Le frère d’Ahlam serait retourné en Syrie: “Il a dit à ma mère que si elle continuait de pleurer, il la tuerait”

Ce lundi, le parquet de Liège a indiqué qu’un mandat d’arrêt européen a été lancé contre Gerges, le frère ainé d’Ahlam, une jeune Syrienne installée depuis 2012 en Belgique dont le corps sans vie a été retrouvé dans son appartement à Liège. Elle a été ligotée, strangulée, mais c’est une balle dans la tête qui est la cause du décès.

D’après Fadia, après avoir commis ce “crime d’honneur”, comme elle tient à l’appeler malgré les avis divergents sur la question, son frère serait retourné en Syrie. Ahlam a en effet quitté la Syrie pour fuir un mariage forcé. Gerges, leur frère, serait actuellement chez ses parents qu’il menacerait parce qu’ils s’opposent à ce qu'il a fait à Ahlam. 

Fadia et sa fille auraient également reçu des menaces de mort.

L’homme serait fier d’avoir tué cette “kahba” (pute, en arabe), comme il a déjà appelé Ahlam, mais aussi Fadia. Deux femmes d’origine syrienne bien intégrées en Belgique et dont il jugeait la façon de vivre “trop occidentale”. Il se considère même comme un héros, d’après sa sœur.

Pour Fadia, ça ne fait aucun doute: l’auteur de ce crime est bien son frère. Il aurait d’ailleurs envoyé un message à l’un de ses frères vivant en Suède pour se vanter de ce qu’il avait fait. En revanche, à ses parents, il aurait longtemps caché la vérité, prétendant qu’Ahlam était morte d’une crise cardiaque.

“Il n’est pas d’accord avec ma façon de vivre et pense que j’ai influencé Ahlam, que c’est de ma faute si elle est venue ici”, explique Fadia qui habite en Belgique depuis vingt ans, où elle s’est mariée avant de divorcer.  

La mentalité de Gerges, ainsi que celle de deux autres frères, était bien connue de sa famille. Toutefois, Ahlam pensait qu’il avait changé. Lorsque celui-ci a demandé à ce qu’elle l’héberge lorsqu’il est venu de Suède, où il habite, elle a accepté. Une erreur, selon Fadia, qui pense que son frère est allé chez Ahlam dans l’espoir de la changer, de changer sa façon de vivre, et même de la ramener en Suède avec lui.

Durant le séjour de l’auteur présumé du crime, Fadia a rendu visite à sa sœur : “Cela faisait vingt ans que je n’avais plus vu Gerges. Quand il était ici, je ne l’ai vu que deux fois chez Ahlam. Ma sœur ne parlait pas beaucoup, on voyait qu’elle n’était pas à l’aise. Il avait une forte emprise sur elle. J’ai proposé à mon frère de venir chez moi pour voir mes enfants, comme c’est leur oncle, mais il n’a jamais voulu.”

Fadia a très peur pour son père, sa mère et son frère -atteint d'un handicap-, restés en Syrie. Pour elle, les faire venir en Belgique est une question de vie ou de mort. “Dès que mon téléphone sonne, j’ai peur d’avoir de mauvaises nouvelles, d’apprendre qu’il les a tués”, nous confesse Fadia. 

Fadia peut compter sur Karima Safia, présidente de l’ASBL Insoumise et Dévoilée, qui lutte contre le rapt et les violences intra-familiales. À travers son association, elle entend apporter un soutien psychologique à Fadia et sa famille, et trouver l’aide nécessaire dans les démarches pour faire venir ses parents en Belgique et les mettre à l’abri.

Une cagnotte en ligne a été lancée pour aider la famille financièrement, que ce soit pour payer les frais funéraires (Ahlam a été enterrée ce samedi 9 janvier), les frais d’avocat, puisque Fadia s’est constituée partie civile, ainsi que les frais nécessaires pour aider ses parents et son frère à quitter la Syrie.

Retrouvez ici toute l’actualité de la région de Liège.

> Le frère d’Ahlam est activement recherché: “Nous ne saurons que lorsque nous aurons mis la main dessus”
> Meurtre d’Ahlam à Liège: les termes “crime d’honneur” sont problématiques
> Le corps sans vie d’une jeune femme retrouvé dans son appartement à Liège, une balle dans la tête