Leur bus ne leur pose jamais de lapin: ils habitent à bord

Robbe, 29 ans, et Lotte, 27 ans, n'avaient pas l'intention de se serrer la ceinture au quotidien durant leurs plus belles années. Le jeune couple de Lokeren a donc mis de côté l'achat d'un bien immobilier "en dur", a investi quelques milliers d'euros dans la réhabilitation d'un ancien bus des transports en commun et y vit avec grand plaisir depuis plusieurs années. 

L'appel de la profession
Détail non anodin, Robbe travaille dans un bureau d'architecte. Comme beaucoup de ses pairs, il voulait faire de son habitation sa carte de visite. Pas question donc d'opter pour une villa clé sur porte. L'architecte voulait démontrer que l'on peut (bien) vivre dans un espace compact s'il est bien pensé et à moindre prix. Par chance, sa vision a plu à sa compagne ergothérapeute. 

Un million et demi de kilomètres
À l'origine, leur objectif était d'y habiter un temps pour prouver l'intérêt du projet de Robbe et la faisabilité de ses techniques de réhabilitation mais Lotte et lui s'y sentent finalement tellement bien que trois ans plus tard, ils ne ressentent toujours pas le besoin de déménager dans un "vrai" appartement ou une maison. "On avait fait beaucoup d'études sur le fait d'habiter dans un petit espace mais on ne comprend vraiment que lorsqu'on le vit. Alors quand on est tombés en 2014 au milieu d'un site de seconde main sur un bus qui affichait un million et demi de kilomètres au compteur, on l'a acheté pour 2.500 euros", explique le couple. Une fois l'autorisation de la commune en poche, ils ont garé leur maison sur roues sur une parcelle de terrain en zone d'expansion résidentielle. Cela signifie qu'ils ne pourront rester là éternellement.

Chaleur
Mais rénover un bus en vue d'un confort acceptable, est-ce concrètement possible? Selon Robbe et Lotte, cela ne demande en réalité pas d'efforts surhumains. "Nous avons commencé par démonter et jeter tous les sièges de passagers puis nous avons nettoyé à fond le sol en multiplex avant d'y fixer une charpente en bois munie d'un pare-vapeur et d'isolation. C'est notre première source de chaleur parce qu'un squelette en acier comme celui-ci était bien trop froid tel quel. Quelques petits chauffages électriques et au gaz suffisent". 

Peu de place, peu d'achats superflus
Niveau aménagement intérieur, les lignes sont simples et pratiques. "À l'arrière, il y avait un plateau surélevé, on s'est tout de suite dit que ce serait idéal pour notre chambre. Nous dormons sur un lit flottant et dessous, nous avons trois gros tiroirs pour nos vêtements. Ce n'est pas beaucoup, mais cela nous permet aussi de limiter les dépenses en matière de fringues! Quant à la lessive, nous nous rendons à la laverie automatique du quartier", expliquent-ils.

En partant de la "chambre", on se rend via le salon dans la "salle de bain" (voir clichés sous l'article). "Vu la largeur de la porte du bus, c'était l'endroit idéal pour une douche. Nous y avons également la ventilation extérieure nécessaire. L'idée était de nous faire une douche extérieure supplémentaire mais en pratique, ce n'est même pas nécessaire". 

Regards indiscrets
La cuisine provient, comme dans beaucoup d'habitations belges classiques, d'une chaîne suédoise bien connue. "Un évier, un four, une hotte et une taque agrémentés de mon vieux bureau d'étudiant", explique le jeune architecte. En entrant dans le bus, on se retrouve face à une armoire à chaussures et à l'espace technique. Le siège du chauffeur est resté à sa place. Evidemment, dans un bus, on n'est pas à l'abri des regards indiscrets, contrairement à un camping car qui prévoit la protection nécessaire. "Nous avons laissé toutes les fenêtres, mais on a fait en sorte de nous placer à l'abri sur notre terrain. C'était d'ailleurs une condition du conseil communal". 

Amadouer les voisins interloqués
Malgré la fraîcheur et l'intérêt du projet, les voisins ont mis un peu de temps à s'habituer à leur nouvelle vue. "Au départ, ils pensaient que des gens du voyage s'étaient installés ici. On ne peut pas leur reprocher, d'ailleurs, peu importe comment on interprète les choses, nous sommes un peu une 'caravane poubelle' hein. Ils sont venus nous observer au compte-gouttes et une fois que nous avions raconté l'histoire de notre bus, c'était réglé", s'amuse Lotte. 

Un périple en Nouvelle-Zélande payé sans souci
"Ce n'est pas que nous voulons vivre ici toute notre vie, mais cela nous a permis d'épargner pas mal. Aménagement compris, le bus ne nous a pas coûté 5.000 euros. Avec le loyer économisé, on voyage. Le mois prochain, nous partons pour longtemps en Nouvelle-Zélande. Sans le bus, cela n'aurait jamais été possible", réalisent-ils. 

"Le monde est bien passé du téléphone fixe au téléphone mobile"
Et de conclure, pleins d'espoir pour autrui: "Espérons qu'à l'avenir, d'autres alternatives et formes d'habitation comme la nôtre seront possibles. Car même si nous voulions nous installer ici indéfiniment, la loi actuelle l'interdit encore. Notre société est rapidement passée de la téléphonie fixe à la téléphonie mobile alors pourquoi n'en serait-il pas de même en matière de logement?", s'interroge le couple. Et si c'est eux qui avaient raison?