Hertha Berlin: où sont les fans ?

Le Hertha Berlin, troisième avant la 27-ème journée, espère fêter les 20 ans de la chute du Mur en remportant le Championnat d'Allemagne. Mais malgré des succès récents, le club de la capitale se cherche toujours un vrai public de supporters.

Les hommes de Lucien Favre, qui ont caracolé en tête avant de retomber à la 3-ème place lors de la 26-ème journée, se déplacent à Hanovre samedi pour cette journée exceptionnellement réduite à deux jours, samedi et dimanche, en raison du vendredi saint.

Longtemps, les jours de matches, le public du stade Olympique de Berlin a ressemblé à celui d'un opéra: attentif certes, mais terriblement silencieux.

Ici pas de fans bouillonnants et hauts en couleurs comme à Schalke 04, pas de stades occupés jusqu'aux derniers strapontins comme à Dortmund, pas de divas européennes sur la pelouse comme au Bayern Munich.

Berlin a beau être une capitale "sexy", selon le maire de la ville Klaus Wowereit, son club de football ne fait pas rêver. Un dirigeant du Hertha a même reconnu un jour que Berlin était "un club pâle".

Incompréhension
La faute aux hivers rigoureux qui retiennent les supporters devant leur poste de télévision? Le froid n'est pas plus polaire que dans le reste du pays. Pourtant les chiffres de la fréquentation du stade attestent du manque d'intérêt pour la "Vieille dame".

En moyenne, sur la saison 2007/2008, le stade de Dortmund a accueilli 71.650 spectateurs (pour une capacité globale de quelque 80.000 sièges) par match et l'Allianz Arena, l'antre du Bayern Munich, 69.512. Le Hertha Berlin, malgré son offre de 74.500 places, n'a reçu que 42.970 visiteurs.

En novembre, la rencontre qui l'a opposé au réputé club de Hambourg n'a attiré que 48.285 spectateurs, soit la plus faible fréquentation face à un tel adversaire depuis huit ans.

Le manager du club, Dieter Hoeness, avait alors indiqué qu'il était temps de "s'occuper" de ce problème. "Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons que 48.000 spectateurs face à Hambourg quand Dortmund - Mayence se joue à guichets fermés", avait-il souligné.

Certes, depuis les récents exploits des coéquipiers de Voronin, les Berlinois sont plus nombreux à se précipiter dans le stade qui a accueilli la finale du Mondial-2006: ils étaient ainsi 74.244 lors du dernier match à domicile contre... Dortmund (1-3).

Rivalité Hertha - Union
Mais la division de la ville pendant 40 ans a laissé des traces dans le monde du ballon rond berlinois. Les Berlinois de l'Est ne sont ainsi jamais parvenus à s'identifier au club ouest-allemand après la réunification, selon Michael Jahn, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages sur le Hertha Berlin.

Dans les quartiers de l'ancien Berlin-Est, on reste ainsi fidèle à l'Union Berlin, le club honni des dirigeants communistes du temps de la RDA qui pointe aujourd'hui (largement) en tête de la troisième division (dritte liga).

Plusieurs fois au bord de la faillite, le petit club a été sauvé grâce à ses fans qui ont mis la main à la poche, récoltant 100.000 euros en 1997 pour assurer sa survie.

Aujourd'hui tandis que le Hertha évolue dans le stade voulu par Adolf Hitler pour les Jeux Olympiques de 1936, l'Union Berlin a fait une nouvelle fois appel à ses supporters pour rénover son vieux Friedrich-Ludwig-Jahn-Stadion des années 20.

Le Hertha n'est pas non plus parvenu à attirer le public de la région du Brandebourg qui entoure Berlin et qui se trouvait en RDA du temps de la division de l'Allemagne.

Il aura dès lors très difficile à conserver son buteur ukrainien Andrey Voronin (11 goals en 22 matches), prêté par Liverpool, dont le prix pour un transfert définitif n'est pas à la portée de la trésorerie du club, du moins s'il ne se qualifie pas pour la Ligue des Champions... (belga/chds)