Libéré, le mari de Claire, décédée à Marcinelle, était connu pour violences conjugales : “J’ai la haine”

Le mari de la femme décédée lundi soir à la rue Camille Lebon à Marcinelle “est un homme violent”. C’est ce que nous affirme la sœur de la défunte, Michelle Govaert. Le Parquet de Charleroi nous le confirme: l'individu était connu de la justice pour des faits de violence conjugale.

“Mais jusqu’à présent, les résultats de l’autopsie de la dépouille sont compatibles avec une chute accidentelle dans les escaliers. La dame a été retrouvée au pied des marches. Les examens ne montrent pas qu’elle a reçu des coups sur le devant de son corps”, nous fait savoir le magistrat de presse, Daniel Marlière. C’est ce qui explique la libération du conjoint: “Néanmoins, nous continuons à investiguer. Lorsque le mari a été interrogé, il était très confus. Il explique que sa femme est tout simplement tombée. Il a été envoyé à l’hôpital pour expertise psychiatrique. La situation peut encore évoluer”.

D’après Michelle Govaert, il faisait l’objet d’une mesure d’éloignement: “Je ne sais pas comment ma sœur et lui ont pu se retrouver ensemble. Je suis dégoûtée. Officiellement, ils partageaient toujours le même domicile, mais dans les faits, mon beau-frère était retourné vivre chez son père”.

Cette version ne nous est pas corroborée par Daniel Marlière: “C’est impossible qu’il soit sous le coup d’une mesure d’éloignement vu qu’il a été relaxé. Cela n’aurait pas été le cas s’il n’avait pas respecté des conditions alternatives imposées par la justice”.

Qu’à cela ne tienne, Michelle Govaert ne croit pas du tout aux explications de son beau-frère: “Ce n’est pas la première fois qu’il pousse ma sœur dans les escaliers. Et lorsqu’elle s’est retrouvée au bas des marches, quelle a été sa réaction? Il a attendu trois heures avant d’appeler les secours. Il était d’ailleurs déjà violent avec sa première femme. Celle-ci a eu le bon réflexe de s’en séparer”.

L’homme était en état d’ébriété le jour du drame: “L’une des conditions pour qu’il soit relâché est qu’il se fasse soigner pour son addiction à l’alcool. J’ai la haine qu’il ait été libéré. Il se permet de prendre la vie de ma sœur. Et lorsqu’il est sorti du palais de justice, il est allé boire un coup au café du coin”.

La victime, Claire Govaert, avait porté plainte plusieurs fois contre lui: “Ma sœur était une femme battue. Il lui a déjà cassé sa pommette, son arcade sourcilière et il lui a endommagé sa colonne vertébrale”. Et selon Michelle Govaert, elle ne pouvait pas du tout compter sur son époux: “Il y a quelques mois d’ici, elle avait été opérée du dos suite à un cancer. Il a refusé qu’une infirmière vienne la soigner alors qu’elle avait de l’infection. C’est notre belle-sœur qui s’en est chargée. Il racontait aussi dans tout Marcinelle que Claire était une moins que rien”.

Pourtant, le couple s’était formé “il y a une vingtaine d’années”. Jusqu’au lundi soir, il ne s’était jamais complètement désagrégé: “Ma sœur n’a jamais abandonné son mari parce qu’elle avait peur. Il exerçait une emprise sur elle. Elle était angoissée. Elle l’a quitté plusieurs fois, mais il allait systématiquement la rechercher”.

Le duo était aussi uni par l’alcoolisme: “Il est vrai que ma sœur buvait souvent. À la base, elle avait horreur de ça. Mais son époux l’a entraînée là-dedans. Un jour, je l’ai amenée à l’hôpital pour qu’elle soit sevrée de la boisson. Elle y est restée pendant 15 jours. Ensuite, elle a arrêté l’alcool durant trois à quatre mois. Mais elle a replongé. Son mari débarquait tous les jours avec des bouteilles et il l’obligeait à boire avec lui. Tous les matins, il se lève avec un verre de Cognac à la main”.

Aujourd’hui, Michelle Govaert est en conflit avec son beau-frère: “Il empêche les frères, les sœurs et les enfants de voir Claire une dernière fois. Il paie l’enterrement. Donc, il interdit toute visite. Il n’y aura ni messe, ni réception”. Si l’on en croit le faire-part de décès du funérarium Fontaine, des visites ont été programmées aujourd’hui et demain entre 17 heures et 19 heures.

Michelle Govaert éprouve aussi un ressentiment certain par rapport à la façon dont cette affaire est traitée: “En plus de l’avoir relâché, la justice a prévenu en primeur mon beau-frère lorsqu’elle a décidé de rendre le corps de ma sœur. Les enfants de Claire n’ont même pas été prévenus”. Du coup, cela n’en restera pas là: “Les enfants de Claire ont entrepris les démarches nécessaires pour contester la position du Parquet”.

La dépouille de Claire Govaert repose au numéro 25 de la rue Devillez à Gilly (Charleroi). Elle quittera le centre funéraire le mardi 19 avril à 14 heures 30 pour rejoindre sa dernière demeure un quart d’heure plus tard: le cimetière de Marcinelle.

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