La stratégie de Paul Magnette pour booster l’emploi à Charleroi: “6.000 jobs dans les trois à cinq ans”
Le chômage est un fléau qui touche particulièrement Charleroi. Tout le monde s’en rend compte. Le bourgmestre, Paul Magnette (PS), en premier lieu. Ce qui ne signifie pas qu’il est résigné. Au contraire! Il a mis sur pied un projet qui doit sortir sa ville du marasme.
“6.000 emplois directs vont être créés dans les trois à cinq ans à Charleroi. Et des emplois de toute typologie. Cela va du médecin aux emplois qui ne nécessite aucune qualification préalable”. C’est ce qu’annonce le maïeur carolo, Paul Magnette. “Il faut ajouter à cela les 2.250 postes de travail qui sont disponibles actuellement au Forem (NDLR. l’Office wallon de la Formation et de l’emploi)”.
Les prochaines arrivées de la caserne militaire dernier cri, d’Aerospacelab, de l’unité de démantèlement et de recyclage d’avions ou encore d’un des trois centres logistiques wallons de transformation de l’alimentation doivent contribuer à cet essor. Celle de Legoland aussi, même si elle n’est pas encore garantie puisqu’une clause de retrait est incluse dans le contrat signé entre toutes les parties concernées.
Objectif dépassé
Si ces promesses venaient à se concrétiser, elles dépasseraient l’objectif fixé par le socialiste en matière de création d’emplois: “Cela irait au-delà de la génération de 1.000 jobs par an qui est notre ambition”.
Cette ambition, Paul Magnette la nourrit à partir de l’analyse effectuée par la cellule Catch. Cette dernière avait pour mission d’accélérer la croissance de l’emploi dans la région de Charleroi: “Le constat est que depuis les années 90, il y a beaucoup de constructions d’emplois à Charleroi. Mais il y a aussi beaucoup de destructions d’emplois. Entre 2005 et 2015, on est passé de 126.000 à 127.000 travailleurs actifs. C’est très peu. 10.000 postes ont disparu tandis que 11.000 autres ont vu le jour. La croissance et le rajeunissement démographique de notre ville n’aident pas. Ils accentuent le taux de chômage. Et c’est ce qui fait une grande différence avec l’Allemagne ou la Flandre, par exemple”.
La reconversion économique du Pays Noir entamée il y a quelques années lui fait entrevoir des jours meilleurs: “Depuis la fin de l’année 2010, nous ne connaissons plus de suppressions massives d’emplois comme cela a été le cas avec Carsid ou Caterpillar. J’espère que nous sommes arrivés au bout d'un cycle industriel et que nous sommes au début d’un autre à très long terme”.
Structure économique
Le président du Parti Socialiste (PS) est structuré. Son plan pour le développement économique de sa cité est subdivisé en fonction des différents districts.
District Centre
Dans le District Centre, il mise sur l’emploi public, les services, les commerces et le digital: “Sans oublier Charleroi Entreprendre”. Charleroi Entreprendre a pour vocation d’offrir aux entrepreneurs et porteurs de projet sur Charleroi Métropole un accompagnement complet et personnalisé.
“Le nombre de mètres carré de bureaux qui vont faire irruption à la Ville-Basse au cours des cinq prochaines années apporte une indication. C’est un millier d’emplois qui vont voir le jour. De plus, l’AViQ (NDLR. l’Agence pour une Vie de Qualité) va déménager et apporter avec elle 400 salariés. C’est important, car c’est ce qui va nourrir l’HoReCa (NDLR. Hôtellerie-Restauration-Cafés), les commerces...”
District Est
Dans le District Est, l’accent est mis sur l’économie circulaire: “Des infrastructures environnementales sont construites. L’ancienne friche industrielle de Farciennes (NDLR. qui ne fait pas partie du territoire de Charleroi) a été transformée en Écopôle. Google va s’y installer et engendrer à terme 600 emplois. Dans ce district, nous escomptons la création de 1.000 postes sur les cinq prochaines années”.
District Ouest
D’après Paul Magnette himself, le District Ouest est “le plus compliqué à redéployer”: “Il y a eu la fermeture de Carsid. C’était une zone sidérurgique et elle est en déclin. Mais cela implique aussi la libération de 100 hectares de terrain. Ils sont en cours de réhabilitation, mais il n’y a pas encore de secteur professionnel phare”.
Concrètement, la sidérurgie et l’industrie y auront encore leur place. À leurs côtés, on retrouvera, entre autres, un pôle agro-alimentaire, la cuisine centrale et son hub logistique ainsi que la caserne du futur de la Défense: “Nous pensons que leur venue va attirer des investisseurs qui pourront nouer des liens avec eux. Il y a du potentiel pour une conserverie, un pressoir, etc.”
District Sud
À l’inverse du District Ouest, le District Sud est déjà bien lancé sur la voie du succès. Y sont déjà présents Alstom, Thales, Nexans pour ne citer que quelques exemples: “Tous vont, à terme, embaucher. Alstom est déjà en quête d’une centaine de profils. Et Aerospacelab va apporter 500 jobs directs dans la zone”.
District Nord
Enfin, le District Nord est en plein développement depuis le début du 20e siècle. Avec comme figure de proue, le Biopark: “En 2019, le site comptabilisait 1.650 emplois. Aujourd’hui, on en est à 3.200. Cela a doublé. Et 300 fonctions supplémentaires par an sont attendues au cours des cinq prochaines années”.
C’est là-bas que l’unité de démantèlement et de recyclage d’avions ainsi que Legoland vont ou devraient s’implanter.
Formation
Évidemment, cela ne signifie pas que tous les postes vacants seront occupés par des Carolos. L’un des freins à l’embauche pour les habitant(e)s de la région est le manque de qualifications. Même si presque toutes les universités francophones ont maintenant des antennes dans la plus grande ville wallonne, Charleroi n’est pas une ville universitaire. C’est un handicap.
C’est pourquoi Paul Magnette cherche à développer les formations sur son territoire: “C’est essentiel que les jobs créés restent aux Carolos”.
District Centre
Dans le District Centre, la Cité des Métiers est en cours de construction. Le hub d’innovation et de formation numérique et technologique de Charleroi, A6K/E6K va bénéficier d’un investissement massif grâce au plan de relance européen.
Dans le même temps, Charlewood, l’IFAPME (Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises) et BeCode sont déjà bien ancrés dans le paysage local. “Le centre-ville est particulièrement adapté à ces offres, car il est facilement accessible en transport en commun et c’est aussi sa vocation”.
District Est
Dans le District Est, la Haute École de Louvain en Hainaut (HELHa) va se développer: “Il y a une volonté d’étendre la formation. Par exemple, on peut y suivre des cours sur le système alimentaire durable ou encore la biopharmaceutique”.
District Sud
Dans le District Sud, la Haute École Provinciale de Hainaut (HEPH) Condorcet suit le même mouvement: “On peut déjà y obtenir un Master en jeux vidéos, en économie éco-solidaire ou en diététique”.
La plus grande école européenne de biotechnologie, “l’EU Biotech School” va, elle, s’arrimer au District Nord: “Elle va proposer une formation ciblée élaborée avec les entreprises du secteur”.
District Ouest
Enfin, le District Ouest héberge le Pôle de Reconversion et le site de Monceau-Fontaines. En parallèle à cela, les programmes “Coup de Boost” du Forem, “Territoire Zéro Chômeur Longue Durée” (TZCLD) de la Région Wallonne et le concours de “DUO for a JOB” doivent constituer autant d’aides à l’embauche.
Diversification
“Contrairement au passé où Charleroi privilégiait les charbonnages et les industries lourdes, nous avons décidé de diversifier les activités professionnelles sur le territoire” indique Paul Magnette.
De la sorte, l’économie carolo repose sur de nombreux piliers au lieu d’un ou deux. Si l’un d’eux s’écroule, cela ne menacera pas l’édifice entier: “De toute manière, la question n’est pas d’actualité. Tous les secteurs professionnels représentés à Charleroi sont en pleine expansion. Le problème est plutôt de trouver des terrains disponibles et du personnel. Le pôle AMS (NDLR. Aciéries et Minières de la Sambre) était vide il y a 30 ans. Maintenant, il est presque complet. Seul l’aéronautique devra se réinventer à cause du réchauffement climatique”.
Taux de chômage
Cependant, l’homme fort carolo ne veut pas avancer de chiffres de réduction du taux de chômage: “Tout d’abord, le taux de chômage est déjà en baisse depuis huit ou neuf ans à Charleroi. Ensuite, mon objectif s’exprime en termes de création d’emplois. Car le taux de chômage dépend de nombreux facteurs: la démographie, la volonté des Carolos à suivre une formation... Ce sont des éléments sur lesquels nous n’avons aucune prise”.
Si le taux de chômage diminue au fil des ans, il s’explique en partie par l’exclusion des bénéficiaires des allocations d’insertion à l’issue de trois années. Cette décision avait été adoptée par l’ancien gouvernement fédéral d’Élio Di Rupo (PS).
Par ailleurs, en date du 31 août 2020, Charleroi faisait partie des communes où le taux de chômage était au moins 20 pourcents plus élevé que le taux de chômage moyen de la Wallonie.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
LIRE AUSSI
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Legoland à Charleroi: la Wallonie se frotte les mains
La probable future implantation d’un Legoland Benelux à Charleroi, sur l’ancien site de Caterpillar, est d’une importance stratégique pour l’écosystème touristique wallon, ont souligné mardi les différents partenaires lors d’une conférence de presse de présentation du parc d’attractions. -
Les réactions politiques affluent suite à la future fermeture d’un site wallon d’AGC: “Inacceptable”
Le site d’AGC Automotive Belgium à Fleurus va fermer d’ici à 2023. C’est l’intention que l’entreprise a communiquée ce mercredi à son conseil d’entreprise. L’usine occupe actuellement 187 travailleurs: 145 ouvriers et 42 employés. Un licenciement collectif est prévu. Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. -
UBS pourrait racheter Credit Suisse, son rival en grandes difficultés
UBS, la première banque suisse, est en pourparlers pour le rachat total ou partiel de Credit Suisse, son rival en grandes difficultés, avec la bénédiction expresse des autorités de régulation suisse, affirme vendredi le Financial Times. -
Vers un tour de vis budgétaire? “Il n'y a pas de marges pour de nouvelles dépenses”
Le gouvernement se retrouvera dimanche à 13h pour un premier round de négociation en vue du contrôle budgétaire 2023 autour du Premier ministre, Alexander De Croo. L’après-midi de samedi sera quant à elle consacrée à des entretiens bilatéraux. -
Livios
Travaux de jardinage: « En mars, c’est le moment de semer mais gare aux risques de gel »
En mars, c’est le retour du printemps: le top départ pour de nombreux jardiniers amateurs. Mais le risque de gel est encore possible et peut causer beaucoup de dégâts. Le site de la construction Livios a demandé à Bart Verelst, expert jardinier, les choses à faire et celles à éviter dans le jardin en mars.
-
Un pas en avant vers le recyclage des avions à Charleroi: “Il sera créateur d’emplois”
Le Plan de relance de la Wallonie créé en octobre 2021 comporte 319 mesures réparties en 22 objectifs stratégiques. Le gouvernement wallon vient de donner son feu vert dans quelques dossiers importants. Charleroi va en sortir gagnant. -
Guide-epargne.be
Un prêt hypothécaire ou prêt rénovation coûte plus cher que vous ne le pensez: tenez compte des frais supplémentaires suivants
Emprunter coûte de l’argent. Vous avez probablement déjà rencontré cette phrase plusieurs fois. Elle doit être reprise dans toute publicité pour des prêts. Toutefois, emprunter coûte souvent plus cher que vous ne le pensez. De nombreux frais supplémentaires peuvent y être liés. Ci-dessous, Guide-epargne.be vous fournit un aperçu. -
Monenergie.be
Quel est l'endroit le plus avantageux pour recharger votre voiture électrique?
De plus en plus de véhicules électriques circulent dans nos rues. Ceux qui veulent recharger leur voiture disposent de plusieurs options. Monenergie.be a vérifié où vous devez payer le moins pour recharger entièrement votre batterie.