Des vêtements en vente au prix de un à cinq euros à Charleroi: “Un succès fou”
InterviewLe ralentissement, voire l’arrêt temporaire des activités professionnelles dus au coronavirus, la hausse des prix de l’énergie, l’inflation... Toutes ces circonstances rendent la vie des citoyen(ne)s belges beaucoup plus difficile. À Charleroi où le revenu moyen par habitant est de 28 pourcents inférieur à la moyenne nationale, ça l’est davantage encore. Une association y a donc décidé d’aider les gens à s’habiller.
Malik Hadrich
De un à cinq euros par vêtement. C’est le prix proposé aux client(e)s de la Vestiboutique. Ouverte chaque samedi entre dix heures et 18 heures depuis le 22 janvier dernier, celle-ci se situe au numéro 52 de la rue de Marcinelle à Charleroi.
Le magasin est uniquement alimenté par des dons. “Ils sont arrivés tous azimuts, mais ce sont des vêtements propres et de qualité. Il y a même une dame qui a repassé toutes ses pièces avant de nous les fournir” se réjouit le responsable de l’initiative, Hicham Imane.
Ce dernier insiste, tous les habits mis en vente sont en bon état: “Nous recevons des sacs entiers. Nous vérifions et trions ensuite les différentes pièces par catégorie: hommes, femmes, enfants et bébés. À la fin, elles se retrouvent dans les rayons”.
“Succès fou”
S’il ne peut nous communiquer des chiffres précis par rapport aux trois premiers week-ends d’ouverture, il est absolument ravi de la tournure des événements: “Notre magasin rencontre un succès fou. Beaucoup de personnes viennent pour se rhabiller en cette fin d’hiver, début de printemps. Chaque week-end, nous avons récolté environ 200 euros. Cela représente grosso modo entre 200 et 300 fripes écoulées”.
Activité complémentaire
C’est l’Association Sans But Lucratif (ASBL) La Faim du Mois qui gère la boutique. Pourtant, ce n’est pas son activité de base. D’habitude, elle distribue des repas et des colis alimentaires aux plus démunis chaque samedi à Charleroi: “Depuis le début de la crise Covid-19, nous avons offert 100.000 repas et 30.000 colis alimentaires”. En 2021, ce ne sont pas moins de 25.000 mets qui ont été cuisinés.
Comment l’ASBL en est-elle dès lors arrivée à vendre des vêtements à petits prix? “Lors de l’attribution de la nourriture, beaucoup de bénéficiaires se sont plaints auprès de nos bénévoles du coût de la vie. Si vous additionnez le loyer, le chauffage, l’électricité, le moyen de locomotion, il ne reste plus rien dans le portefeuille. Nous ressentons fortement cette inquiétude depuis une bonne année maintenant.
Avec l’inflation galopante, de nombreux quidams sacrifient leurs vacances, leurs loisirs, leur habillement...
Hicham Imane, Co-gérant de l’ASBL La Faim du Mois
Avec l’inflation galopante, de nombreux quidams sacrifient leurs vacances, leurs loisirs, leur habillement... Malheureusement, l’étau se resserre. Nous avons donc eu l’idée de brader des tissus. D’un côté, cela répond à un besoin de la population. D’un autre côté, cela nous permet de faire rentrer un peu d’argent et de pérenniser notre association”.
SDF
Les Sans Domicile Fixe (SDF), eux, ont déjà accès gratuitement aux vêtements depuis cinq ans. Certaines pièces comme les écharpes, les gants et les bonnets leur sont mêmes réservées. “C’est ce que les sans-abri usent le plus” explique notre interlocuteur.
À l’heure actuelle, personne ne connaît le nombre de SDF présents dans la ville de Charleroi. Fin 2021, un recensement a été mené par des équipes de chercheurs du Centre Interdisciplinaire de Recherche Travail, État et Société (CIRTES) de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve (UCLouvain) et du Centre de recherche et de conseil sur les soins de santé, Lucas, de l’Université Catholique de Louvain (KU Leuven). Son commanditaire, la Fondation Roi Baudouin, en présentera officiellement les résultats le 17 mars 2022.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.