Sécheresses et canicules vont bouleverser nos habitudes: “Nous abandonnerons l’idée de partir en vacances dans le sud de l’Europe”

En ce qui concerne la sécheresse, Pieter Boussemaere désigne la Turquie, l’Espagne, l’Italie et la Grèce comme des régions à haut risque. “Et pour ce qui est de la chaleur, toute l’Europe peut s'attendre à connaître des vagues de températures avoisinant les 40 degrés l’été prochain. L’Espagne est en première ligne en termes d’impact. Outre la désertification, l’Espagne présente un risque élevé d’incendies de forêt, tout comme le Portugal et la Grèce. Ce risque n’augmente pas seulement en raison du manque de précipitations, mais aussi parce que l’évaporation accrue rend la végétation encore plus sèche qu’auparavant”, explique l'expert dans les colonnes du journal Het Laatste Nieuws.

Les vacances estivales au bord de la Méditerranée seront peu à peu réservées aux personnes capables de supporter des températures extrêmement élevées. “D’ici 2050, peu de gens partiront en vacances d’été dans les pays du pourtour méditerranéen. Ce seront des destinations de voyage pour les vacances de Pâques, ou pour les mois de septembre et d’octobre. Pour l’été, il vaut mieux commencer à chercher d’autres destinations de vacances”, affirme Pieter Boussemaere. Toutefois, estime l'expert, partir en vacances à la mer du Nord sera par conséquent plus attractif, et des destinations comme la Pologne ou encore le Danemark gagneront en popularité.

Le changement climatique contribue à faire en sorte que les vents très forts se bloquent plus souvent, ce qui bétonne en quelque sorte certains schémas météorologiques pour des périodes plus longues. “Nous aurons plus souvent le même temps pendant des semaines, tant en termes de précipitations que de chaleur, ce qui était beaucoup moins fréquent auparavant”, précise Pieter Boussemaere.

L’hydrologue Patrick Meire de l’université d’Anvers souligne quant à lui que dans nos pays de vacances préférés, la France, l’Italie et l’Espagne, les réserves d’eau sont déjà particulièrement basses dans plusieurs régions.

“La sécheresse posera de plus en plus de problèmes dans le sud de l’Europe et, avec les températures élevées, elle réduira l’attrait de cette région si nous ne faisons rien”, prévient-il. L’expert appelle donc à réduire nos émissions de CO2. “Et cela ne peut se faire qu’en passant le plus rapidement possible aux sources d’énergie renouvelables. En clair, si nous voulons encore partir en vacances dans le sud de l’Europe dans 10 ou 20 ans, c’est maintenant qu’il faut opérer cette transition énergétique”, insiste Patrick Meire.

“Oui, cela coûtera de l’argent", admet-il. “Cependant, nous ne devrions pas considérer cela comme un coût, mais comme un investissement. Nous devons également nous rendre compte que si nous ne pouvons plus louer une villa avec piscine dans le sud de la France, cela posera des problèmes aux habitants de cette région. Non seulement en termes de tourisme, mais aussi au niveau de l’agriculture et dans de nombreux secteurs économiques.”

Patrick Meire estime qu’il est trop tôt pour faire des prévisions pour cet été, mais il prévient que le manque d’eau menace également la Belgique. “Cinq des six derniers étés ont été très secs et, aujourd’hui, le niveau des nappes phréatiques est bas à plusieurs endroits, de sorte que les pénuries et les mesures associées deviennent réalistes. À moins qu’il ne pleuve tout le mois d’avril”. En effet, des niveaux d’eau élevés au début du printemps constituent la meilleure protection contre une éventuelle sécheresse plus tard dans l’année.

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