Bruxelles lorgne sur les terres agricoles brabançonnes et cela agite la sphère politique
La région bruxelloise va acheter, “dans les mois et les années à venir”, des terres agricoles dans les Brabants wallon et flamand afin de préserver la biodiversité et de favoriser une agriculture locale qui pourrait nourrir une partie de la population bruxelloise, a indiqué le ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo), lundi matin sur LN24.
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“La Région mettra ces terres agricoles à disposition d’agriculteurs dans le but de favoriser les circuits courts. Les discussions sont enclenchées”, a assuré le ministre sans entrer davantage dans les détails de ce projet, notamment en termes de budget.
Le MR réagit
Il n’a en tout cas pas manqué de faire réagir Alexia Bertrand, la cheffe de groupe du MR au parlement bruxellois. “Donc la région bruxelloise va acheter des terres en Brabant wallon et flamand pour nourrir les Bruxellois? On entre dans une économie planifiée? Dans la situation actuelle, ce n’est pas le rôle de l’État. La région doit d’abord gérer le peu d’argent qu’elle a pour remplir ses obligations de base (emploi, infrastructures)”, a-t-elle ainsi écrit sur Twitter.
Willy Borsus “stupéfait”
“C’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance des déclarations d’Alain Maron” faisant état, lundi matin sur LN24, de la volonté du gouvernement bruxellois d’acheter des terres agricoles dans les Brabants wallon et flamand, a réagi le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus.
“Les terres agricoles sont déjà extrêmement coûteuses et l’accès à la terre est très compliqué en Wallonie. Qu’une Région vienne annoncer avoir une politique d’achat agricole va augmenter cette pression au détriment des éleveurs, des cultivateurs et des maraichers”, a-t-il pointé en dénonçant par ailleurs “l’absence totale de concertation de la Région de Bruxelles-capitale avec la Région wallonne”, tout comme dans le dossier du péage urbain.
“La Région wallonne a une action très offensive de soutien à l’agriculture, à la diversification agricole, à l’installation des jeunes, au déploiement du maraichage. La Région bruxelloise débarque comme un cheveu dans la soupe dans cette action de long terme, structurée et concertée”, a encore souligné le ministre Borsus.
“Je suis disponible pour réagir et agir en matière d’alimentation de proximité, des ceintures alimentaires autour des grandes villes ou de comment rapprocher producteurs et consommateurs, mais de façon sérieuse, en concertation avec les secteurs concernés, avec les filières alimentaires et sans le faire au détriment des entreprises qui ont développé des initiatives privées pertinentes”, a-t-il conclu.
Une “conception médiévale” du fonctionnement du pays, selon David Clarinval
L’annonce par le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron de l’achat par la Région-capitale de terres agricoles dans les deux Brabants témoigne d’”une conception médiévale du découpage et du fonctionnement du pays”. Elle illustre aussi une “méconnaissance des ambitions de la politique agricole commune (PAC) post-2020 qui souhaite privilégier l’accès à la terre par les jeunes agriculteurs ainsi que le soutien des petites et moyennes exploitations agricoles”, a affirmé lundi après-midi le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval (MR).
Comme Willy Borsus, son homologue libéral en charge de l’Agriculture en Wallonie, M. Clarinval s’est dit “vivement étonné”, des propos du ministre bruxellois de l’Environnement.
“Pareille démarche ne ferait en outre qu’accentuer un peu plus encore l’envolée du prix des terres qui font déjà l’objet, aujourd’hui, d’une spéculation contraire aux objectifs d’une agriculture familiale et de proximité”, a poursuivi David Clarinval, appelant Alain Maron (Ecolo) à renouer le dialogue avec ses homologues wallons et flamands.
La Flandre s’y oppose
La ministre flamande de l’Agriculture Hilde Crevits s’est opposée lundi à l’idée du gouvernement bruxellois d’acheter des terres agricoles en Brabant flamand. Mais elle se dit ouverte à la concertation sur l’approvisionnement de la capitale en produits locaux.
“Les terrains agricoles sont rares en Flandre. Il est essentiel à mes yeux que nos agriculteurs puissent faire leur métier et pour ce faire, ils ont besoin de suffisamment de terres et de sécurité juridique”, a affirmé Mme Crevits (CD&V) en réponse à une sortie du ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo), en matinée sur LN24.
Pour la ministre flamande, les pouvoirs publics n’ont pas pour mission prioritaire d’acheter des terres agricoles et d’agir ainsi sur le marché privé, “en compétition avec nos agriculteurs”.
Elle souligne que sur les 660.000 hectares de terres agricoles au nord du pays, seul un tiers est de la propriété des agriculteurs, les deux autres tiers étant loués par baux saisonniers, à long terme, etc. Hilde Crevits y ajoute le risque de pression à la hausse sur le prix des terrains. Elle dit aussi douter de l’intérêt de ce type d’achat public sur la biodiversité.
“Si la Région bruxelloise veut s’assurer que les Bruxellois reçoivent suffisamment de produits locaux via les circuits courts, nous pouvons leur garantir que nos agriculteurs flamands et wallons y veilleront volontiers. Ils le font déjà aujourd’hui. Nous sommes disponibles pour une concertation et pour rechercher des solutions au cas où il y aurait des pénuries, même si nous n’avons pas connaissance qu’il y en ait”.
Dénonçant une sortie cacophonique, le cdH se dit opposé à toute initiative “à la hussarde”
La stratégie Good Food, lancée par l’ex-ministre Céline Fremault (cdH) en 2016, a pour objectif d’augmenter la capacité de production alimentaire durable de la Région bruxelloise via, notamment, la préservation des terres agricoles à Bruxelles, et en périphérie. Mais la méthode et le timing proposés par le ministre Alain Maron qui lui a succédé sont “regrettables” et même “contestables”, a affirmé lundi le groupe cdH du parlement bruxellois.
Les députés bruxellois cdH se sont dits “très surpris” d’apprendre lundi matin, via l’entretien accordé par le ministre bruxellois de la Santé et de l’Environnement à la chaîne LN24, que la Région bruxelloise avait pour projet d’acquérir des terres agricoles dans les autres Régions afin de nourrir les Bruxellois grâce à des circuits courts.
“La stratégie GoodFood prévoit l’activation du droit de préemption par la Région pour préserver les terres agricoles sur le sol bruxellois. Elle mentionne par contre explicitement la mise en place de dispositifs transrégionaux pour la préservation des terres agricoles en périphérie. Il ne s’agit bien sûr pas pour la Région d’agir à la hussarde, sans concertation, sur le territoires des autres Régions. Or, aujourd’hui, il semble qu’aucun accord interrégional n’ait été bouclé, ni même qu’une discussion avec les ministres des autres Régions ait été entamée”, a fait observer le centre démocrate humaniste.
“Le ministre Maron annonce l’acquisition de terres agricoles en Flandre et Wallonie ce matin, entre deux gorgées de café. Le flou total entoure la question du coût de cette démarche. Et en attendant, les députés bruxellois n’ont toujours pas pu prendre connaissance de l’évaluation de la stratégie Good Food pour savoir où l’on se situe dans les objectifs atteints et à poursuivre”, a commenté la députée cdH Gladys Kazadi.
Le groupe humaniste regrette par ailleurs une communication “cacophonique” du ministre qui met la charrue avant les bœufs: pas d’indication d’une identification ou non des terres, d’un accord ou non avec les autres ministres, du coût de l’opération, et rien non plus sur ce qui est fait pour répondre aux files qui s’allongent devant les associations qui offrent une aide alimentaire.
“Nous ne sommes pas en campagne électorale, mais dans une gestion de crise avec un cadre budgétaire qui est dans le rouge” a conclu la députée à l’attention du ministre Maron.
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