Le père de Mélanie est soupçonné du meurtre de son petit ami: “S'il l’avait fait, il me l'aurait sûrement dit”

Le dimanche 17 juillet au soir, des passants ont découvert un corps le long d'une route près du canal à Dixmude (Flandre-Occidentale). C'était celui de Mario S., 28 ans, le compagnon de Mélanie. Huit balles ont été retrouvées dans son corps et douze autres sur le sol. Tout indique qu'il s’agit d’un meurtre.

Mélanie se trouvait déjà au lit lorsque la police s’est présentée à son domicile pour lui annoncer l’horrible nouvelle. “Nous étions allés boire un verre ce soir-là. Mais ensuite, Mario m'a dit qu’il devait aller à moto jusqu’à Dixmude”, se souvient la jeune femme. Les policiers ont immédiatement fouillé la maison. “J'étais dans tous mes états”, dit-elle.

La trentenaire a reçu un nouveau coup de massue quelques heures plus tard: son père Stéphane V. a été arrêté près de son box à Nieuport le matin suivant le meurtre. La police le soupçonne d'avoir tiré sur son gendre. L'homme a rapidement avoué qu’il s'était rendu en voiture à Dixmude à la demande de Mario et qu'il avait déjà accepté de transporter de la drogue pour son gendre à deux reprises dans le passé. Mais ce soir-là, Stéphane V. a refusé de lui rendre à nouveau ce service et une dispute a éclaté, a-t-il expliqué aux enquêteurs.

L’homme a raconté qu’il avait fait demi-tour avec son van et qu'il était parti. “Quand je suis passé devant lui, Mario a fait un geste avec son bras”, a expliqué Stéphane V. à la police. “J’ignore ce qu’il s’est passé ensuite, mais je ne lui ai pas tiré dessus”, a-t-il assuré.

Sa fille Mélanie en est également convaincue. Elle lui a rendu visite en prison deux jours après son incarcération. Néanmoins, elle ne lui a pas demandé s’il avait effectivement tué son petit ami. “Je me préoccupais surtout de lui. Il ne voit plus très bien et n’est plus tout jeune. La prison n’est pas un endroit pour lui”, dit-elle au quotidien flamand. “Donc non, je ne lui ai pas demandé à l’époque s’il l’avait fait. Parce que je n'avais aucun doute là-dessus”, affirme-t-elle.

Toutefois, les soupçons qui pèsent sur son père ne viennent pas de nulle part. Celui-ci se trouvait sur la scène du crime et s’était disputé avec la victime. En outre, des résidus de tir ont été retrouvés sur ses mains et dans son véhicule. Et pourquoi a-t-il lavé expressément sa veste cette nuit-là? Mélanie, convaincue de l’innocence de son père, avance des explications. “Mario a jeté des douilles de balles dans le van de papa pendant la dispute. Papa les a ramassées pour les jeter, ce qui explique pourquoi il avait des traces sur ses mains. Et sa veste dans la machine à laver? Il l'avait mise dedans plus tôt et avait programmé la machine pour profiter du tarif de nuit. C'est ce qu’il m’a directement expliqué. Je suis d’accord, il y a des indices, mais aucune preuve”, souligne la jeune femme.

Le mois suivant le meurtre, Mélanie a rendu visite à son père en prison tous les jours. Il lui a juré qu'il n'avait pas tué son petit ami, dit-elle. “S’il l'avait fait, il me l’aurait certainement dit. Car il sait que je ne peux pas faire mon deuil sans savoir qui l'a tué.”

Qui a donc tué Mario? Mélanie n’a pas de réponse à cette question. “Mais j’aimerais bien le savoir, surtout parce que ça voudrait dire que papa serait libéré. Je sais que ça peut paraître grossier, mais c’est ce que je ressens en ce moment. J’ai appris que Mario était fréquemment en contact avec quelqu’un qui vit à 250 mètres à peine de l’endroit où il a été tué. Ils s’appelaient en moyenne neuf fois par jour. Et je ne connais même pas ce gars. Je ne dis pas qu’il l’a fait, mais Mario avait de mauvaises fréquentations.”

Mélanie était au courant des agissements de Mario. “Je suis contre la drogue, mais il en consommait et je sais qu’il dealait parfois. Je n’ai jamais vu l’argent qu’il a gagné avec ça. Mais je l’ai laissé faire. Avec le recul, j’ai peut-être été naïve. Je travaillais dur et j’élevais deux enfants (Mélanie a un autre fils de 10 ans issu d’une relation précédente). Et je savais qu’il le nierait ou se mettrait en colère si j’en parlais. Alors, je me suis tue, parce que je n’avais pas l’énergie pour en parler. Si j’avais peur de lui ? Parfois, oui.”

Le couple s’est rencontré dans une salle de danse à Ostende il y a neuf ans. “Je l’ai trouvé beau et drôle. Mais ce n’était pas toujours facile. Mario pouvait être très gentil mais ça lui arrivait de se mettre soudainement en colère. Mais nous nous aimions et il avait une bonne relation avec mes parents. Il allait de temps en temps faire de la moto avec papa. Je n’ai su qu’après sa mort qu'il l'avait impliqué dans des histoires louches. Je ne comprends pas pourquoi papa s’est lancé là-dedans. Il était indépendant et avait beaucoup d’argent. Peut-être qu’il ne voulait simplement pas se disputer avec lui, comme moi.”

Aujourd’hui, Mélanie est tiraillée par ses sentiments. “Mario me manque beaucoup. Mais en même temps... je suis en colère contre lui. Parce qu’il a entraîné papa là-dedans. Sans lui, papa ne se serait jamais rendu sur cette route. Et oui, je lui en veux pour ça. Mais s’il était encore là, je lui sauterais au cou pour l’embrasser. Je l’aimais et je l’aime toujours. Mais je sens que je ne pourrai commencer mon deuil que lorsque papa ne sera plus en prison.”

Pendant ce temps, l’enquête sur le meurtre se poursuit. Les enquêteurs sont persuadés d’avoir attrapé le coupable en la personne de Stéphane V. Ce dernier espère à présent qu’un test polygraphique pourra prouver son innocence.