Les tortues imbriquées sont monogames

Le "stockage de sperme" est également présent chez d'autres animaux, notamment chez les reptiles, les oiseaux et chez d'autres espèces de tortues comme les Testudinidae (tortues cryptodires) et les Malaclemys terrapin (famille des Emydidae). Les femelles peuvent stocker du sperme provenant de plusieurs mâles pendant de longues périodes (le sperme peut rester viable pendant trois ans) ce qui veut dire que leurs oeufs sont parfois fertilisés par plusieurs pères.

Exception qui confirme la règle
Des analyses d' ADN ont été effectuées sur les éclosions des tortues imbriquées sur l'île Cousine, dans l'archipel des Seychelles, afin d' identifier combien de mâles fertilisaient les oeufs pendant une saison de rut. Les tests ont révélé un système d'accouplage monogame: la plupart des oeufs étaient engendrés par un seul mâle, et aucun ne fertilisait plus d'une femelle pendant la saison de 75 jours. Dr David Richardson, a déclaré : "Nous avons été surpris qu'ils soient si monogames. Chez beaucoup d'animaux, la monogamie génétique est l'exception, et non la règle".

Les résultats de l'étude montrent qu' "il y a énormément de mâles" disponibles pour les femelles. "Il est très peu probable que seuls quelques mâles se trouvent au large. Nous pensons que les tortues femelles s'accouplent là où elles font habituellement des provisions et là où elles se nourrissent, à savoir partout dans l'océan Indien". Le nombre de tortues imbriquées mâles contribuant à la prochaine génération est important pour la survie de l'espèce puisque cela augmente la variabilité génétique.  Ce terme "signifie que les tortues peuvent faire face à de nouvelles menaces, de nouvelles maladies ou à tout autre nouveau problème rencontré", a expliqué le Dr Richardson.

Espèce en danger de disparition
Après avoir été victimes de braconnage pendant des années, recherchées pour leur carapace à destination du marché de l'écaille de tortue décorative (désormais illégal), les tortues imbriquées ont été déclarées "espèce en danger de disparition" par l'UICN, Union internationale pour la conservation de la nature.

Présentes dans les eaux tropicales à travers le monde, les tortues femelles se rassemblent sur les plages afin de produire environ cinq pondaisons pendant la saison. La reproduction a quant à elle souvent lieu au large. En analysant des prélèvements d'ADN provenant des éclosions ayant eu lieu sur l'île, les chercheurs ont pu rassembler des informations qu'il aurait été impossible de déduire d'une simple observation.

Le Dr Richardson a déclaré à BBC Nature que cette étude, ainsi que des rapports indépendants indiquant que le nombre de tortues imbriquées augmentait, montre "qu'en matière de préservation, la situation est meilleure que ce que l'on pensait". L'équipe espère que cette étude aidera les défenseurs de l'environnement travaillant sur l'île Cousine à mieux comprendre la vie des animaux et à recentrer leurs efforts.