Le nombre de bénéficiaires des Restos du Cœur explose à Charleroi
ReportageC’était prévisible. En plus de causer des dégâts sanitaires, le coronavirus affecte l’économie du pays. Avant cette crise, une personne sur cinq en Belgique vivait déjà sous le seuil de pauvreté. Les Restos du Cœur de Charleroi le constate: la tendance est aujourd’hui à la hausse.
Les Restos du Cœur de Charleroi observent une augmentation de 80% des demandes depuis que le coronavirus a chamboulé nos vies. Cela correspond à plus de 1.000 nouvelles personnes différentes et à 450 colis alimentaires par jour. C’est énorme! “Et malgré le déconfinement, la courbe continue de croître. On ne sait pas où cela s’arrêtera” nous confie la responsable de l’organisation humanitaire, Céline Pianini.
Lundi à dix heures du matin, la file de demandeurs devant les locaux est déjà longue de plusieurs mètres. Pourtant, les services n’ouvrent leurs portes qu’à partir de 11 heures et demie.
Coûts supplémentaires
Cela interpelle forcément Céline Pianini: “Comment allons-nous continuer à répondre aux demandes? C’est la grande question que nous nous posons. Pour l’instant, nous essayons de nous organiser pour faire face à cette augmentation. Nous sensibilisons davantage pour récolter plus de produits invendus dans les magasins. Nous répondons aussi à toutes sortes d’appels à projets afin de bénéficier de subsides. Ce qui nous permet de couvrir une partie des frais supplémentaires.”
Néanmoins, ce ne sera pas suffisant pour s’acquitter de l’ensemble des nouvelles dépenses: “Si le coronavirus ne disparaît pas d’ici la fin de l’année, nos dépenses devraient augmenter d’au moins 40.000 euros par rapport à ce qui était prévu. Sans compter que nous proposons un coin parent-bébé et qu’il faut le financer! Les familles avec des enfants en bas âge peuvent s’y rendre gratuitement. Du personnel est engagé et nous prenons en charge les couches, les lingettes, les biscuits... Ici, nous pouvons nous attendre aussi à un supplément des coûts de l’ordre de 40%.”
Pas de quoi cependant la démoraliser! “Je reste motivée car j’ai un rôle à jouer au sein d’une structure importante qui a un véritable impact sur la société. Sortir les gens de la précarité, c’est un grand défi.” Car si les Restos du Cœur offrent de la nourriture aux nécessiteux, ils proposent également de l’aide administrative.
Guichets
Autre conséquence du coronavirus: le restaurant n’accueille plus personne en son sein. Deux guichets ont été installés. Le premier pour répartir les lunchs packs et le second pour le service social.
“Si nous devions recevoir les bénéficiaires dans notre salle de restaurant en respectant les mesures de sécurité, nous serions obligés d’organiser sept services sur une journée. C’est tout bonnement impossible. Ou alors, il faudrait faire une sélection. Pour nous, c’est impensable” explique la directrice des Restos du Cœur.
Deux nouveaux bénéficiaires
Dehors, la file s’allonge tant et plus alors que l’heure d’ouverture approche. Jamel a 25 ans et cela fait un mois désormais qu’il vient tous les jours: “J’ai raté mon test à la Légion Étrangère. Dans le même temps, j’ai perdu mon appartement. Mon bail n’a pas été renouvelé. Grâce à une ASBL (Association Sans But Lucratif), j’ai trouvé un autre logement. Mais j’ai dû payer la caution. Je n’ai plus de quoi me nourrir. Heureusement que les Restos du Cœur existent! Sans eux, je serais obligé d’aller voler chez des familles pour pouvoir vivre.”
Monique, elle, a 56 ans et provient de Bouffioulx (Châtelet). Cela fait à peu près deux mois qu’elle fréquente les lieux: “Je suis en situation financière délicate. Le CPAS (Centre Public d’Action Sociale) m’a aidée grâce à sa guidance budgétaire. Je sors d'un règlement collectif de dettes. J’ai eu du mal à m’y mettre, mais j’ai trouvé assez de confiance en moi pour y arriver. Avant, je pleurais en cachette.”
Difficile à avaler
Cela fait trois ans qu’elle est invalide. Auparavant, elle travaillait dans les buanderies ou les cuisines des maisons de repos. Elle s’occupait des gens et aujourd’hui, c’est elle qui dépend des autres: “Cela a été dur à accepter la première fois. Mais les gens ici sont convenables. Je me suis vite habituée. Le contact humain est important pour moi. Or, les employés sont conciliants.” Mais si les Restos du Cœur la soutiennent, elle ne peut pas s’en contenter: “Sans les Restos du Cœur, je n’arriverais pas à me nourrir. Heureusement qu’ils sont là! Mais je me rends également dans des banques alimentaires.”
Céline Pianini connaît une autre dame dans une situation similaire: “C’est une maman célibataire qui travaille dans les titres-services. Au mois de mars, son secteur d’activités était à l’arrêt. Elle s’est retrouvée en chômage temporaire consécutif à la pandémie. Elle avait déjà des difficultés avant cela. Mais là, elle ne savait ni payer ses factures ni subvenir aux besoins de sa famille. Elle a eu très difficile au début d’ouvrir nos portes. Je l’ai trouvée touchante car d’habitude, c’est elle qui aide des structures comme la nôtre. J’ai dû la rassurer et lui dire que ce n’était qu’un moment plus compliqué à passer. Elle ressentait de la honte de ne pas pouvoir se débrouiller seule.”
Victimes directes ou indirectes
Cette dame est une victime directe de la crise engendrée par le coronavirus. Contrairement à elle, Jamel et Monique pensent que la maladie n’a eu aucune répercussion sur leur situation actuelle. Du moins, ce n’est pas la conséquence immédiate de la présence du virus. Car Jamel précise tout de même: “Après la crise, je retournerai m’inscrire dans les agences intérims. Actuellement, on ne peut le faire que par Internet. Et je n’ai pas accès au web. Je n’ai que mon téléphone.”
Plafonneur de formation, il s’est transformé au fil de sa carrière professionnelle en préparateur de commandes. Il continue tant bien que mal ses recherches en passant des coups de fil à des employeurs potentiels. Mais la période actuelle n’aide pas. Et ça, il s’en rend bien compte: “D’habitude, c’est déjà compliqué de trouver du boulot car les entrepreneurs embauchent souvent des étrangers au lieu des jeunes de la région. Mais depuis l’arrivée du coronavirus, cela a empiré. Quand je téléphone, soit personne ne me répond, soit ils me disent que c’est la crise et qu’ils n’engagent pas de personnel.”
C’est la première fois de leurs vies que Jamel et Monique ont dû faire appel aux services des Restos du Cœur.
Appel aux dons
Pour parvenir à joindre les deux bouts, les Restos du Cœur de Charleroi lancent un appel aux dons. Actuellement, il leur manque des stocks de produits secs tels que du sel, des épices, des boissons, des conserves (légumes, fruits, raviolis...). “Nous privilégions les produits frais” précise tout de même la responsable, Céline Pianini. “Mais ils ne sont pas toujours disponibles. Quand c’est le cas, nous devons puiser dans nos réserves. Si, un jour, nous recevons beaucoup de légumes frais, nous les congelons pour pouvoir les consommer plus tard.”
L’organisation humanitaire a également besoin de serviettes hygiéniques, de brosses à dents et de mouchoirs en papier. Car en plus de distribuer chaque jour des colis alimentaires qui comprennent au minimum un repas chaud, un dessert et une boisson, elle distribue une fois par mois un colis d’hygiène composé d’un shampooing, d’un gel douche, de rouleaux de papier WC, de savons, de la poudre à lessiver, une brosse à dents, du dentifrice et de temps en temps, un extra. Par extra, il faut comprendre, par exemple, des serviettes hygiéniques qui sont évidemment un bien de première nécessité pour les femmes. Malheureusement, elles coûtent cher.
Si vous souhaitez apporter votre contribution au bon fonctionnement des Restos du Cœur, vous pouvez déposer vos dons sur le site même de l’organisation. Celui-ci se trouve très exactement au numéro 6 de la Place Delferrière à Charleroi. Ou alors, vous pouvez joindre le secrétariat par téléphone au 071/20.07.91.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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