Les marchés mondiaux chutent fortement par crainte du nouveau variant sud-africain

La mutation “B.1.1.529" diffère à bien des égards du variant Delta et, selon un analyste de la BBC, “ne ressemble guère” au virus original découvert au début de l’année dernière dans la ville chinoise de Wuhan. Les scientifiques estiment qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’efficacité des vaccins existants contre ce nouveau variant, car les données disponibles sont encore trop peu nombreuses.

Il est inquiétant que, selon les scientifiques, la variante de la province sud-africaine de Gauteng semble déjà être responsable de 90 % de toutes les infections. Cette mutation s’est déjà propagée au Botswana, au Zimbabwe et en Namibie, entre autres. Deux cas de cette mutation ont également été signalés à Hong Kong après qu’un voyageur de la région placé en quarantaine dans un hôtel a infecté une autre personne. Enfin, un premier cas a été détecté en Israël.

La nouvelle a fait chuter les marchés boursiers vendredi. En Europe, Paris chutait de 3,79% vers 8H50 GMT, Londres cédait 3,32% et Francfort 3,61%, les valeurs du secteur aérien souffrant particulièrement.

Les marchés asiatiques avaient ressenti en premier la secousse: Tokyo a clôturé en baisse de 2,53%, après avoir lâché plus de 3% en milieu de journée.

Les cours du pétrole, dépendant des anticipations de l'activité économique, perdaient de leur côté autour de 5%. Et le bitcoin, également perçu comme un actif risqué par les investisseurs, s'effondrait de 7,22% à 54.610 dollars.

"Un seul thème mène les marchés aujourd'hui", le nouveau variant détecté en Afrique du Sud, résume Jeffrey Halley, analyste chez la société de courtage Oanda.

Plusieurs pays européens comme le Royaume Uni, l'Italie ou l'Allemagne ont déjà pris des mesures, en interdisant la venue de voyageurs venant d'Afrique australe.

"Le seul élément qui peut vraiment faire dérailler la reprise mondiale a toujours été un nouveau variant du Covid-19 qui balaie le monde et entraîne la réimposition de restrictions sanitaires massives”, rappelle M. Halley.

Les mouvements sur les cours peuvent aussi être amplifiés par l'activité limitée sur les marchés: après le jour férié de Thanksgiving jeudi, Wall Street ne sera ouvert que pour une demi-journée vendredi.

Les investisseurs préféraient se réfugier sur le marché obligataire traditionnellement utilisé comme refuge en période d'incertitude, provoquant une nette baisse des rendements. L'emprunt souverain américain à 10 ans tombait à 1,52%, contre 1,64% à la clôture la veille, celui français pour la même échéance à 0,06% contre 0,12%.

Les monnaies refuges, comme le yen japonais, étaient également recherchées par les investisseurs soucieux de prendre un minimum de risques.

Les titres des entreprises du secteur aérien, déjà très éprouvé par la pandémie, buvaient la tasse à cause du nouveau variant.

Au Japon, la compagnie ANA Holdings a chuté de 4,5% et sa concurrente Japan Airlines de 6,48%.

En Europe, l'avionneur Airbus s'effondrait de 11%, IAG, maison mère de British Airways, de 10,5% et Roll-Royces, qui fabrique des moteurs d'avions, de plus de 12%.

Le géant français des laboratoires d'analyses Eurofins Scientific s'envolait de plus de 6,5%.

Les entreprises technologiques résistaient également à la tendance générale: en France Dassault Systèmes perdait 0,49% tandis qu'à Londres, Avast ne reculait que de 0,10%.

Sur le marché du pétrole, le baril américain de WTI pour livraison en janvier lâchait 5,78% à 73,84 dollars à New York, peu avant 08H50 GMT.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour le même mois reculait de 4,66% à 78,39 dollars.

Sur le marché des changes, les monnaies utilisées comme refuge par les investisseurs ont été demandées, en particulier le yen japonais: un dollar s'échangeait à 114,18 yens, contre 115,36 yens jeudi.

L'euro s'appréciait de son côté de 0,43% face au billet vert à 1.1257 dollars.

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