“On voulait le dépouiller, pas le tuer”. Ce sont les mots des trois adolescents accusés de meurtre. Ils ont admis avoir piégé David après l’avoir contacté via Grindr, une application de rencontre pour homosexuels. Ils voulaient le “dépouiller” mais ils l’ont “accidentellement” poignardé.

Les adolescents n’en étaient pas à leur coup d’essai. En effet, ces dernières semaines, deux hommes se sont présentés séparément à la police de Beveren. Ils ont raconté avoir été frappés et volés lors d’un rendez-vous fixé par plusieurs jeunes hommes. Les enquêteurs pensent que les victimes sont plus nombreuses. 

Pour éviter d’être repérés, les agresseurs choisissaient soigneusement leur proie. Ils visaient principalement les hommes qui avaient tout intérêt à garder leur aventure nocturne secrète. Des hommes mariés à une femme qui ont des relations homosexuelles en cachette, par exemple, ou des hommes qui n’avaient pas encore fait leur coming-out. Les agresseurs se disaient qu’ils n’oseraient pas pousser la porte du commissariat pour signaler l’incident.

David Polfliet n’était pas l’un d’entre eux. Il ne menait pas de double vie. Célibataire, il n’avait jamais caché qu’il aimait les hommes. Il assumait son homosexualité depuis toujours même si, plus jeune, il savait qu’elle ne serait forcément bien acceptée dans sa famille. On était à la fin des années 1990, David a grandi dans une famille de fermiers où l’homosexualité était qualifiée de “bizarre”. “Mais il n’avait aucune envie de passer sa vie à faire semblant, alors il a fait son coming-out”, expliquent ses amis. Ça a mis un froid avec ses proches. “Mais David était convaincu d’avoir fait le bon choix. Même lorsqu’il a commencé à travailler comme grutier, un univers macho, il ne cachait pas son orientation sexuelle.”

Ses amis ne comprennent pas pourquoi David s’est rendu dans le coin le plus sombre du parc Hof ter Welle à Beveren. Comme s’il avait quelque chose à cacher. “Il rencontrait toujours ses conquêtes dans un lieu public, surtout lorsqu’il s’agissait de quelqu’un rencontré par le biais d’une de ces applications. Il connaissait les dangers. Il est facile de créer un faux profil. On ne sait jamais avec certitude si la personne que l’on rencontre a de bonnes intentions.”

Pour l’instant, le parquet de Flandre orientale ne donne aucun détail sur l’enquête. Plusieurs questions se posent: est-ce parce que David savait qu’il rencontrait un mineur qu’il a accepté un rendez-vous nocturne dans les buissons? Ou est-ce que les agresseurs se sont fait passer pour un homme adulte sur Grindr? Le mobile du crime, homophobie ou simple vol ayant dégénéré, n’est pas encore connu. 

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