Pourquoi le dernier “nuage de Tchernobyl” n’est pas comparable avec celui de 1986

Au début du mois d’avril, dès l’embrasement initial, l’inspection écologique ukrainienne avait tiré la sonnette d’alarme et mis en garde les autorités sur une forte hausse de la radioactivité dans la zone d’exclusion de l’ex-centrale nucléaire de Tchernobyl. Le gouvernement avait rapidement démenti dans la foulée. Depuis lors, 20.000 hectares de forêt sont partis en fumée et le nuage n’a pas tardé à plonger la capitale Kiev sous un épais brouillard, quelques semaines plus tard, agrémenté d’une désagréable odeur de brûlé. Il ne s’est évidemment pas arrêté aux frontières nationales. 

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), il a également touché la France, relate France 3 Grand Est, mais “sans toxicité détectable”. Les quantités de radioactivité présentes dans l’air seraient en effet infimes. Pour étayer sa thèse, l’IRSN a réalisé une modélisation (à voir ci-dessous) à partir de données météorologiques qui décrit la dispersion du panache de fumée en Europe. Plus la couleur est rouge foncée, plus l’air est lourdement contaminé. 

Les relevés sont “rassurants”, confirme Roland Desbordes, le porte-parole de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad): “Les relevés se sont révélés très en dessous des seuils d’alerte. En comparaison, quand l’accident nucléaire de Tchernobyl a eu lieu, toutes les sondes gamma se sont mises en alerte. Cette fois, ils n’indiquent pas de radioactivité anormale dans l’air”, explique l’expert. 

Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad, abonde dans le même sens: “Pour la période du 3 au 14 avril, le niveau de césium est tellement faible qu’il n’a pas pu être détecté. Il est inférieur à une dizaine de micro-becquerel par m³ d’air. C’est donc un impact extrêmement faible qui ne nécessite aucune précaution particulière”, précise-t-il. 

Et à ceux qui l’interpellent après avoir constaté sur leurs propres compteurs Geiger une augmentation de la radioactivité, il répond “que ces augmentations, si elles existent, ne sont pas du tout liées aux incendies survenus en Ukraine”...