L'alimentation en vrac s'invite au supermarché
Carrefour offre désormais la possibilité à ses clients d'utiliser leurs sacs à vrac et autres boîtes réutilisables aux comptoirs en service. Une première dans la grande distribution non bio, laquelle s'aligne en réalité sur les nombreuses épiceries bio qui font la part belle au vrac depuis quelques années, avec succès.
Le géant de la grande distribution lance son initiative à l'occasion de la Semaine européenne de la Réduction des Déchets. Parallèlement, la Wallonie vient d'annoncer une campagne relative à l'interdiction de l'usage des sacs en plastique à usage unique. Présentée lundi par le ministre de l'Environnement Carlo Di Antonio (cdH), la campagne au slogan accrocheur "Et vous, vous emballez avec quoi ?" vise à promouvoir toutes les alternatives au sac en plastique à usage unique.
Inverser la tendance
"Si le commerce existe depuis des siècles, le sac plastique n'existe que depuis les années 60. Si l'homme s'en est passé autant de temps, pourquoi ne pas inverser la tendance aujourd'hui ?", suggère ainsi Carlo Di Antonio. Depuis le 1er décembre 2016, l'utilisation des sacs en plastique à usage unique est interdite en Wallonie. L'objectif est de privilégier à présent les conditionnements durables.
Et c'est précisément dans cette optique que la marque Carrefour propose désormais à ses clients d'utiliser leurs sacs à vrac et boîtes réutilisables aux comptoirs en service (boucherie, poissonnerie, traiteur). Après un test réussi dans son magasin de Bierges, Carrefour a donc décidé de l'étendre à tous les départements en service des Hypermarchés Carrefour et des Carrefour Market qui sont exploités par Carrefour Belgique, précise la marque dans un communiqué.
Les viandes, poissons et fromages dans une boîte, les légumes dans un sac en tissu
Concrètement, vous pourrez donc "emballer" vos viandes, poissons et autres fromages dans votre boîte réutilisable, sous certaines conditions néanmoins. Il vous faut employer une boîte par type d'aliments afin d'éviter les contaminations. De plus, votre boîte ou sac réutilisable doit impérativement être propre et sec. Si ces conditions ne sont pas respectées, le vendeur se réserve le droit de refuser votre contenant. En ce qui concerne le prix, le vendeur adapte le poids de départ sur la balance, afin que le poids du récipient ne soit pas pris en compte et colle une étiquette de prix sur celui-ci. Pas question donc de payer plus cher.
Au rayon des fruits et légumes, le sac en plastique est toujours autorisé en Wallonie. "Jusqu'au 1er janvier 2018", date à laquelle il sera lui aussi proscrit, rappelle Marie Minet, porte-parole du ministre Di Antonio. Carrefour a pris les devants et propose depuis ce lundi dans son magasin de Bierges des sacs réutilisables solides en tissu pour emballer les fruits et légumes. Un test qui pourrait lui aussi se généraliser s'il s'avère concluant. (Lire la suite ci-dessous).
Une tendance lancée par les petits magasins, reprise par la grande distribution
L'initiative du groupe français est louable mais n'est pas suprenante tant le secteur de la grande distribution sent le souffle de la concurrence des petits magasins et épiceries bio dans son dos. Depuis quelques années, on observe en un effet une conscientisation du citoyen par rapport à son empreinte écologique. L'essor du bio, du local, de la vente en vrac ainsi que du végétarisme et du véganisme en est la preuve.
Ainsi, au Natural Corner, une épicerie bio en vogue à proximité du Mont des Arts à Bruxelles, on confirme l'intérêt grandissant de la population pour la vente en vrac et le circuit court et plus généralement pour l'alimentation durable. "Il ne s'agit pas d'une mode mais bien d'un retour aux bases", souligne Aboudi Essaoui, le gérant du Natural Corner. L'homme de rappeler aussi qu'en plus de l'aspect non écologique des emballages, ceux-ci ont également contribué à l'augmentation des prix. De plus, acheter en vrac permet de limiter le gaspillage, précise M. Essaoui.
"Un grand pas en avant"
Les petits magasins et épiceries bio doivent-ils craindre les initiatives des grandes surfaces qui suivent une tendance qu'ils ont eux-mêmes (re)lancée? Le gros va-t-il à nouveau ne faire qu'une bouchée du petit? Plutôt que les craindre, Aboudi Essaoui les félicite. "Bien sûr, c'est une récupération. Cependant, j'ai envie de dire "tant mieux" si nous, les petits magasins, sommes parvenus à remettre en vogue une façon de consommer plus écologique. Si la grande distribution surfe sur la vague, peu importe leurs motivations, cela permettra de faire un grand pas en avant au niveau de notre empreinte écologique et de changer nos habitudes", se réjouit M. Essaoui qui sait que sa clientèle lui sera fidèle.
Plus qu'une simple mode, la consommation durable constitue certainement l'un des grands défis de ce début de siècle. De plus en plus d'initiatives sont prises en ce sens, qu'elles soient citoyennes, économiques ou politiques. La Wallonie s'alignera d'ailleurs sur la Flandre en instaurant un nouveau sac poubelle. D'une couleur encore inconnue, celui-ci emballera désormais les plastiques qui ne peuvent être jetés dans les sacs bleus (par exemple les raviers de légumes, les barquettes de beurre, les pots de yaourt ou encore les emballages de biscuits), nous confirme-t-on au cabinet Di Antonio.
Objectif zéro plastique en Wallonie
Sur le long terme, la Wallonie se prononce d'ailleurs en faveur d'une interdiction totale des emballages en plastique (sauf exception comme dans le milieu hospitalier, pour cause d'hygiène, nous explique Marie Minet). Une vision qu'on ne peut que saluer et encourager.
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