Luka Elsner avant le Clasico à Anderlecht: “Nous n’avons pas peur de la suite”
InterviewNouvelle année, nouveau départ? Le Standard l’appelle en tout cas de tous ses vœux, alors qu’il reprendra le collier en Jupiler Pro League dimanche soir par un déplacement à Anderlecht pour un Clasico qui n’en a peut-être aujourd’hui plus que le nom. Le club liégeois reste en effet sur une première moitié de championnat cauchemardesque marquée par une dégringolade à la 15e place du classement, avec quatre points d’avance sur le barragiste, Seraing United, et des déboires extra-sportifs avec notamment des supporters qui mirent le feu à la maison lors du derby wallon perdu contre Charleroi. Engagé le 7 octobre pour remplacer Mbaye Leye, Luka Elsner, le nouvel entraîneur, n’a toujours pas réussi à relancer la machine, avec seulement deux victoires en dix matches. Le technicien slovène, 39 ans, est toutefois loin d’avoir abdiqué et espère voir un revirement s’opérer rapidement. D’autant qu’il a toujours gagné au Lotto Park… Entretien.
Luka Elsner, qui dit nouvelle année, dit nouvelles résolutions. Quelles sont celles que vous avez prises pour le Standard en 2022? Qu’est-ce qui doit changer dès dimanche?
“Je pense que nous devons présenter un autre visage, un visage d’engouement, d’une équipe plus soudée, qui présente des valeurs plus fortes, une meilleure capacité de résistance, celui d’une équipe aussi qui a confiance dans le travail accompli sur les deux dernières semaines, malgré l’annulation en dernière minute du stage (NdlR : à Marbella). Nous avons bien travaillé au niveau mental et football, et avec les nouvelles arrivées, j’espère que nous allons trouver un allant qui nous permettra de redresser petit à petit notre position au classement, ainsi que notre perception en tant qu’équipe.”
Les recrues nous amènent des capacités athlétiques, une mentalité exemplaire de ne jamais rien lâcher et une touche technique. Nous aurons des compétiteurs sur le terrain
Vous avez l’impression que ces deux semaines de trêve vont pouvoir inverser le cours des choses?
“Je pense que oui. Nous avons fait des pas dans la bonne direction. J’ai vu un groupe déterminé à redresser la barre. Les recrues vont également contribuer à générer un état d’esprit positif, avec des joueurs qui sont vraiment heureux d’être là et qui ont envie de participer à la remise en valeur de cette équipe, combiné à l’enthousiasme des autres qui veulent vivre une deuxième partie de saison différente. L’espoir est là et il est confirmé par la manière dont nous nous entraînons.”
Parlant des recrues, elles correspondent au profil que vous recherchiez?
“Elles correspondent déjà en tous points aux positions dont nous avions besoin. Ensuite, au-delà de l’expérience, certains joueurs nous amènent des capacités athlétiques, une mentalité exemplaire de ne jamais rien lâcher et une touche technique comme un Mathieu Cafaro, capable de jouer entre les lignes, de garder le ballon et d’être au service de ses partenaires dans la dynamique de jeu. Nous aurons des compétiteurs sur le terrain et c’est une vraie satisfaction d’avoir pu, en collaboration étroite avec le président, Alexandre Grosjean et le staff, signer ces quatre joueurs (NdlR : Cafaro, Joachim Van Damme, Gilles Dewaele et Renaud Emond) en une semaine. On ne peut évidemment jamais être certain de la réussite de ces décisions, mais on espère que ces joueurs vont nous aider à franchir un cap. Mis à part Van Damme, positif au Covid-19, tous entrent d’ailleurs en ligne de compte pour le match de dimanche. Et leur envie dépasse largement un éventuel manque de rythme. (sourire)”
Cela veut dire que vous allez revoir la composition de votre effectif?
“Oui. Le onze de départ va certainement être modifié, mais ces nouvelles arrivées devront évidemment s’imposer, rapidement montrer pourquoi elles sont ici, et faire changer la dynamique en amenant quelque chose sur le terrain que nous n’avions pas jusqu’à maintenant. Et j’espère évidemment aussi qu’elles provoqueront une saine émulation au sein du groupe pour élever le niveau.”
C’est vrai, les déplacements à Anderlecht m’ont plutôt bien réussi, mais on ne s’appuie que sur deux matches. La confiance viendra dès lors plutôt du nouvel enthousiasme affiché par les joueurs
Reprendre par un déplacement à Anderlecht, ce n’est pas spécialement un cadeau…
“Ce n’est pas un cadeau, en effet. Anderlecht est une équipe qui affichait une excellente dynamique avant la trêve. Ce sera un gros match et un défi. Maintenant, cela nous permettra aussi de se remettre immédiatement dans le bain et de poser les bases de cette deuxième partie de saison. Et nous allons essayer de créer la surprise tant au niveau du résultat que dans la manière de jouer.”
Les déplacements à Anderlecht vous ont justement plutôt bien réussi sur le plan personnel, non?
“Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas vraiment une donnée que je peux aborder avec le groupe, car on ne s’appuie que sur deux matches (NdlR : deux victoires avec l’Union, en Coupe en septembre 2018, et Courtrai, en championnat en février 2021). Il ne s’agit pas d’une série impressionnante. (sourire) C’est plus anecdotique et l’aspect confiance viendra dès lors plutôt des journées que nous avons passées ensemble et du nouvel enthousiasme affiché par les joueurs. Comme je l’ai dit aux garçons il y a quelques jours, c’était une des premières fois, où au cours d’une séance, les voix des entraîneurs s’étaient tues pour laisser place et l’énergie et à l’esprit de compétition des joueurs. Et je dois reconnaître que c’était plutôt rafraîchissant.”
Après Anderlecht, vous recevrez le Club Bruges. Vous ne craigniez pas que cela puisse également avoir un effet pervers, si les choses tournent mal?
“On sait que l’on va affronter des très, très bonnes équipes, mais il faut s’attacher à prendre chaque match à la fois. Et chaque match nous offre la possibilité d’améliorer notre situation, de redresser notre position au classement. Je pense que nous avons tous les moyens pour livrer de bonnes prestations et prendre des points. La première partie de saison a été faible de notre part, mais cela ne nous a pas empêchés de tout de même faire des résultats contre des équipes supposées bien plus fortes que nous (NdlR : 2-2 au Club Bruges et victoire 2-3 à l’Antwerp). L’envie de réaliser de belles choses est en tout cas grande. Et nous n’avons pas peur de la suite.”
Anderlecht commence à arriver dans le projet qu’il souhaitait avoir dans le jeu, tandis que pour nous, ce Clasico marque les premiers pas dans l’installation d’une nouvelle dynamique
Outre le classement, qu’est-ce qui différencie le plus Anderlecht du Standard actuellement? On a l’impression que l’écart s’est creusé entre les deux clubs…
“Ce qui est certain, c’est qu’Anderlecht commence à arriver dans le projet qu’il souhaitait avoir dans le jeu, tandis que pour nous, ce Clasico marque les premiers pas dans l’installation d’une nouvelle équipe et d’une nouvelle dynamique. Pour le Sporting, ce travail-là a été accompli depuis quelques années, là où nous figurons dans une période de reconstruction. Il n’empêche, j’espère que nous réussirons déjà à montrer des choses intéressantes ce dimanche.”
Un bon résultat dans ce Clasico pourrait-il justement servir de déclic?
“Je dirais en tout cas que de notre côté, nous sommes dans de bonnes dispositions pour réaliser une belle prestation, associée aux points qui peuvent l’accompagner. Et il est clair qu’une belle performance contre une des meilleures équipes du championnat pourrait servir de vecteur pour créer cette dynamique positive, avec des joueurs vont y croire et qui auront cette capacité de réaction lors des situations éventuellement négatives.”
Qu’est-ce que vous craignez le plus du côté d’Anderlecht ?
“C’est un collectif qui cherche à faire la même chose, mais il y a surtout cette capacité à renverser le jeu vers Sergio Gomez et tout ce qu’il peut amener dans ce que j’appelle la ‘golden zone’, c’est-à-dire l’entrée de la surface de réparation côté extérieur. C’est un aspect auquel il faudra être préparé, tout en sachant que le danger peut aussi être apporté de l’autre côté. Maintenant, la relation Refaelov-Gomez est une des plus fortes et il faudra essayer de la réduire au maximum. Anderlecht est une équipe également capable d’agir très rapidement après la récupération de balle, par du jeu en une touche et la prise de profondeur. Le danger peut donc venir de pas mal d’endroits, mais on peut clairement sortir la patte de Gomez comme un élément important.”
Et vous, que voulez-vous voir de la part du « nouveau » Standard?
“Je veux avoir un bloc qui fonctionne très bien, qui ferme les espaces intérieurs, qui comprend comment l’adversaire joue et limite l’accès à ces zones dangereuses dont je parlais. Je veux voir une équipe conquérante, qui prend la responsabilité du match, une équipe capable de plonger dans les espaces laissés par l’adversaire, et qui est efficace dans le grand rectangle adverse. Et puis, une équipe des guerriers, prêts à empêcher à tout prix que le ballon ne franchisse sa ligne de but. Il y a beaucoup de critiques sur notre manque d’efficacité offensive, mais nous n’avons pas fait beaucoup de 0-0 non plus. Nous n’en avons pas fait du tout d’ailleurs (sourire), et ce que j’ai dit à mes défenseurs est que leur rôle premier est d’empêcher que le ballon ne rentre dans le but. Et si on n’encaisse pas, même si on ne marque pas, on prend au moins un point. Cette mentalité-là, elle doit être visible!”
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