Les confidences de Sergio Gomez: “Anderlecht, c’est le Real pour le palmarès et le Barça pour le jeu”
InterviewAvec son mètre 71, il n’est pas le plus grand. Et à 21 ans, également pas le plus expérimenté. Mais il est l’un des plus solides et, surtout, des plus réguliers. Arrivé l’été dernier, en provenance du Borussia Dortmund, Sergio Gomez incarne l’une des plus belles réussites du Sporting Anderlecht sur le marché des transferts ces dernières années. Capable d’arpenter le flanc gauche a lui tout seul, l’Espagnol a déjà inscrit 5 buts et délivré 10 passes décisives depuis le début du championnat. Et il n’a manqué aucun match. La Catalan espère dès lors voir son excellente saison couronnée par une participation aux playoffs 1, alors que les Mauves reçoivent l’Antwerp, dimanche au Lotto Park. Quatrièmes du classement à quatre journées de la fin, les Mauves ne comptent qu’un point de retard sur le Great Old, mais seulement trois d’avance sur La Gantoise, qui se déplace pour sa part au Beerschot. C’est dire si gagner sera impératif. Entretien.
Serge Fayat Dernière mise à jour:14-03-22, 08:52
Sergio, dans quel état d’esprit abordez-vous ce match contre l’Antwerp, crucial dans la course aux playoffs 1 ?
Avec confiance et sérénité. Nous restons sur une qualification pour la finale de la Coupe contre Eupen, suivi d’une victoire contre Ostende en championnat, et cela a fait du bien au moral. Le groupe a envie de poursuivre sur cette lancée et de remporter ce match important contre l’Antwerp pour atteindre l’objectif qui est effectivement de disputer les playoffs 1.
Ce qui vit dans le groupe, c’est que nous n’avons pas encore battu une équipe du Top 3 cette saison. Nous sommes toutefois confiants d’y arriver dimanche contre l’Antwerp.
Sergio Gomez
Que pensez-vous justement de ce système de playoffs qui fait la particularité du championnat belge ?
C’est plutôt chouette comme système, car cela permet aux quatre premières équipes du classement de pouvoir encore remporter chacune le titre de champion. Et puis, pour les supporters, c’est également assez excitant, car cela offre des matches de haut niveau supplémentaires avec beaucoup de tension.
Savez-vous que c’est l’Antwerp qui a privé Anderlecht d’une participation à l’Europa League cette saison ?
Oui, je suis au courant. D’ailleurs, ce qui vit dans le groupe, c’est que nous n’avons pas encore battu une équipe du Top 3 cette saison. Nous avons perdu deux fois contre l’Union, partagé deux fois l’enjeu contre le Club Bruges et aussi perdu le match aller à l’Antwerp (NdlR : 2-0). C’est la raison pour laquelle cette rencontre est très importante pour nous. Nous avons non seulement besoin de cette victoire pour nous qualifier pour les playoffs 1, mais aussi pour se mettre dans les meilleures dispositions pour la fin du championnat. Nous sommes toutefois confiants d’y arriver dimanche contre l’Antwerp.
Avez-vous une explication au fait que vous n’avez encore battu ni l’Union, ni Bruges, ni l’Antwerp ?
Chaque match est différent, mais contre Bruges, nous aurions très bien pu gagner les deux rencontres. Nous avons eu les opportunités. Contre l’Union, lors du premier match du championnat, nous nous cherchions encore, car il nous fallait intégrer pas mal de nouveaux joueurs, mais chez eux, nous avions livré une excellente deuxième mi-temps et mérité le partage. Et concernant l’Antwerp, nous savions que c’est une équipe redoutable en contre-attaque et malheureusement, nous avons encaissé deux buts de cette manière alors que nous avions la maîtrise du jeu. Je reste néanmoins confiant, car nous avons beaucoup progressé et je suis sûr que si nous nous qualifions pour les playoffs 1, nous parviendrons à combler cette lacune.
À propos, quel est votre pronostic pour les playoffs 1 ?
« L’Union, c’est déjà certain. Le Club Bruges, il me semble clair que ce sera le cas également. Reste donc trois équipes pour deux places, l’Antwerp, Anderlecht et La Gantoise. On y verra plus clair dans dix jours, vu qu’après ce match contre l’Antwerp, nous irons à Gand. Maintenant, je pense que nous serons dans ces playoffs 1 et que l’Antwerp sera la quatrième équipe.
Est-il difficile de ne pas penser à la finale de la Coupe de Belgique, qui sera également un rendez-vous important dans un mois ?
Personnellement, non, car il est hyper important pour l’équipe, pour le club et pour moi-même que nous atteignons ces playoffs 1. Ce n’est donc pas vraiment le moment. (sourire)
Ne pas figurer dans ces playoffs 1 serait, on l’imagine, une énorme déception ?
C’est évident. Outre le parcours en Coupe, nous voulons aussi disputer les playoffs 1. Terminer la saison régulière dans le Top 4 est dès lors un must.
Vu la régularité du Real et du Barça, je pense qu’un parcours comme celui de l’Union serait impossible à réaliser en Liga
Sergio Gomez
Vous êtes depuis bientôt un an en Belgique, quel regard portez-vous sur notre championnat ?
Je trouve que c’est un championnat assez physique. Je suis toutefois aussi agréablement surpris par la qualité technique en général. Mais ce qui me frappe surtout, c’est qu’énormément d’équipes misent sur la contre-attaque. C’est une caractéristique qui ressort et qui me paraît spécifique à la compétition belge. Bref, ce n’est pas un championnat facile.
Quelle est l’équipe qui vous a plus impressionné dans le championnat?
« Le KV Mechelen. Nous avons beau les avoir battus deux fois cette saison, dont 7-2 au match aller, ils nous ont donné beaucoup de fil à retordre. Lors du 7-2 justement, nous avions souffert en première mi-temps et les choses ne s’étaient décantées qu’après le repos. Et le match retour n’avait pas été une partie de plaisir non plus. C’est une équipe m’a plu par son football direct et ses qualités techniques.
On aurait plutôt imaginé que vous répondriez l’Union?
« Oui, mais dès le premier match, quand l’Union est venue s’imposer chez nous (NdlR : 1-3), j’ai compris qu’elle serait un sacré client et qu’elle réaliserait un beau parcours. Et j’ai beaucoup de respect pour les prestations qu’elle réalise.
Voir un promu caracoler en tête du championnat la saison suivante, serait-il possible en Liga?
Cela me semble difficile à imaginer. Vu la régularité du Real et du Barça, je pense qu’un parcours comme celui de l’Union serait impossible à réaliser en Liga. Ils finissent pratiquement toujours premiers ou deuxièmes. Il suffit de regarder le championnat cette année. Le Betis Séville réalise une saison fantastique, mais ne pointe qu’à la cinquième place du classement, parce que Barcelone, qui est loin d’être extraordinaire, vient de gagner quatre ou cinq matches d’affilée. Il serait possible pour un promu de lutter pour une place européenne, mais gagner la Liga, non.
Pour vous qui êtes catalan, Anderlecht est-il le Barcelone de Belgique ? Ou est-ce plutôt le Real de Madrid?
(sourire). Je dirais que c’est plus le Real Madrid pour l’histoire et le palmarès, et le Barça pour le style de jeu. Nous cherchons beaucoup à combiner et nous nous appuyons également sur de nombreux jeunes issus de l’académie.
Pour en revenir au match de dimanche, qu’est-ce qui fait la force de l’Antwerp?
L’Antwerp a dans ses rangs le meilleur buteur actuel du championnat (NdlR : Michael Frey, auteur de 22 buts) et un excellent gardien (NdlR : Jean Butez). Mais le plus grand danger réside sans doute dans leurs qualités de contre-attaque. Ils sont vraiment très dangereux sur ce plan. Nous devrons donc être particulièrement vigilants quand nous serons dans leur moitié de terrain et que nous dominerons à assurer une bonne couverture derrière pour ne pas se faire prendre dans notre dos.
Yari Verschaeren m’a impressionné dès le début par ses qualités techniques, mais il a vraiment franchi un cap ces derniers mois. Il pratique un football que j’apprécie
Sergio Gomez
S’il y a un joueur de l’Antwerp qu’Anderlecht aurait pu transférer pour s’assurer d’une place dans les playoffs 1, qui auriez-vous choisi ?
J’apprécie trop mes coéquipiers pour citer quelqu’un. Je répondrai donc personne. (sourire)
Et au Sporting, quel est le coéquipier qui vous impressionne le plus ?
Il n’est pas évident, là non plus, d’en choisir un, car ils sont plusieurs. Et je ne veux pas faire de jaloux. (sourire) Laissez-moi donc réfléchir… Je vais dire Yari Verschaeren. D’abord, parce que c’est un jeune joueur, qui est issu de l’académie. Et ensuite, parce qu’il affiche désormais une belle régularité dans les prestations. Il m’a impressionné dès le début par ses qualités techniques, mais il a vraiment franchi un cap ces derniers mois. Et je m’entends très bien avec lui, car il pratique un football fait de combinaisons que j’apprécie.
Au fond Sergio, qui était votre idole quand vous étiez gamin ?
J’en avais deux. David Silva et Andres Iniesta. Dans les équipes de jeunes au Barça, je jouais ainsi dans la position de numéro 10, ou parfois comme ailier. Un peu comme eux, en somme. Et j’étais admiratif de leurs prestations avec la Roja, l’équipe nationale espagnole. Leur maîtrise du ballon et la manière dont ils parvenaient à se faufiler entre les adversaires, un peu comme une anguille.
Pourtant, quand on vous voit évoluer au Sporting, vous donnez plus l’impression de ressembler à Jordi Alba…
Oui, c’est vrai. Et c’est d’ailleurs ce que Vincent Kompany me demande quand les autres comme Yari, Rafa (NdlR : Lior Refaelov) ou même Ciske (NdlR : Francis Amuzu) sont plus dans une position centrale. C’est à moi de prendre l’espace et d’avaler le flanc gauche. Me comparer à Jordi Alba est d’ailleurs un beau compliment. Après tout, il est l’un des meilleurs latéraux au monde et son parcours, au Barça et en équipe nationale, constitue un bel exemple à suivre.
Votre rêve, c’est de retourner au Barça dans quelques années?
« C’est difficile de prédire l’avenir et la manière dont une carrière peut évoluer dans le football. Cela ne doit d’ailleurs pas forcément être le Barça. En fait, ce que j’aimerais surtout, c’est arriver à atteindre ce niveau-là pour intégrer l’équipe nationale. C’est un grand défi pour moi.
Et si ce n’était pas Barcelone, quel maillot d’un autre grand club aimeriez-vous porter ?
Il y a beaucoup de grands clubs dans le football européen. Et Anderlecht en est également un à mes yeux. Maintenant, si je me fie à mes idoles, David Silva a porté les couleurs de Manchester City et c’est une équipe qui me plaît aussi énormément pour le style de jeu qu’elle développe. Mon agent, Pere, est d’ailleurs le frère de Pep Guardiola. Et j’avais beaucoup d’estime pour Pep en tant que joueur. On y retrouve la griffe qu’il avait imprimée à Barcelone et c’est un football que Vincent Kompany cherche aussi à amener ici au Sporting.
Vous livrez une belle saison sur le plan personnel. Pouvez-vous rassurer les supporters que vous serez encore à Anderlecht l’année prochaine ?
Les supporters ne doivent pas être inquiets. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis très heureux à Anderlecht pour l’instant et pleinement focalisé sur les objectifs du club, avec cette finale de Coupe et la lutte pour une place dans les playoffs 1. Dès mon arrivée, j’ai senti beaucoup de confiance de la part des dirigeants et de Vincent Kompany. C’était très important pour moi. Et je pense que cela se voit aussi dans la manière dont j’évolue sur le terrain. Mais je n’étais pas vraiment inquiet, car je savais qu’Anderlecht était un club qui misait beaucoup sur les jeunes joueurs en général. Et même si nous ne devions pas remporter le titre cette saison, cela reste mon ambition.