Les patrons flamands freinent des quatre fers sur la prime jusqu’à 750 euros: “Il faut un saut d’index”

La semaine dernière, le gouvernement fédéral a décidé dans le cadre de l'accord salarial que les entreprises qui s’en sortent bien pourront accorder une prime allant jusqu’à 500 euros à leurs salariés, à condition qu’un accord sectoriel soit conclu à cet effet. Les entreprises aux bénéfices exceptionnellement élevés pourront octroyer jusqu’à 750 euros à leurs travailleurs. Comme prévu, la norme salariale sera nulle durant les deux prochaines années, quel que soit l’indice. Cette prime constitue donc, sans compter l’indexation automatique, la seule marge d’augmentation possible.

Or, selon l’enquête du Voka, seules deux entreprises sur dix en Flandre prévoient d’accorder un tel bonus à leurs employés. Le Voka, le réseau flamand qui regroupe plus de 18.000 entreprises et 30 organisations sectorielles, a mené l’enquête auprès d’un échantillon représentatif de 500 entreprises. Et ce coup de sonde montre que les employeurs sont peu enclins à accorder cette fameuse prime.

Les négociations sectorielles à ce sujet entre syndicats et employeurs commenceront bientôt. Mais elles s’annoncent pour le moins difficiles. Le contraste avec 2021 est énorme: l'année passée, plus d’ 1,5 million de travailleurs belges ont reçu une “prime corona” de 280 euros en moyenne.

Les patrons flamands ont le sentiment d’avoir été mis sur la sellette. “Le gouvernement fédéral a créé des attentes au sein de la population que les employeurs ne peuvent satisfaire”, estime le patron du Voka Hans Maertens. Le Flamand accuse aussi l’exécutif de ne pas les avoir sondés sur cette question.

En raison de l’indexation automatique, les chefs d’entreprise verront leurs coûts salariaux augmenter jusqu’à 21 % sur la période 2022-2024, soit beaucoup plus qu’à l’étranger. Face à ce constat, Hans Maertens préconise un saut d’index de 2 à 4 %. “De cette manière, nos entreprises resteront compétitives nous pourront éviter une perte d’emplois à grande échelle en 2023", estime le patron des patrons flamands qui rappelle qu’un saut d’index a déjà eu lieu sous les gouvernements Michel et Dehaene.

En outre, les résultats de l’enquête indiquent que les entreprises prennent déjà des mesures pour faire face à la hausse des coûts salariaux. Par exemple, les plans d’investissement pour les deux prochaines années sont réduits de 12 % en moyenne. Pire, une entreprise sur trois devrait réduire ses effectifs dans les mois à venir.

L’accord salarial conclu par le gouvernement fédéral la semaine dernière comporte également une clause échappatoire pour les entreprises qui ne disposent pas de ces moyens financiers. Et l’enquête du Voka montre que les entreprises voient déjà leur chiffre d’affaires baisser de 3% en moyenne ce trimestre. Une baisse similaire du chiffre d’affaires est également attendue l’année prochaine, confirmant une fois de plus l’impression de récession pour l’économie belge. En d’autres termes, un grand nombre d’entreprises ne devront pas accorder de prime.

Conner Rousseau, le président de Vooruit, s’en tient quant à lui aux accords du gouvernement. Selon lui, “le plus grand nombre possible de travailleurs devraient bénéficier d’une telle prime.” Et puis, rappelle-t-il, “les patrons disaient que personne ne recevrait la prime corona. Finalement, 1,5 million de personnes l’ont eue.”

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