Break bienvenu ou drame absolu: comment le coronavirus a impacté les futurs et jeunes parents
InterviewLe coronavirus aura eu un impact sur la maternité. Lors du premier confinement, tout le monde tournait au ralenti. Les couples ont passé plus de temps ensemble. Et beaucoup en ont profité pour se retrouver sous la couette et faire ce bébé dont ils rêvaient tant. D’autres, au contraire, ont repoussé leurs projets à cause de la pandémie, inquiets du monde à venir. Récemment, une étude montrait qu’il y avait eu moins de bébés jusqu’à 80% de bébés prématurés en moins. La preuve que la vie “normale” des futures mères est bien trop active de nos jours? Peut-être. Nous avons rencontré trois personnes, une jeune maman ayant vécu sa grossesse et son congé de maternité en confinement; une jeune femme en plein parcours PMA et un papa qui a profité de son deuxième enfant comme il n’avait pas pu le faire pour le premier. Trois témoignages, tous différents, qui montrent comment le coronavirus a tout bouleversé.
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Depuis un an, la pandémie de coronavirus a bouleversé nos vies. L’occasion pour les journalistes de 7sur7 de dresser un bilan en sondant les secteurs particulièrement affectés. Comment la covid les a-t-elle impactés? Qu’ont ils fait pour s’adapter et comment voient-ils l’avenir? ÉPISODE 3: LA PARENTALITÉ.
Laura: un premier bébé pendant la pandémie
Laura a appris en janvier 2020 qu’elle était enceinte de son premier bébé. “On entendait déjà parler du virus, mais je regardais ça de loin…” Et puis, les choses se sont emballées et le confinement national a été imposé. “J’ai vu ça comme une chance au début. Je me disais que j’allais profiter de ma grossesse, que ça allait durer quelques semaines.” Les choses ont basculé quand elle a reçu un appel de sa gynécologue lui annonçant que tous les rendez-vous médicaux étaient annulés jusqu’à nouvel ordre. “J’étais à trois mois de grossesse. Je n’avais jamais été mère avant ça. J’avais besoin d’aller à ces rendez-vous tous les mois pour me rassurer.”
En mars 2020, ma gynécologue m’a dit: Faites attention, ne faites pas fièvre, ça peut provoquer des accouchements prématurés. Je suis entrée dans un autre mode par rapport au coronavirus. Je me suis confinée à 100%.
Laura, qui a une santé un peu fragile, a profité de l’appel de sa gynéco pour lui demander si le coronavirus était plus dangereux pour les femmes enceintes. “Elle m’a dit: Faites attention, ne faites pas fièvre, ça peut provoquer des accouchements prématurés. Cette phrase s’est mise à tourner dans ma tête. Je suis entrée dans un autre mode par rapport au coronavirus. Je me suis confinée à 100%. Je n’allais plus faire mes courses, je ne sortais plus. J’obligeais mon mari à se désinfecter dans la douche s’il sortait.” Laura estime que sa gynécologue a été “alarmiste” même si elle n’a pas voulu “mal faire”: on ne savait encore rien sur la maladie à l’époque.
Laura, qui admet être devenue hypocondriaque à cause du coronavirus, a eu droit aux trois échographies obligatoires de grossesse. “Je les ai vécues seule. Ce n’est pas grave en soi: plein de mamans le font souvent seules, parce que le papa est occupé et ne sait pas se libérer. Mais pour notre couple, c’était important. Le papa était assez affecté. La seule échographie qu’il a vue, c’est celle des trois mois.”
“Le seul qui a vu mon ventre grossir, c’est le facteur”
Laura n’a pas pu partager sa grossesse, ni avec sa famille, ni avec ses copines, ni avec ses collègues. “Le seul qui a vu mon ventre grossir, c’est le facteur, parce que j’y allais franchement sur le shopping en ligne”, sourit-elle. Laura explique aujourd’hui: “J’ai toujours voulu des enfants rapprochés, mais je ne veux pas d’autres enfants tant qu’il y a le coronavirus. Je ne veux pas revivre une grossesse comme ça.”
À l’accouchement, elle s’est rendue compte que la relation qu’elle avait avec son bébé dans son ventre était “très, peut-être trop, fusionnelle” à cause du coronavirus. “Quand il est né, ça a été difficile. Je me suis demandée à quoi je servais.” A ses yeux, le coronavirus a eu un petit avantage: l’absence de visites à la maternité. “J’applaudis les mamans qui ont des visites à la maternité. Il faut du courage rien que pour se lever, aller prendre une douche et avoir l’air un peu présentable. J’ai pu rester dans ma chambre avec mes cheveux gras et mon lait qui coulait sur ma chemise de nuit sans pression.”
“Personne n’a pris mon fils dans les bras avant ses trois mois”
Une fois sortie de la maternité, Laura a appris à vivre avec sa crainte de la maladie. Elle évite les contacts. “Personne n’a pris mon fils dans les bras avant ses trois mois.” Encore aujourd’hui, peu de gens franchissent la porte de son habitation. Et quand c’est le cas, elle désinfecte tout, après leur passage. “Le coronavirus m’angoisse. Et on m’a dit que j’allais transmettre tout mon stress et toutes mes angoisses à mon petit garçon. Mais à la maison, je ne suis pas stressée. Je suis très calme.”
Laura, très émue, nous confie que son grand-père de 86 ans est décédé du coronavirus. “Il n’a pas eu accès aux soins intensifs ni à un respirateur parce qu’il fallait laisser la priorité aux plus jeunes.” Elle explique: “Il n’était pas stressé par la Covid, il a continué à aller au bridge. Quand il a été hospitalisé, on avait très peu de ses nouvelles. On l’a enterré dans des conditions atroces. J’étais seule, sans mon mari, et il n’y avait personne d’autre de l’assemblée que je pouvais prendre dans mes bras. J’ai fait un discours et je pensais plus aux gens qui avaient postillonné sur le micro qu’à mon hommage. Le coronavirus nous a pris beaucoup.”
L’enfant de Laura s’appelle Raphaël. “Son prénom veut dire celui qui guérit. Il ne guérira pas le coronavirus, mais il nous a sauvés à bien des égards. Il a été notre lumière dans cette période si sombre.”
Le corona et la PMA
Emilie a 34 ans. Son parcours pour devenir mère est compliqué. Après un premier coup de pouce médical, elle est tombée enceinte d’un petit garçon. Le bonheur… Jusqu’à l’échographie du cinquième mois de grossesse où un problème de santé irrémédiable a été détecté au niveau des poumons de son bébé. Elle a dû accoucher un mois plus tard, d’un bébé né sans vie. Elle raconte cet épisode tragique ici. Depuis, Emilie a connu deux fausses couches. Mais elle s’accroche: elle continue son parcours PMA. Et, alors que c’est déjà extrêmement long et douloureux, le coronavirus est venu compliquer les choses.
Les centres de PMA ont été fermés en mars dernier et accusent encore du retard aujourd’hui. Quand le premier confinement a été imposé, les hôpitaux se sont concentrés sur le coronavirus. Toutes les interventions non essentielles ont été annulées. Emilie nous explique qu’elle a dû appeler elle-même le centre de PMA où elle était suivie pour savoir si elle pouvait faire ses injections. On lui a dit que tout était fermé. “J’ai besoin de la médecine pour avoir un bébé. Pour moi, c’est essentiel. C’est vraiment difficile.”
Aujourd’hui encore, ses envies de bébé sont retardées à cause du coronavirus. Les centres PMA donnent la priorité aux femmes plus âgées: on sait que le temps est compté quand on veut un bébé. Celles qui jouent leurs dernières chances passent en premier. Emilie comprend la logique, mais ça n’en est pas moins difficile. “À cause du coronavirus, on nous dit: désolés la liste d’attente est rallongée. Je peux commencer le 6 avril. C’est long. C’est un enfer, l’attente en PMA. Mais c’est la première fois que je fais une vraie pause. Ça fait du bien à mon corps. Cette pause n’est pas décidée par moi, mais je l’accepte entièrement.”
Laurent, un congé de paternité digne de ce nom
Laurent, ingénieur du son, a eu un deuxième enfant en février 2020, cinq ans après sa première fille et juste avant que le coronavirus ne vienne tout bouleverser. “J’avais plein de boulot avant la naissance d’Olivia. Et du jour au lendemain, je n’ai plus rien eu. Je dis d’ailleurs souvent, pour rire, que c’est ma compagne qui a inventé le coronavirus pour que je reste à la maison. Dans un premier temps, j’avais décidé de ne rien faire pendant un moment pour m’occuper de ma fille. On était en plein déménagement et travaux. Il y avait une volonté de ma part de faire un break. Ce break s’est prolongé naturellement. Le coronavirus m’a permis d’avoir un congé de paternité digne de ce nom. J’ai bien vécu les choses. J’ai pu profiter de ma vie de famille et faire les travaux dans ma maison sans me mettre en porte-à-faux au travail.”
Grâce au coronavirus et au confinement, j’ai eu un congé de paternité digne de ce nom.
Laurent confie que ce long break imposé leur a appris à vivre à quatre. “Ne pas avoir de visites, ne pas avoir d’engagements professionnels, ça nous a fameusement aidés à mettre en place ce nouveau rythme à quatre, qui était nouveau pour tout le monde.” En étant plus présent à la maison, Laurent a pu construire sa relation avec sa deuxième fille et aider la première à traverser les turbulences logiques qui suivent l’arrivée d’un autre enfant dans la fratrie. “On a fait beaucoup de balades, on a eu le temps de lui expliquer que sa sœur n’était pas là pour la remplacer mais pour nous accompagner. Je pense que la complicité qu’elles commencent à avoir à deux, c’est notamment parce qu’on a eu le temps de poser les bases.”
“S’occuper de deux enfants au jour le jour, c’est un sacré travail”
Laurent aimerait que la culture reprenne ses activités. “Je suis prêt à me remettre au travail. Pour le moment, je travaille un peu mais je choisis les jobs différemment. Je fais plus attention aux horaires. Je ne commence plus à 7 heures du matin parce que je vais déposer ma deuxième fille à la crèche. Peut-être que le coronavirus et le confinement m’ont amené à être plus présent? Est-ce que c’est ça ou est-ce que c’est l’évolution naturelle des choses? Je ne sais pas. Récemment, j’ai eu un job qui m’a forcé à être absent cinq jours et quatre nuits. Ça m’a fait du bien et à la fois, je me suis rendu compte que j’étais plus attentif au bien-être de ma compagne et de mes filles qu’avant. Je sais maintenant à quel point s’occuper de deux enfants au jour le jour, c’est un sacré travail. Je tire d’ailleurs mon chapeau à la mère de mes filles qui fait ça très bien.”
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