Une Belge arnaquée de 200.000 euros par des brouteurs: “Tout semblait si beau, mais je suis ruinée”

Mieke (prénom d’emprunt) a vécu une rupture amoureuse particulièrement difficile il y a cinq mois. “J’avais été négligée sentimentalement, j’étais déprimée et désespérée”, confie la sexagénaire. C'est alors qu’elle reçoit une demande d’ami de Philippe, un bel homme venant de Lille. “Les compliments, l’attention, les mots gentils que j’ai reçus de lui m’ont redonné goût à la vie”, dit-elle.

Après quelques jours et de nombreux messages échangés sur Messenger, Philippe lui a demandé de passer sur WhatsApp. “On s’envoyait régulièrement des messages, et on s’appelait aussi parfois. Mais je ne l’ai jamais vu en vidéo”, se souvient la Courtraisienne. La caméra de son smartphone ne fonctionnait plus, lui répondait-il. 

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Deux semaines plus tard, Philippe a demandé de l'argent à sa belle et tendre. “Sa mère, qui vivait à Bordeaux, avait dû être hospitalisée. Elle souffrait d’un cancer et avait besoin d’un traitement en urgence, qu’elle devait payer à l’avance. Ce qu’elle n’avait pu faire car son compte en banque était bloqué. “Il (Philippe) m’a demandé si je pouvais lui avancer 2.500 euros. Je n’ai pas hésité un seul instant”, avoue Mieke.

Deux jours plus tard, Mieke est réveillée en pleine nuit par un appel téléphonique de Philippe. “Il se trouvait lui aussi à l’hôpital car il venait d’être poignardé”, explique la Flamande. En danger de mort, Philippe avait besoin de 7.000 euros pour se faire opérer. “Un peu plus tard, j’ai eu quelqu’un au téléphone prétendant être le chirurgien. Il a confirmé l’histoire de Philippe et m’a même envoyé des photos de ses blessures. Là encore, je n’ai pas hésité et j’ai payé. Après cela, il a continué à me bombarder de gentils messages, jusqu’à quinze par jour, et d’appels téléphoniques. Il m’a dit que j’étais la femme avec laquelle il voulait vieillir. J’ai été bouleversée et je l’ai cru.”  

Philippe lui a annoncé une excellente nouvelle quelques semaines plus tard: il allait hériter de deux millions d’euros. “Il m’a demandé de l’aider. J’ai transféré 15.000 euros qui, selon lui, étaient nécessaires pour ouvrir le dossier. Je suis également intervenue pour l’aider à régler l’héritage. 30.000 euros pour les frais d’avocat, 20.000 euros pour le notaire et 100.000 euros d’impôts. Puisque je n’avais pas cet argent, j’ai vendu mon appartement en Espagne. J’ai également emprunté de l’argent à des amis et des connaissances pour pouvoir aider Philippe. Sans crainte, car une fois l’héritage en poche, il me rembourserait tout. Pendant ce temps, il a continué à m’envoyer des messages d’amour.”

Mieke a commencé à avoir des soupçons lorsque l’héritage n’a pas été réglé. “J’étais encore en Espagne et il venait me voir, pour la première fois et avec sa fille. Je lui ai demandé une photo des billets d’avion, et je l’ai eue. Mais la veille de leur départ, il m’a dit qu’ils ne pourraient finalement pas venir. Sa mère était à nouveau hospitalisée. Je ne l’ai pas cru et j’ai exigé qu’elle m’appelle. J’ai eu une dame avec une voix cassée au bout du fil, tout à fait crédible. Mes soupçons se sont donc envolés.”

Quelques jours plus tard, la fille de Philippe lui a envoyé un SMS dans lequel elle expliquait que son père devait 15.000 euros à quelqu’un, et qu’il irait en prison s'il ne payait pas. Cette fois, Mieke n’y a pas cru. “J’ai dit que je viendrais moi-même à Bordeaux pour s’occuper d’elle si son père devait aller en prison. Elle m’a répondu que je n’avais pas de cœur. Philippe m’a aussi appelé, en me faisant des reproches pour la première fois. Il a essayé de me faire sentir coupable. Et il a presque réussi.”

Mieke a alors décidé de prendre ses distances avec Philippe. “Mais j’ai soudainement reçu une nouvelle demande d’ami d’un autre Français, également via Facebook. Lorsque je lui ai dit qu’un de ses compatriotes m’avait escroquée, il m’a lancé une bouée de sauvetage. Un de ses cousins travaillait chez Interpol, et il m’a dit qu’il le contacterait pour voir s’il pouvait faire quelque chose pour moi. Ce soi-disant cousin m’a ensuite contactée. Ils avaient réussi à bloquer le compte de Philippe. Il y avait 164.000 euros dessus, il a envoyé un document pour le prouver. Je récupérerais l’argent par l’intermédiaire de la Banque nationale française. Mais je devais d’abord payer les frais de dossier qui s’élevaient à 3.800 euros. J’ai immédiatement rompu tout contact.” 

Mieke aurait de toute façon été dans l’incapacité de payer une telle somme. “Je n’ai plus rien”, avoue-t-elle. “Je ne reverrai jamais mon argent. Suis-je si stupide pour être tombée à ce point dans le panneau? Je me suis posé cette question des milliers de fois. Mais je ne suis pas la seule à qui c'est arrivé. Tout était très crédible. Et bien que je n’aie plus rien, ils ne me laissent toujours pas tranquille. Sa mère, que j’ai vue plusieurs fois en vidéoconférence, m’envoie toujours des messages avec des émojis tristes parce qu’elle n’a pas de nouvelles de moi. Philippe et cet autre Français, qui a des relations chez Interpol, ne cessent de demander ce qui se passe. Mais pour moi, la coupe est pleine. Je ne réagis plus et j’espère en silence que quelqu’un pourra faire quelque chose pour moi”, conclut Mieke, dépitée.