Catastrophe pour l’emploi en Wallonie, un site d’AGC va fermer: “Une véritable injure”
Il y a un an quasiment jour pour jour, AGC Automotive Belgium avait communiqué à son conseil d’entreprise son intention de procéder à un plan de restructuration du site de Fleurus en Belgique. Une diminution des effectifs de 40 personnes sur un total de 188 travailleurs occupés dans l’usine, était envisagée. Les syndicats évaluaient, eux, la perte d’emplois à 52 en tenant compte des Contrats à Durée Déterminée (CDD). Aujourd’hui, la pilule à avaler est encore plus amère.
Malik HadrichDernière mise à jour:09-02-22, 19:20
Le site d’AGC Automotive Belgium à Fleurus va fermer d’ici à 2023. C’est l’intention que l’entreprise a communiquée ce mercredi à son conseil d’entreprise. L’usine occupe actuellement 187 travailleurs: 145 ouvriers et 42 employés. Un licenciement collectif est prévu. "Des solutions seront étudiées pour minimiser l’impact social” annonce la société dans son communiqué de presse. “Un plan social et des solutions alternatives seront examinées avec les partenaires concernés”.
Le secrétaire régional à la Confédération des Syndicats Chrétiens Bâtiment-Industrie & Énergie (CSCBIE), Andy Solimando, souligne à ce sujet: “Suite à cette annonce de la fermeture du site de Fleurus, nous allons mettre tout en œuvre pour présenter des pistes alternatives, sauver un maximum d’emplois et obtenir des solutions acceptables et respectueuses pour tous les travailleurs”.
Douche froide
Toutefois, les négociations seront âpres. Car les syndicats l’ont mauvaise. “La direction japonaise a décidé: l’entreprise verrière AGC Fleurus fermera ses portes fin 2023. Après cinq restructurations, une hyper flexibilité des travailleurs, une expertise mondialement reconnue et des fonds publics engloutis, la direction japonaise décide de faire table rase et de fermer son site carolo. Une véritable injure pour les 187 travailleurs qui se sont battus jusqu’au bout pour sauver l’emploi et l’avenir du secteur verrier en Wallonie” publie sur sa page Facebook officielle la Centrale Générale de la Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB).
La CSCBIE témoigne également de sa déception dans un communiqué de presse: “Alors qu’ils nourrissaient encore une petite lueur d’espoir d’obtenir de nouveaux investissements sur leur site suite au changement d’actionnaires récent qui avait conduit à la suspension de la restructuration annoncée en septembre 2021, c’est finalement la douche froide pour tous les travailleurs d’AGC Fleurus!
La perte de confiance vis-à-vis du groupe est totale! Le site de Fleurus a déjà connu plusieurs restructurations au cours des 20 dernières années. Les travailleurs ont fait de très gros efforts depuis la dernière restructuration en 2010: flexibilité totale et polyvalence accrue, réorganisation des horaires et du travail... Des efforts qui s’avèrent finalement vains!”
Pourquoi?
Actif dans la fabrication de vitrages feuilletés à destination du secteur automobile européen, AGC Automotive Belgium justifie sa décision: “Dans un marché automobile instable et en profonde mutation, la profitabilité de l’activité pare-brise est mise à mal, depuis plusieurs années déjà, par une concurrence forte et mondialisée entre les verriers et par les évolutions technologiques liées aux produits. Au cours de ces deux dernières années, les difficultés du groupe à saturer ses lignes de production de verre feuilleté se sont accrues du fait de la crise Covid-19 et de la crise des semi-conducteurs qui perdurent.
Plus récemment encore est venue s’ajouter une impressionnante augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières.
AGC Automotive Belgium
Plus récemment encore est venue s’ajouter une impressionnante augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières. Ces augmentations de prix ont fortement accentué les pertes de l’activité Automobile, nécessitant de lancer rapidement des actions fortes afin de préserver la pérennité d’AGC en Europe, notamment: arrêt des business non rentables, réorganisation du footprint industriel, mais aussi repositionnement stratégique du Groupe par rapport à ses sites de production en Europe”.
Le responsable sectoriel à la CSCBIE, Luca Baldan, ne nie pas les difficultés du secteur: “Les grands groupes verriers en Europe suppriment des lignes de production et pratiquent une politique de prix bas afin d’être plus concurrentiel. Suite à la diminution de la rentabilité aggravée par la hausse des prix de l’énergie, ce sont finalement les travailleurs qui sont les victimes de cette concurrence effrénée. En outre, de plus en plus d’activités sont délocalisées vers des pays où l’énergie et la main-d’œuvre sont moins chères, notamment à l’Est et en Chine”.
La CSCBIE déplore également le système concurrentiel mis en place par le groupe AGC lui-même entre ses différents sites.
Restructuration insuffisante
En septembre 2021, le fournisseur de verre avait pourtant déjà envisagé un licenciement collectif de 40 travailleurs sur le site de Fleurus. Le but de la restructuration était d’adapter l’organisation de l’usine à la baisse prévisible de son niveau de production causée par la non-obtention de nouveaux modèles pour les prochaines années. Un certain nombre de réflexions avaient été engagées impliquant les représentants syndicaux.
“Malheureusement, la situation globale de l’activité Automobile d’AGC en Europe s’est encore fortement dégradée au fil des derniers mois. Face à ces difficultés cumulées, les pistes d’économies pour l’usine de Fleurus tant sur les coûts fixes de production que sur les coûts variables, pistes qui auraient pu déboucher sur l’obtention de nouveaux modèles ou de nouveaux investissements, ne suffiront pas au site pour se redresser de sa situation chroniquement déficitaire” déclare le groupe industriel.
Le site de Fleurus n’est pas le seul aux mains d’AGC en Europe à devoir arrêter ses activités. Celui de Wegberg en Allemagne subit la même déconvenue. 84 emplois devraient y être sacrifiés.
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