Osman Calli, qui a tué quatre femmes en une nuit en Belgique, “profite librement de la plage et du soleil” en Turquie
Osman Calli, le Gantois d’origine turque condamné en 2008 à la prison à vie pour quadruple homicide, double tentative d’homicide, incendie volontaire, car-jacking et prise d’otages, a été libéré en 2020, confirme lundi le SPF Justice, confirmant une information de HLN. L’homme avait été transféré en Turquie en 2013 pour y purger le reste de sa peine, mais y a été remis en liberté. “Les autorités belges n’ont pas été formellement informées d’une éventuelle libération”, précise Sharon Beavis du département Communication du SPF Justice. Osman Calli, lui, a refait sa vie en Turquie et dit aujourd’hui “profiter de la plage et du soleil” turcs et vouloir “qu’on le laisse tranquille”.
RédactionDernière mise à jour:15-02-22, 11:45Source:Het Laatste Nieuws, VTM, belga
“Une nuit de folie”, comme l’avait qualifiée son avocat à l’époque. Les faits pour lesquels l’homme a été condamné en assises en Belgique sont excessivement lourds.
La nuit du 11 au 12 novembre 2004, Osman Calli avait abattu sa femme Teslime et sa sœur Hacer dans sa maison de Gand. Il avait mis le feu à la maison puis s’était rendu à Nieuwerkerken près d’Alost où il s’était introduit dans la maison de Wendy Blendeman, son ex-femme et mère de son fils de 8 ans, qui y vivait avec son petit ami Henri De Cooman et sa mère Marie-Louise De Rop. Osman Calli ouvert le feu et tué son ex-femme et la mère de celle-ci. Le conjoint, touché d’une balle à la poitrine, avait survécu. Le tueur avait ensuite commis un car-jacking et forcé le conducteur à le ramener à Gand. Là, il s’était introduit de force dans la maison d’un homme qu’il soupçonnait à tort d’adultère avec sa femme. Ce dernier, blessé par balle, est paralysé depuis.
“L’honneur de la famille”
Après les faits, l’homme s’était rendu à la police gantoise et avait justifié son geste: “Je dois sauver l’honneur de la famille”. L’homme n’en était pas à son coup d’essai: son ex-compagne avait déposé 128 plaintes contre lui les années précédant son assassinat. “Il venait chez nous, rouait Wendy de coups, a enlevé trois fois leur fils et ne payait jamais de pension alimentaire. Wendy déposait plainte à chaque fois, mais Calli n’a pas passé un seul jour en prison”, avait témoigné M De Cooman après les faits.
En 2008, Osman Calli avait finalement été condamné à la prison à vie par la cour d’assises de Gand, mais les dix ans de mise à disposition du tribunal demandés par le ministère public n’avaient pas été imposés. L’homme est en Turquie depuis son transfert, le 28 juin 2013, et est rayé du registre national belge depuis 2014. Le but était de lui faire purger le reste de sa peine dans son pays natal, mais les autorités turques l’ont officiellement libéré dès 2020, sans que la justice belge ne soit cependant consultée ou avertie.
“Pas de grâce présidentielle”
Depuis son extradition, les rumeurs allaient bon train. Il se disait tantôt que l’homme avait été libéré six mois seulement après son arrivée en Turquie, tantôt qu'il avait bénéficié de la grâce présidentielle car il avait à l’époque effectué son service militaire, tantôt qu’il était discrètement et librement rentré vivre en Belgique. En réalité, la loi turque prévoit une libération anticipée dès les 2/5 de la peine sont prestés. La libération de Calli n’était en soi donc pas une faveur d’Erdogan ou un pied de nez à la Belgique, mais la simple application de la loi locale.
J’ai rempli toutes mes obligations (...) Je suis un homme libre, libre comme un oiseau. J’ai démarré une nouvelle vie, je serai bientôt papa d’un petit garçon. Maintenant, je veux qu'on me laisse tranquille
Osman Calli, depuis la Turquie
Sous conditions
Me Ergun Top, qui avait défendu l’homme devant les assises de Gand, répond en toute transparence dans Het Laatste Nieuws. Selon l’avocat, Osman Calli a bel et bien passé trois ans en prison. “Depuis septembre 2016, il bénéficie d'une liberté partielle. Son incarcération n’a été entachée d’aucun écart de conduite, c’est pourquoi il a été libéré sous conditions le 10 novembre 2019, pour un an. Depuis 2020, c’est un homme totalement libre”, résume-t-il, démentant catégoriquement tout pardon présidentiel. À titre de comparaison, en Belgique, un détenu condamné à la prison à vie est tenu de purger 10 ans de sa peine avant de prétendre à une libération conditionnelle.
Bientôt papa
Le journaliste de VTM Faroek Özgünes, spécialisé dans les affaires criminelles, est parvenu à joindre Osman Calli par téléphone. Au cours de leur entretien, qui a été filmé, celui qui a tué quatre femmes s’est expliqué sans fard. “J’ai rempli toutes mes obligations (...) Je suis un homme libre, libre comme un oiseau. Je profite ici du soleil, de la mer et de la plage. J’ai démarré une nouvelle vie, je serai bientôt papa d’un petit garçon. Maintenant je veux qu'on me laisse tranquille”, clame l’homme lors d'un appel vidéo diffusé sur la chaîne flamande.
La N-VA, par la voix de son député à la Chambre Christoph D’Haese, s’est indignée de la libération de l’homme. Le nationaliste, ancien avocat, avait en effet défendu les intérêts d’Henri De Cooman, l’une des deux victimes qui a survécu aux balles d’Osman Calli lors de sa folie meurtrière. “Incompréhensible et scandaleux qu’Osman Calli se balade joyeusement et en toute liberté dans son pays et échappe de la sorte à l’institution pénale belge. La peine de prison à vie pour quadruple homicide était totalement justifiée”, a réagi Chirstoph D’Haese, qui compte interpeller le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) sur la question. LE SPF Justice a entre-temps eu confirmation que l’homme était libre, mais dément avoir été informé au préalable par la Turquie de cette décision.