Charleroi manque de commerces, une prime va être lancée: “La Ville n’a rien à dire là-dessus”
Interview exclusiveDepuis que le centre commercial Rive Gauche a établi ses quartiers à la Ville-Basse à Charleroi, deux rues traditionnellement commerçantes des environs se sont vidées de leur substance: la rue Neuve et celle de la Montagne. De nombreux magasins ont préféré se déplacer dans le nouveau complexe lors de son ouverture en mars 2017. Peu ont été remplacés et les espaces laissés vides sont souvent occupés par des Sans Domicile Fixe (SDF) et/ou drogué(e)s. Mais l’Échevine du Commerce, Babette Jandrain (PS), a un plan pour rendre à ces artères leurs lettres de noblesse.
80 cellules commerciales sont indiquées vides dans la rue Neuve et la rue de la Montagne à Charleroi. C’est ce qui ressort de l’inventaire tenu par le Bureau du Commerce et publié sur son site web. Le constat est sans appel. Cela ne manque pas de faire beaucoup de peine aux Carolos qui se remémorent le passé glorieux de ces avenues.
Nouvelle prime
Babette Jandrain le sait mieux que quiconque. Elle va inaugurer une prime pour redynamiser l’activité commerciale: “Il s’agira d’une prime à l’installation pour inciter les entrepreneurs à se lancer”.
Cet incitant financier sera d’actualité lorsque les travaux en centre-ville seront terminés: “Cela n’a pas beaucoup de sens de l’officialiser avant vu que les chantiers empêchent la libre circulation des badauds”. Néanmoins, la socialiste s’empresse d’ajouter: “Les magasins existants ont la possibilité de demander l’aide de la Région Wallonne pendant la durée des travaux. Maxime Hardy (NDLR. député wallon socialiste) a récemment réclamé au ministre compétent de revoir à la hausse la prime régionale de 6.000 euros pour ceux qui sont situés près de la rue de la Régence à la Ville-Haute. Car les ouvrages y ont pris du retard. Les commerçants n’y peuvent rien. Les retours à la requête de mon collègue ont été plutôt favorables”.
Montant
Le montant du futur coup de pouce communal, lui, variera en fonction des projets: “Il sera calculé en rapport avec l’investissement consenti. Évidemment, un plafond sera défini, un peu à l’image de l’action Créashop que nous avions appliquée dans le passé”.
Créashop est un appel à projets qui visait à soutenir l’éclosion d’un commerce de qualité, à lutter contre la vacuité des cellules commerciales et à agir sur la mixité de l’offre commerciale et l’autocréation d’emplois. Les lauréats bénéficiaient d’une prime qui couvrait jusqu’à 60 pourcents des frais d’aménagement relatifs à l’ouverture d’une nouvelle enseigne. La somme maximale disponible pour chacun d’eux était de 6.000 euros. Celle de la future nouvelle prime n’a pas encore été fixée: “Nous devons encore plancher sur la question”.
Qui a le droit?
Tout le monde n’aura pas droit à cet adjuvant monétaire. Tout dépend du secteur dans lequel l’indépendant(e) s’impliquera. L’objectif est d’éviter de voir se multiplier des commerces similaires dans le même quartier: “La réalité est que le propriétaire d'un bien immobilier choisit l’activité qu’il va héberger. La Ville de Charleroi n’a rien à dire là-dessus. Mais nous essayons d’influencer les orientations. Par exemple, si une boucherie décide de s’installer dans un périmètre qui compte déjà 15 autres boucheries, elle ne bénéficiera pas de la prime d'installation. Si, par contre, elle est la première dans les environs, elle pourra en jouir. Cela signifie aussi que les initiatives innovantes seront récompensées”.
La prime sera valable sur l’ensemble des 15 anciennes communes sur le territoire de la Ville de Charleroi: “C’est important, car malgré la fusion des communes opérée en 1977, les gens se sentent d’abord Couilletois ou Gilliciens. Faire revivre le commerce de proximité est donc essentiel à nos yeux. Il faut que nos concitoyens puissent trouver tout ce dont ils ont besoin à portée de main sans devoir nécessairement se déplacer au cœur de Charleroi”.
Mesures de soutien
Toutefois, la majorité communale est en place depuis 2018. Le centre-ville de Charleroi demeure, lui, mal en point. Il est pourtant la vitrine de la métropole: “Les circonstances ne sont pas favorables. Il y a eu la crise sanitaire et désormais, il y a les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Le coronavirus a été fatal à certains. D’autres n’en ressentent le contrecoup que maintenant. Nous avons investi dix millions d’euros pour soutenir les secteurs en difficulté tant qu’on le pouvait. Il y a eu les 20 Carol’Or (NDLR. monnaie locale d’une valeur de 20 euros) offerts à chaque citoyen. Il y a eu l’action 'C bon pour le local’, etc.”
“C bon pour le local” était une plateforme web de bons d’achat à valoir dans les commerces de proximité du territoire carolo. Ces bons donnaient droit à une plus-value de 20 pourcents sur le prix d’achat. La valeur était directement reversée au commerçant de sorte de renflouer sa trésorerie.
Bureau du Commerce
En parallèle à cela, un Bureau du Commerce a récemment été mis sur pied: “Il offre un soutien aux commerçants ou futurs commerçants qui rencontrent des obstacles sur leur parcours. Tout y est centralisé. Par exemple, si quelqu’un recherche un emplacement avec un parking à proximité, les salariés du Bureau du Commerce lui détailleront toutes les possibilités. Cela représente un gain de temps considérable”.
Pour l’instant, on n’en voit pas encore les fruits: “Il faut être patient. Le Bureau du Commerce n’existe que depuis le mois de juillet 2021. Cela ne fait même pas un an. Gand et Anvers ont ouvert leur Bureau du Commerce dans les années 90. Liège en 2010. Et l’impact y est indéniable. Il faut du temps”. Aux dernières nouvelles, 16 pourcents des surfaces commerciales sont inoccupées en Cité Ardente.
Évolution
En tout cas, notre interlocutrice est extrêmement satisfaite de la manière dont les choses avancent: “En quelques mois, le Bureau du Commerce a élaboré un guide du commerce en ligne régulièrement mis à jour. Une version papier va être disponible dans toutes les maisons communales. Elle sera envoyée par courrier à tout nouvel habitant. C’est primordial, car la fracture numérique existe. Tout le monde n’a pas accès à Internet. D’autres ne savent pas surfer sur le web.
Le Bureau du Commerce a aussi démarché un peu partout pour attirer de nouveaux investisseurs ou pour tenter de faire revenir des commerçants en cherchant à comprendre la raison de leur départ. Son site web répertorie toutes les échoppes et toutes les cellules commerciales vides sur le territoire de Charleroi. Réaliser cet inventaire a constitué un travail monstrueux. Sur le site web, il y a une rubrique ‘Propriétaire’ où chacun peut signaler les cellules vides qui lui appartiennent et apporter les renseignements complémentaires qu’il souhaite”.
L’enthousiasme l’habite: “Oui, il y a des commerces qui ont mis la clé sous le paillasson comme les Tartes Vertes. Mais il y en a d’autres qui sont arrivés comme Le P’tit Robert, le Point Chich ou Iconic Outlet à la place de l’ancien C&A. Il y a aussi l’influenceuse, Emilie Liégeois, qui a créé sa boutique ‘Yvette’ au Boulevard Tirou. Elle avait démarré par des ventes en ligne avant d’ouvrir son magasin physique. Il y a même la bijouterie Polomé qui a déménagé pour tripler la surface de sa structure. Preuve que pour elle, les affaires vont bien”.
Ambitions
L’heure du bilan n’a pas encore sonné, mais elle s’en rapproche. En 2024, de nouvelles élections communales seront organisées. Babette Jandrain n’évoque pas ses ambitions pour la rue Neuve et celle de la Montagne de gaieté de cœur: “Prétendre que 100 pourcents des cellules commerciales vides y auront trouvé preneurs, ce serait mentir. C’est impossible. Les chantiers, la crise sanitaire... Tout ça, ça ralentit la redynamisation commerciale. Mais il faut être capable de s’adapter et de se réinventer”.
Cependant, elle se prête quand même au jeu. Ne fût-ce qu’avec des pincettes: “Idéalement, occuper trois quarts des emplacements disponibles serait magnifique. Tout en sachant qu’il n’est jamais simple de deviner ce que l’avenir réserve. En tout cas, je fais tout pour parvenir à mes fins et je suis très optimiste. Si malgré cela, nous n’arrivons pas à atteindre cet objectif élevé, ce ne sera pas grave”.
Elle a une vision très claire de ce que doit devenir le centre-ville: “Il doit être la vitrine des porteurs de projets citoyens. Mais comme c’est le cas dans le Namurois, il doit aussi être une expérience pour toute personne qui s’y balade. En se promenant, le visiteur doit être incité à y faire son shopping avant de finalement, y rester jusqu’en soirée pour aller au restaurant avec des amis”.
D’après le dernier comptage communiqué par l’Association de Management du Centre Ville (AMCV), 875 commerces sont en activité dans le cœur de la cité carolo. Néanmoins, 24,1 pourcents des cellules commerciales y restent inoccupées. C’est l’un des pires résultats en Wallonie avec Mons, Dinant et Couvin.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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