L'entraîneur jugé pour le viol d'une patineuse de 14 ans affirme que c'était “son devoir”
L’entraîneur de patinage J.B. risque une peine de quatre ans de prison avec sursis pour le viol de Lena*, une de ses élèves de 14 ans. La jeune fille, âgée de 16 ans aujourd’hui, qui était amoureuse de lui a été maltraitée et forcée à commettre des actes sexuels. Lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Turnhout, l’accusé a reconnu les faits, mais il a contesté qu’il s’agissait d’un viol. L’homme de 28 ans a affirmé qu’il était dans “son devoir” de faire ce qu’il a fait. “Je pensais qu’il valait mieux qu’elle découvre sa sexualité avec moi qu’avec n’importe qui d’autre.”
Inge Bosschaerts, Jef Van NootenDernière mise à jour:17-12-20, 12:07Source:HLN
“Oui, j’étais amoureuse de lui. Je n’avais aucune expérience de l’amour. Je n’avais jamais eu de chéri, jamais embrassé un garçon. Et pourtant, J.B. a vite insisté pour faire plus que de simples baisers”. Ce mercredi, la patineuse -que nous appellerons Lena pour préserver son anonymat- témoignait dans le journal Het Laatste Nieuws.
Elle a notamment raconté comment elle est tombée amoureuse de son entraîneur de patinage à l’âge de 14 ans. “Il m’a forcée à faire des choses que je ne voulais pas. Il a envoyé des films pornos que je devais regarder ‘pour apprendre’, et ensuite je devais lui faire ce que je voyais dans ces vidéos. Si je ne faisais pas exactement ce qu’il demandait, il menaçait que je ne sois plus acceptée nulle part comme patineuse.”
Je pensais qu’elle pouvait mieux découvrir sa sexualité avec moi qu’avec n’importe qui d’autre.
J.B.
Les explications de l’entraîneur
Ce mercredi, J.B. était jugé par le tribunal de Turnhout pour répondre du viol de la patineuse de 14 ans ainsi que l’acquisition et la possession de pédopornographie. J.B. a reconnu les faits, mais il a contesté qu’il s’agissait d’un viol. “Lena découvrait sa sexualité à l’époque. Et je pensais qu’elle pouvait le faire mieux avec moi qu’avec n’importe qui d’autre, parce qu’alors j’étais sûr que cela se passerait de manière respectueuse”.
Il reconnaît que menacer de sanctions Lena si elle ne faisait pas exactement ce qu’il demandait n’était pas vraiment respectueux. “Mais je ne l’ai jamais laissée faire quoi que ce soit contre sa volonté, il n’a jamais été dans mon intention de l’influencer. J’avais des sentiments pour elle, et elle pour moi. Oui, je savais qu’elle était très jeune. Et oui, je me rends compte maintenant que c’était une erreur. Je suis désolé d’avoir trahi sa confiance et celle de ses parents. Mais je ne suis pas un mauvais gars, vraiment”, a-t-il confié.
Lena vous admirait énormément et était éperdument amoureuse. Et vous en avez profité en tant qu’adulte.
Procureur du tribunal correctionnel de Turnhout
Contrainte morale
“Lena vous admirait énormément et était éperdument amoureuse. Et vous en avez profité en tant qu’adulte. En tant qu’entraîneur, vous auriez dû la protéger, au lieu de participer aux actes sexuels. Il y a effectivement une contrainte morale, en raison de la différence d’âge et de la position d’autorité que vous aviez en tant qu’entraîneur”, a déclaré le procureur à l’accusé.
J.B. risque une peine de quatre ans de prison avec sursis. Il est également tenu de ne pas se livrer à des activités dans lesquelles il occupe une position d’autorité ou de confiance auprès de mineurs. En d’autres termes, il n’est plus autorisé à entraîner de jeunes patineurs.
Chaque club sportif en Flandre devrait être un havre de paix pour tous ses membres
Ben Weyts, ministre flamand des Sports
Ben Weyts réagit
Le ministre flamand des Sports Ben Weyts (N-VA) a réagi à l’affaire. “Cela me tient vraiment à cœur”, a-t-il indiqué. “Chaque club sportif en Flandre devrait être un havre de paix pour tous ses membres”.
Ces dernières années, Ben Weyts a travaillé sur la lutte contre les abus sexuels au sein des fédérations sportives. Il souhaite notamment que chaque club dispose d’un code de conduite clair et d’un protocole d’échange en cas de problème.
Toutes ces conditions figurent déjà dans un accord de coopération aujourd’hui, mais ne sont pas encore suffisamment applicables. Dans le cas de Lena, par exemple, la Fédération royale belge de patinage artistique a ignoré les courriels et les lettres recommandées de la victime. Le formateur J.B. n’a pas été suspendu, mais seulement appelé à la “prudence”.
Pas un cas isolé
Le ministre Weyts a affirmé que de telles choses ne seraient plus possibles à partir du 1er janvier. “Dès lors, toutes les fédérations sportives sont tenues par décret de respecter les points de l’accord de coopération. S’ils ne le font pas, ils risquent de perdre leurs subventions”.
De cette manière, le ministre espère s’attaquer davantage au problème des comportements inacceptables au sein des clubs sportifs. L’histoire de Lena n’est pas un cas isolé. Une étude menée l’été dernier au collège Thomas More a montré qu’un jeune athlète sur cinq avait déjà été victime d’un abus sexuel par un autre athlète, et un sur six par un entraîneur.
*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la victime