Frères de hype: ascension fulgurante et destins croisés pour Lens et l'Union

C’est l’histoire de deux clubs historiques revenus au premier plan. Lens et l’Union ont une trajectoire étrangement similaire depuis plusieurs années. La recette du succès est sensiblement la même de chaque côté. Reprenons l’article de RMC Sport sur les Sang et Or. “L’identité de cette équipe s’est forgée autour de deux aspects: la cohésion et la générosité”. Comment ne pas penser à l’Union en lisant cette phrase? Par leur cœur plus que par leur talent, les Bruxellois ont gravi des montagnes, comme les Nordistes. Les deux sont également aidés par une ferveur rare. Bollaert pour le Racing, le Parc Duden pour Saint-Gilles, avec des kops en tribune latérale et des parcages pleins à l’extérieur. Les scènes de liesse après les victoires sont devenues une tradition. En France comme en Belgique, un vrai engouement entoure Lens et l’Union.

Les dirigeants des deux formations ont réalisé un travail formidable, en mettant l’accent sur un recrutement précis pour construire un effectif cohérent. Lens a recruté le prometteur Openda en attaque il y a un an? L’Union a fait de même avec Boniface. Les deux buteurs ont pour point commun d’être les transferts records de leur club, et ils risquent de rapporter une sacrée plus-value au moment de changer d’air. Lens maintient sa confiance à des joueurs déjà présents en deuxième division comme Sotoca et Gradit? L’Union a aussi ses fidèles lieutenants, en plus grand nombre d’ailleurs, comme Teuma, Lapoussin, Moris, Burgess, Van der Heyden, et on en passe. Lens a tenté des paris depuis sa montée en Ligue 1 avec des joueurs aujourd’hui indiscutables comme Danso, Seko Fofana, Medina et Frankowski? L’Union a récolté les fruits de son travail avec notamment Nieuwkoop et Lazare.

Pour retrouver l’origine de ces destins liés, il faut remonter à la saison 2015/2016, où les deux clubs débarquent en même temps dans l’antichambre de l’élite. Seule différence, et non des moindres: Lens descend de Ligue 1, alors que l’Union est sur une phase ascendante, promue de troisième division. Pendant cinq saisons, les deux formations végètent dans ces championnats. Mais des projets ambitieux se mettent en place: l’homme d’affaires Joseph Oughourlian rachète Lens en 2016 et devient président du conseil d’administration en 2018. Son rêve secret est de “ramener l’Europe à Bollaert”. Tony Bloom, également détenteur de Brighton, devient le propriétaire de l’Union en 2018.

Lens est le premier à retrouver la première division, profitant de l’arrêt de la saison 2019/2020 à cause du Covid-19. Les Sang et Or sont deuxièmes quand les compétitions sont définitivement interrompues. L’Union imite son homologue français la saison suivante: les Bruxellois sont champions de D1B en 2020/2021. Dans le même temps, Lens réalise un exercice épatant pour un promu en Ligue 1: une septième position avec 57 points et une qualification pour la Ligue Europa Conférence manquée de peu.

En 2021/2022, les deux clubs confirment. Lens termine encore septième, un club fraichement monté en Ligue 1 qui s’installe dans le haut de tableau, c’est rare. Encore des regrets, car l’Europe était une nouvelle fois tout près. Mais les courbes se croisent certainement lors de cette saison: pour son retour en Pro League, l’Union, vainqueur de la phase régulière, joue le titre jusqu’au bout des playoffs. À l’arrivée? Une place de dauphin qui lui ouvre les portes des tours préliminaires de la Ligue des Champions.

Mais c’est surtout en cette saison 2022/2023 que Lens et l’Union explosent aux yeux des observateurs. D’un côté, Lens réalise un parcours extraordinaire en Ligue 1, étant la meilleure équipe européenne à domicile (16 victoires, 1 nul, 1 défaite). Les Sang et Or battent Marseille à l’aller et au retour, le PSG, Lyon, Monaco et Rennes à Bollaert. A deux journées de la fin, l’équipe entraînée par Franck Haise a assuré sa place sur le podium, et il ne lui manque qu’une victoire pour finir à la deuxième place synonyme de qualification directe pour la Ligue des Champions.

Pendant ce temps, l’Union a crevé l’écran également. Le club bruxellois, deuxième à deux matchs de la fin comme Lens, peut encore être champion de Belgique. On en saura plus ce week-end après le déplacement chez le leader anversois. Malgré le départ de Mazzu, les Unionistes ont confirmé pour leur deuxième saison dans l’élite en luttant une nouvelle fois pour le titre.

Mais la belle histoire des coéquipiers de Teuma a traversé les frontières: reversée en Europa League après avoir perdu en tours préliminaires de C1, l’Union est allée jusqu’aux quarts de finale après un parcours héroïque (première des poules, vainqueur de l’Union Berlin en huitièmes, un quart aller équilibré face à Leverkusen). Il ne manque désormais qu’un titre pour récompenser cette équipe. Quand on reprend la liste des exploits du Racing depuis trois ans, un trophée fait également défaut. Encore un point commun... et un nouvel objectif à atteindre en même temps ou presque?