Une piscine communale de Charleroi partie en fumée: “Très facile de rentrer”

Il ne reste plus rien de l’ancienne piscine Aqua 2000 à Gosselies (Charleroi). Les flammes ont eu raison d’elle. Pourtant, les pompiers de Charleroi ont lutté de 18 heures à une heure et demie du matin pour la sauver. Le lendemain jusqu’à 15 heures, une équipe de surveillance était toujours sur place pour éviter que le brasier ne reprenne.

Au total, ce ne sont pas moins de 50 hommes du feu qui se sont déplacés sur les lieux. Certains de la Zone de secours Hainaut Centre (ZHC) et d’autres de celle du Val de Sambre sont venus en renfort. “Nos collègues nous ont fourni PC et drone. Ceux du Val de Sambre se sont chargés de prendre les mesures atmosphériques pour vérifier que l’air n’était pas pollué” précise l’officier de presse de ZOHE, Michel Méan.

Car la crainte était que l’acide chlorhydrique souvent utilisé dans les piscines ne s’évapore dans l’air: “Une fuite avait été détectée”. Or, l’acide chlorhydrique est un produit très toxique. 

Tout le quartier a d’ailleurs été bouclé dimanche. Sur les réseaux sociaux, la police de Charleroi a demandé à la population logeant dans un rayon de 200 mètres de rester confinée, de fermer portes et fenêtres et de couper la ventilation pour les “fumées potentiellement toxiques”.

L’inquiétude était grande comme en témoigne la réaction d’une internaute sur la page Facebook officielle des forces de l’ordre carolos: “Certaines personnes vivent dans des logements mal isolés et les fumées y entrent! (...) Je suis inquiète pour une amie qui dit que les odeurs sont très fortes et elle est âgée de 78 ans!”

Heureusement pour son amie et tous les riverains, l’analyse de l’air a révélé que l’acide chlorhydrique n’avait pas brûlé! Les dégagements de fumée n’étaient donc pas nocifs. Certains habitants ont ainsi pu aérer de nouveau leurs pièces. D’autres ont pu enfin regagner leur domicile. 

Un pompier a tout de même eu un “coup de chaleur” lors de l’intervention. “Mais rien de grave! Il s’est mis sur le côté un instant et puis, il est reparti à l’attaque” déclare Michel Méan.

Reste la question de la cause de l’incendie! Les experts vont devoir la déterminer. Mais le porte-parole de ZOHE nous confirme que les soldats du feu carolos avaient déjà dû intervenir il y a une dizaine de jours au même endroit: “Un feu de déchets s’était déclenché”.

Lors du Conseil Communal de la Ville de Charleroi du 29 mars dernier, l’Échevin carolo des Bâtiments et de l’Énergie, Xavier Desgain (Écolo) avait confirmé par écrit qu’Aqua 2000 était devenu un repère de sans-abri: “Les lieux sont également souillés par des débris et détritus divers abandonnés par les squatters”.

À l’intérieur, du matériel initialement rangé dans des casiers jonchait le sol et les bassins.

À l’époque, la sécurisation du site interrogeait déjà. “Plusieurs services de la ville ont été requis chaque fois que nécessaire pour sécuriser portes et fenêtre avec des armatures à béton pour éviter l’intrusion dans le bâtiment” rétorquait l’élu écologiste. Mais toujours d’après lui, “une surveillance permanente des lieux n’est pas réalisable”.

Valentino Provenzano pratique l’urbex et a pénétré dans l’ancienne piscine de Gosselies il y a peu. Contacté par nos soins, il nous assure qu’il n’a pas rencontré de difficultés particulières pour parvenir à ses fins: “C’est même très facile”.

Il nous décrit comment il s’y est pris: “J’arrive sur le parking. Je vais à droite. Tout le long du bâtiment, il y avait des carreaux. Une fois à l’arrière, il y a plein de vitrines qui étaient cassées. À leur place, il n’y avait plus que des petites planches en bois qui n’étaient même pas fixées. Les barreaux aux fenêtres étaient aussi cassés. Je suis rentré par là”.

Pour la Ville de Charleroi, cette destruction complète d’Aqua 2000 n’est pas un coup dur. “De toute façon, nous devions démolir le bâtiment avant de reconstruire une nouvelle piscine sur place. Nos études démontraient qu'une réparation aurait coûté plus cher qu'une reconstruction. Dans un premier temps, nous avions pensé fabriquer la nouvelle structure à Jumet. Mais finalement, nous avons décidé de l’ériger à la place d’Aqua 2000. Elle sera idéalement située avec les écoles et le centre d’apprentissage présents dans le voisinage” commente l’attaché de communication de l’échevin, Franco Megetto.

Concrètement, les finances communales ne se porteront pas plus mal suite à l’incendie: “Le bâtiment était assuré”.

La Ville de Charleroi réalisera également des économies d’énergie puisqu’à chaque intrusion sur le site, l’éclairage se mettait en route automatiquement.

Et en attendant la réouverture d’une piscine à Gosselies, des pistes de réaffectation temporaire à des activités à caractère sportif avaient été étudiées. Mais Xavier Desgain expliquait dans sa réponse écrite du 29 mars 2021 que “même si les clubs désireux d’occuper provisoirement le bâtiment acceptent de prendre en charge certains aménagements ‘légers’, il n’en demeure pas moins que des frais doivent être exposés et engagés pour respecter les conditions minimales de sécurité. Une estimation de ces frais et un planning de réalisation vont être prochainement demandés aux services techniques.”

Il n’en sera rien finalement. Une petite épargne supplémentaire sur laquelle la Ville de Charleroi ne crachera pas. La première métropole wallonne est en difficulté financière et a obtenu de la Région Wallonne (RW) un prêt à long terme remboursable en 20 ans afin de se maintenir à flot.

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