, car même s’il a manqué d’efficacité, sa présence a amené beaucoup de danger. Voilà, pour résumer, beaucoup de regrets sur un match, mais sur l’ensemble des trois, il n’y a rien à dire. On ne méritait pas mieux. À l’arrivée, c’est une Coupe du monde ratée, parce que le football n’y était pas, tout simplement”.

“Je pense qu’il a manqué un peu de renouveau et de la fougue. L’équipe était pratiquement la même que celle d’il y a quatre ans en Russie. Et quatre ans, c’est long en football. On a vu ce qu’un joueur comme Onana a pu apporter contre le Maroc. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi Roberto Martinez l’a sorti parce qu’il avait une carte jaune. Ni pourquoi quelqu’un comme Trossard, qui casse la baraque en Premier League, n’a pas plus reçu sa chance. Doku également, vu sa capacité à mettre le feu. Mais bon, je ne suis pas le sélectionneur. Et ce sont des choix compliqués à faire, car il sait ce que lui ont apporté les autres durant toutes ces années. Simplement, les autres nations, comme l’Angleterre et l’Espagne par exemple, se sont rajeunies et nous, nous n’avons pas osé et trouver un juste équilibre”.

“À tous, le sélectionneur, le staff, les joueurs. Tout le monde a une part de responsabilité dans ce genre de situation. C’est d’ailleurs surtout le collectif qui a failli, même si certains joueurs, comme De Bruyne, n’ont pas atteint le niveau espéré. Il devait tirer l’équipe, comme toujours, et il n’y est pas vraiment parvenu, peut-être en raison de l’accumulation des matches à haute intensité avec Manchester City. Witsel aussi a été pris en défaut, comme lors du goal encaissé contre le Maroc. Et Batshuayi, hormis son but contre le Canada, n’a pas été exceptionnel non plus. C’est dommage…”

“C’est toujours facile à dire après coup, évidemment. Quand on voit les noms sur le terrain, on se dit tout de même que c’est une belle équipe. Et je ne suis pas de ceux qui ont tendance à brûler un peu vite ce qu’ils ont adoré. Maintenant, ici, les critiques sont justifiées, car cette équipe n’a pas été à la hauteur”.

“Je ne fais pas trop attention à ce genre de chose, car quand les résultats ne sont pas bons, il y a toujours des reproches. Cela a toujours existé. Maintenant, je ne vis pas avec eux, je ne peux donc pas en mesurer le degré. C’est sûr que l’idéal eut été d’avoir un groupe soudé, dont la solidité se ressent sur le terrain, et sur ce plan, on peut se poser des questions. Le problème aussi, c’est que les Diables aujourd’hui sont constamment sur leur téléphone, sur les réseaux sociaux, où le moindre petit truc peut être monté en épingle. À notre époque, tout cela n’existait évidemment pas. Nous nous donnions alors rendez-vous au bar de l’hôtel pour jouer aux cartes ou au ping-pong. Cela n’empêche, ils pourraient trouver d’autres activités, consacrer plus de temps à entretenir la dynamique de groupe. Internet et les réseaux sociaux, cela pollue énormément. Et il n’y a plus le contact humain comme avant”.

“Je pense que de toute façon, cela aurait été compliqué de continuer avec lui. Un échec en Coupe du monde a toujours un impact sur le sélectionneur. Je pense aussi que nous sommes arrivés à un tournant, à la fin d’un cycle. Martinez a apporté énormément au football belge, que ce soit avec les Diables ou au sein de la fédération. Mais il est temps de passer à autre chose”.

“On ne pourra sans doute pas les garder tous, c’est sûr. Maintenant, il faudra en conserver quelques-uns pour assurer la transition et intégrer les jeunes. Je pense à un joueur comme Witsel, qui est un travailleur de l’ombre et se fond parfaitement dans un collectif. Il est toutefois clair qu’il faudra rajeunir, d’autant qu’il y a de la qualité”.

“Je pense le Brésil. Ils ont un remarquable collectif, au sein duquel le danger peut venir de partout, même en cas d’absence de Neymar. J’en fais donc mon favori”.