Un bus du TEC Charleroi refuse des personnes en fauteuil roulant: “Puisque c’est comme ça, je pars”

Un chauffeur d’un bus TEC a refusé de prendre en charge deux personnes en fauteuil roulant le samedi 19 juin dernier à la gare de Charleroi-Sud. Réservation avait pourtant été faite. “Nous attendions sur le premier quai, car l’autre n’était pas accessible pour nous” témoigne Mina Saouti (59 ans), l’une des deux préjudiciés.

Mais le bus en question ne s’est pas déplacé jusqu’à eux: “Mon amie valide est la femme de la personne en chaise roulante qui m’accompagnait. Elle est allée auprès du chauffeur. Il lui a répondu qu’il n’était pas au courant et qu’il n’avait pas reçu d’instruction par rapport à ce genre de situations. Il n’a donc pas voulu venir à notre rencontre et nous embarquer sans autorisation de sa hiérarchie. Il n’a cependant pas cherché à en savoir davantage auprès de son chef”.

Le bus parti, l’amie de Mina Saouti téléphone au responsable. “Celui-ci lui confirme qu’il n’avait pas le droit de partir comme ça. Il a donc appelé le chauffeur en question qui est revenu au premier quai” affirme Mina Saouti.

Sur la page Facebook Handi-Alert-Infos!! “Roues Libres”, l’autre PMR qui était à ses côtés ce jour-là relate la réaction du conducteur: “Il nous dit: ‘Je suis revenu de ma propre volonté’”.

Handicapée suite à une poliomyélite attrapée à l’âge de deux ans et demi, Mina Saouti a également des problèmes de vessie: “Je devais aller aux toilettes. J’ai rouspété et j’ai dit au chauffeur qu’il n’avait pas le droit de s’en aller comme il l’avait fait”.

Son alter ego insiste auprès de l’employé du TEC: “Vous n’aviez qu’à demander au dispatching (...). Une plainte sera déposée lundi”.

Ce qui a visiblement mis en rogne l’accusé. “Il nous a alors répondu: ‘Si c’est comme ça, je pars’” nous raconte Mina Saouti. Et le bus a repris son chemin en laissant les clients sur le quai.

Après avoir pris leurs renseignements, ces citoyens lésés ont dû attendre le bus suivant: “Le week-end, il y a un véhicule équipé pour les personnes à mobilité réduite toutes les heures. Mais heureusement, il y avait une autre ligne de bus qui se dirigeait également vers Monceau-sur-Sambre où nous voulions nous rendre”.

Et cette fois-là, aucun problème n’a été relevé: “Le chauffeur de ce bus est un monsieur très gentil”. L’ami de Mina Saouti confirme sur Facebook: “Félicitations au chauffeur du bus 83 numéro 7906 qui a suivi, car lui a dévié de sa route. Et franchement, il nous a vraiment aidés, car les portes ne s’ouvraient pas une fois les rampes sorties. Il a tout fait et finalement, nous avons su prendre son bus”.

Ce qui ne tempère pas sa colère vis-à-vis du collègue: “Mais nous sommes quoi, nous, les PMR? Des merdes?”.

Malheureusement, ce n’est pas la première galère du genre à laquelle est confrontée Mina Saouti: “Une fois, j’avais du mal à rentrer dans un des véhicules et le chauffeur m’a dit que si c’était tellement compliqué pour nous, nous n’avions qu’à rester chez nous. Je lui ai répliqué qu’il pouvait garder ses réflexions pour lui. Et quand je l’ai menacé d’introduire une plainte, il s’est excusé. Je n’ai donc finalement pas joint le geste à la parole”.

Par contre, une plainte a bel et bien été déposée à l’encontre du récalcitrant qui était aux commandes de l’appareil du TEC Charleroi le 19 juin 2021.

La porte-parole du TEC Charleroi, Véronique Benoit, n’a jamais répondu à nos appels et à nos messages.

Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.

Les travaux à la Ville-Haute à Charleroi, l’enfer pour les chaises roulantes

Une femme en fauteuil roulant et son chien se voient refuser l’accès à un café: “Une humiliation honteuse”

Charleroi prépare plusieurs projets pour les personnes avec un handicap