Un chauffard récidiviste ruine la vie d'une famille et ressort libre du tribunal: “Épouvantable”

Trois mois de déchéance du permis de conduire dont un avec sursis de deux ans, une amende de 8.000 euros dont 4.800 sont assortis d’un sursis probatoire de trois ans et 200 euros de contribution au Fonds spécial d’aide aux victimes d’actes intentionnels de violence et aux sauveteurs occasionnels. C’est la peine infligée à Joël pour avoir occasionné plusieurs accidents d’affilée le 20 janvier 2019. “Il doit également s’acquitter des frais de dossier et des frais médicaux” ajoute la mère de la famille meurtrie par l’accident, Sylvie Bayet.

Avec pour circonstances aggravantes: des délits de fuite, une conduite sous influence de l’alcool et un état de récidive.

Le chauffard doit bien respecter un certain nombre de conditions pour éviter que les sursis ne tombent et qu’il doive effectuer un séjour en prison. En voici les principales:

• ne pas commettre d’infraction;

• donner suite aux convocations de la commission de probation et à celles de l’assistant de justice chargé de la guidance tout en suivant ses directives;

• être de bonne conduite et moralité;

• suivre une formation de sensibilisation à la sécurité routière destinée aux contrevenants routiers dispensée par l’institut VIAS (NDLR. ex-Institut Belge pour la Sécurité Routière) d’une durée de 20 heures à savoir Module conduite sous influence d'alcool;

• ne plus réitérer un tel comportement.

La famille de Sylvie Bayet n’est pourtant pas ressortie indemne de la collision. Son fils est toujours handicapé: “Cela fait deux ans et demi qu’il suit des séances de kiné à raison de trois fois par semaine. Son nerf sciatique est touché. À presque 18 ans, il ne sait toujours pas marcher sans attelle et béquille. Pour atténuer ses douleurs neuropathiques, il est contraint de prendre du Lyrica (NDLR. un médicament utilisé dans le traitement des douleurs neuropathiques, de l’épilepsie et du trouble anxieux généralisé). Ce qui lui vaut aussi des effets secondaires comme une perte de concentration ou de l’énervement. L’électromyographie qu’il a passée indique qu’il a de grandes chances de conserver des séquelles irréversibles et graves de ce violent accrochage”.

Et cela, c’est sans compter sur le parcours du combattant qu’il a dû surmonter: “Il a subi six opérations pour une fracture du bassin, une luxation de la hanche... Il a fallu aussi retendre son genou. Il ressentait des douleurs atroces. Il ne pouvait pas vivre sans anti-douleurs. Il était contraint de dormir dans le salon, car il ne savait plus monter les escaliers. Il ne savait plus se laver ni même aller aux toilettes de manière indépendante. Vous imaginez ce que c’est pour un garçon de 16 ans? Toutes les trois heures, il se réveillait en hurlant tellement il souffrait le martyre. C’est épouvantable! Il n’a plus su se rendre à l’école pendant quatre mois. Ensuite, il n’est retourné aux cours qu’à mi-temps. Deux ans de sa vie sont gâchés. Et l’argent reçu ne les remplacera pas”.

Son enfant nourrissait des rêves qu’il ne pourra sans doute plus accomplir: “C’était un sportif. Il faisait du vélo et du karaté. Il y a très peu d’espoir qu’il puisse reprendre un jour. À cause de son nerf sciatique, il a son pied ballant. Il lui faut un rehausseur dans sa basket”.

La mésaventure a aussi eu des répercussions sur son mari: “Une IRM (NDLR. Imagerie par Résonance Magnétique) montre qu’il a un tassement de vertèbres. Son nerf est probablement coincé. Le jour de l’accident, sa jambe avait cogné la portière. Quand mon époux reste trop longtemps debout, elle s’engourdit. Il a également eu une ouverture au niveau du front et un épanchement du coude”.

Sa fille n’a pas non plus été épargnée: “Elle a eu des problèmes au genou. Pendant plusieurs jours, elle a dû se déplacer en chaise roulante”.

Quant à elle, le sort lui a été un peu plus favorable: “J’ai eu quelques hématomes. Mon bras gauche a été heurté”.

Mais ce n’est pas tout. En plus des souffrances physiques, cette famille a été confrontée au dédale des démarches administratives: “Nous en avons eu jusqu’ici pour plus de 10.000 euros de frais médicaux. Il a fallu se battre, pleurer pour obtenir une avance de l’assurance adverse. Maintenant, deux experts externes devront déterminer la valeur du préjudice”.

C’est donc avec beaucoup d’amertume qu’elle a encaissé le verdict du Tribunal de Police dans cette affaire: “L’auteur des faits s’était déjà rendu coupable de plusieurs infractions de la route avant le procès. Son permis de conduire avait notamment été retiré. En 2017, il avait écopé d’une sentence avec sursis pendant trois ans pour un grave accident de la route. Son véhicule était en situation de sinistre total.

Le jour où nous avons malheureusement rencontré son chemin, il a commis trois infractions pour le prix d’une. Après nous avoir percuté par l’arrière à plus de 100 kilomètre/heure alors que nous étions à l’arrêt, il a pris la fuite et a foncé dans une autre voiture. Là encore, il s’en est allé. Finalement, il a heurté une troisième auto en stationnement. Avec le choc, son moteur est tombé par terre! Et la police l’a intercepté. Il avait 1,83 grammes d’alcool dans le sang!”

Le juge a tenu compte de plusieurs éléments au bénéfice du coupable et dont les principaux sont présentés comme suit:

• à la période des faits, le prévenu présentait un comportement complètement perturbé;

• Monsieur Joël C. se bat jour après jour contre son assuétude à l’alcool;

• des examens de sang permettent au tribunal de se rendre compte qu’il fait un sérieux effort;

• après déduction de ses charges, celui-ci dispose d’un solde de l’ordre de 2.000 euros;

• le tribunal considère qu’il convient de tenir compte des efforts du prévenu.

Sylvie Bayet est révoltée: “A la suite de notre accident, ce monsieur publiait une photo sur Facebook avec en commentaire: ‘Encore un verre chez papa et maman’. Lorsque le juge lui a demandé pourquoi il avait bu autant le jour du délit qui nous occupe, il a répondu qu’il venait de fêter la réussite de l’examen psychologique dans le cadre de la récupération de son permis de conduire suspendu. Nous avons demandé à ce qu’un alcolock (NDLR. l’alcolock est un éthylotest qui empêche le démarrage du véhicule lorsqu’une quantité d’alcool prédéfinie est détectée dans le chef du conducteur) soit installé dans son habitacle. Son avocat a argué du fait qu’il conduisait d’autres engins notamment sur son lieu de travail et que cette mesure lui reviendrait trop cher. Il a été suivi”.

Le comportement de l’individu lors du procès n’a fait qu’accroître son ressentiment: “Il n’a même pas eu un regard pour nous”.

Et elle est persuadée d’une chose: “Il recommencera!” 

C’est pourquoi son combat continue. Dans l’impossibilité de faire appel de ce jugement, Sylvie Bayet va interpeller le Ministre fédéral de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld) et remuer ciel et terre pour raffermir les lois en matière de sécurité routière.

Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.

Émotion en France: une famille décimée par un chauffard ivre qui tentait d’échapper à la police

Un jeune conducteur imprudent provoque un grave accident de la route

Une enfant de 6 ans tuée par un chauffard sur un passage piéton